Copier-coller ou la photocopieuse du pauvre

Mis à part le « undo » (défaire), le mécanisme le plus génial que nous ait apporté l’informatique est sans doute le copier-coller. Cette opération magique remonte à environ deux mille ans, lorsqu’un jeune homme de bonne famille réussit à multiplier de la nourriture sans le moindre effort.

Pour de sombres raisons historiques, cette technique fut oubliée jusqu’à la fin du 20ème siècle, époque à laquelle un autre jeune homme de bonne famille, Bill Gates, se mit en tête de changer nos habitudes. Sa contribution au bonheur de l’humanité fut, entre autres, de libéraliser et démocratiser le copier-coller.

En fait, il y a quelques siècles, Gutenberg, avait déjà mis en place le copier-coller, mais les moyens de l’époque l’obligèrent à utiliser du matériel lourd qui devint le monopole des imprimeurs. Seuls les écrits pouvaient être copiés-collés. Oublions cette parenthèse bien utile, mais trop limitée.

Actuellement nous pouvons tout copier-coller : un texte, une image, un film, le contenu d’un disque dur. Cette opération a envahi notre société à tel point qu’il convient d’être prudent quant à son utilisation. On remarque des dérives notamment en politique ou certains élus copient-collent des lois à quelques années d’intervalle. Ce plagiat discret leur permet de s’approprier impunément le travail de leurs prédécesseurs.

Les modes et les créations en tous genres subissent généralement les effets secondaires du copier-coller.

Ce phénomène étrange, semblant en contradiction flagrante avec le principe physique de conservation de la matière, donc de l’énergie, soulève quelques questions importantes.

Peut-on coller sans avoir copié ? La réponse est non, car cela équivaudrait à pouvoir coller une œuvre n’ayant jamais existé. Cela va à l’encontre du principe que toute création demande de l’effort, ou du moins de l’énergie. En revanche, durant ses études, on peut être collé pour avoir copié.

Où se trouvent les choses copiées mais jamais collées ? Combien de fois faisons-nous une copie en oubliant le collage qui lui est associé ? Tous ces objets laissés pour compte occupent de la place. Ils obstruent nos ordinateurs, nos lecteurs MP3, nos enregistreurs en tous genres. Ils sont parfois incompatibles entre eux et, réunis, peuvent provoquer de graves dysfonctionnements.

Ce grave problème préoccupe les développeurs de Microsoft et autres troupeaux de pingouins, à tel points qu’ils envisagent d’annuler toute opération de copie si elle n’est pas suivie immédiatement par le collage.

Dans un avenir proche, de nouveaux ennuis sont à envisager, car d’autres opérations vont être introduites, par exemple, le copier-décoller, le copier-recoller, le copier-modifier-coller, le pirater-revendre, le promettre-démentir, le décider-se tromper, le se suicider-ressusciter.