dimanche 31 décembre 2006

Télé vision

Des chercheurs de la fondation Télémate ont récemment mis au point une technique permettant de voir en relief, c’est-à-dire normalement, avec un seul œil. En plaçant une lentille et un capteur dans l’orbite de l’œil manquant il est possible, par multiplexage à la base du nerf optique, de reproduire l’effet de relief au niveau du cerveau.

L’intérêt de cette technique prend toute son ampleur lorsqu’on l’associe à la possibilité de déporter les yeux (voir article précédent sur le sujet). En effet, nous aurons ainsi la possibilité de nous séparer d’un seul œil et de continuer à vivre et à voir normalement.

Rappelons que la déportation des yeux permet, à moindre coût, d’assister en direct à toutes sortes d’événements sportifs, artistiques ou autres sans avoir à se déplacer. Il sera dorénavant possible de laisser en permanence un œil chez la société Télémédia qui se charge de vous le transporter où bon vous semble.

Parmi les « destinations » les plus demandées adressées à cette société figure en bonne place le tourisme oculaire balnéaire. Cela consiste à faire placer son œil sur une plage ensoleillée et à observer. L’œil est placé dans une petite boîte transparente pleine d’un liquide lui permettant d’être hydraté et alimenté. Un servomoteur permet à son propriétaire de suivre ce qui se passe, par exemple le déambulement d’une créature de rêve. Finis les coups de soleil, uniquement des coups d’œil.

Bien entendu les autres demandes concernent les événements sportifs et artistiques. On a calculé que dans un stade de 50'000 places on peut placer environ deux à trois millions d’yeux, ce qui a pour conséquence de faire baisser considérablement le prix des places. Johnny Halliday pourra enfin se produire à l’Olympia devant des centaines de milliers…d’yeux.

On trouve également des activités plus curieuses, comme par exemple le saut à l’élastique ou la plongée sous-marine pour œil.

Une société issue de l’industrie des médias, est sur le point d’obtenir des résultats analogues avec la déportation des oreilles. Nous reviendrons sur cette technique prometteuse dans un nouvel article.


Voir aussi: Jeter un coup d'oeil


vendredi 15 décembre 2006

Remplacement du CD audio


Le CD audio sous sa forme actuelle a vécu. Il n'a quasiment plus de raisons d'être et doit absolument être remplacé par un support plus adapté.

Cette idée part de la constatation que la plupart des gens achète des CD, mais écoute la musique au format MP3, que ce soit avec un baladeur, dans une voiture (la plupart des nouveaux autoradios possèdent une prise USB) ou avec une chaîne stéréo (également de plus en plus équipées d'une prise USB). De plus, le coût de production d'un CD n'est pas négligeable. Enfin, il est volumineux et fragile.

Les CD peuvent avantageusement être remplacés par des mini clés USB d'une capacité d'environ 256 Moctets. Sur chacune serait enregistré, dans un format compressé mais d'excellente qualité, un album entier. Ce serait également possible d'utiliser des clés USB en mode lecture-seule. Il est actuellement possible de produire de telles mémoires USB pour environ 1 euro.

Les éditeurs de musique pourront, bien entendu, fournir des clés de plus grande capacité afin d'y inclure l'intégrale de Mozart ou autres compilations.

Les avantages sont nombreux. Le support existe et a fait ses preuves. Il est résistant, petit, insensible aux facteurs extérieurs agressifs. L'utilisation de la technologie (et des connecteurs) USB le rend immédiatement utilisable par tout un chacun. De plus, ce support ne change en aucune manière le problème de la protection des œuvres musicales. Il n'est ni plus sûr ni moins sûr qu'un CD.

Un changeur de CD serait remplacé par un hub USB et une collection de 10 ou 20 CD se réduirai à un charmant porte-clés.

Moralité: en voilà une bonne idée. Alors qu'attendez-vous les p'tits gars de l'industrie ? Moteur!

dimanche 3 décembre 2006

Pourquoi aller encore au cinéma ?

Certains discours laissent entendre que les gens vont de moins en moins dans les salles de cinéma. Serait-ce dû à l'augmentation des téléchargements pirates et autres procédés d'échange illégaux ? Rien n'est moins sûr.

Il suffit de se rendre dans un des multiples complexes cinémaliers pour voir le dernier film à la mode. Premier obstacle: des queues interminables dues aux traditionnelles "deux caisses ouvertes sur les dix disponibles". Qui a encore envie de passer une demi-heure debout à attendre pour acheter un hypothétique billet ? Souvent, une fois la caisse atteinte, la salle dans laquelle passe le film tant désiré est complète. Vu le nombre de restaurants et cafés parasites aux alentours ce n'est pas trop grave.

Imaginons qu'il reste des places. Encore faut-il qu'elles ne se trouvent pas au premier rang. Il est facile de calculer que voir un film depuis le premier rang équivaut à regarder la télévision à moins de 30 centimètres de l'écran. Et pour toute consolation l'idée que le prix payé est le même que pour une place idéalement située.

Supposons être arrivé une ou deux heures à l'avance et avoir obtenu ces fameuses places idéales. Encore faut-il que les personnes du rang juste derrière enlèvent les jambes de votre dossier et arrêtent de secouer systématiquement votre fauteuil.

Selon toute vraisemblance, à côté et devant se trouvent des personnes avec des plateaux repas à faire pâlir d'envie n'importe quel restaurant. Le problème est que deux ou trois milles centimètres cubes de popcorn font du bruit pendant un film. En plus du bruit, il y a souvent l'odeur: tacos à la sauce chili ou autres chips et sardines. A croire qu'il est actuellement impossible de s'abstenir de manger pendant une heure et demie.

Partons du principe que nous avons vraiment de la chance: nous sommes parfaitement au centre de la salle, personne ne mange dans les parages, et l'odeur ambiante est agréable. Imaginons également que le son du film de la salle voisine ne masque pas celui de notre film. Pourquoi se plaindre ?

A cause des 25 minutes de publicité à gavage forcé. Le seul moyen de l'éviter est d'arriver juste pour le début du film; donc de le regarder depuis le premier rang. Généralement lorsque l'on inflige une telle quantité de pub à des otages venus juste pour voir un film, on leur offre une compensation. Par exemple une réduction de prix ou autre avantage. Or la seule contrepartie est de faire payer un prix exorbitant pour une place de cinéma, bien plus cher qu'un DVD acheté en toute légalité.

Pour un tout petit peu de publicité Google nous offre des services utiles et gratuits. Certains opérateurs téléphoniques offrent des communications gratuites contre quelques secondes de publicité.

Les sociétés qui exploitent les salles de cinéma ont vraiment tout compris. Bravo les gars! Continuez à augmenter les prix et à dégrader les conditions de visionnement des films. Vous verrez, vous aurez de plus en plus de clients.

Moralité: tout cela relève d'une tendance actuelle qui a le vent en poupe: prendre les gens en otage par lâcheté et incapacité à assumer ses responsabilités.

Achetez des DVD! N'allez plus au cinéma!

samedi 2 décembre 2006

Avertissements déplacés


Dans la grande série des mesures qui n'atteignent jamais leur but, on trouve les publicités pour des produits inadaptés qui souvent envahissent sans raison notre champ de vision. Le meilleur exemple de ces ratés irritants est l'avertissement mettant en garde contre le piratage que l'on trouve au début de chaque DVD acheté en toute légalité par des clients dont l'honnêteté est irréprochable.

Les éditeurs de DVD, visiblement proches de leurs sous, craignent au plus au point le piratage. Mais comme ils raisonnent de manière très primaire, ils en viennent à scier la branche sur laquelle ils se croient les plus forts. Leur bête noire, les cauchemars qui hantent leurs misérables nuits, ce sont les jeunes blancs-becs qui téléchargent des films illégalement par Internet. Du haut de leur position dominante, ils utilisent le seul moyen de communication gratuite et directe dont ils disposent: leurs propres DVD.

Quoi de plus normal pour eux, que d'ajouter au début de chaque film vendu en DVD, une bande-annonce anti-piratage, dont le visionnement complet est impossible à éviter. Ils ont tout compris! Les pirates les plus dangereux sont, comme tout le monde le sait, les ménagères de plus de quarante ans qui achètent pour Noël un DVD à leur mari.

Leur raisonnement est génialement intelligent: empêchons les clients honnêtes de visionner dans de bonnes conditions leurs DVD. De cette manière, les méchants pirates vont arrêter leurs actes illégaux et de plus en plus de clients honnêtes vont acheter des DVD, certes originaux, mais altérés, amputés, dénaturés.

Les internautes adeptes du peer-to-peer quant à eux, ne bénéficient pas des sublimes avertissements des éditeurs. En effet, sans doute afin de gagner quelques Méga-octets lors du téléchargement, les films qui transitent sur la toile, se limitent à l'essentiel, c'est à dire le film.

C'est en agressant les acheteurs de DVD que ces futés éditeurs s'en prennent aux pirates. Ils ne sont même pas conscients qu'ils sont en train de tuer la vente des DVD au profit du téléchargement illégal.

Moralité: le bon sens n'est vraiment pas donné à tout le monde.

jeudi 16 novembre 2006

Portables et adoption

Qui n'a pas, actuellement, de téléphone portable ? Pour les ados, et les jeunes en général, le portable est un appareil devenu, si ce n'est indispensable, du moins incontournable. Et la plupart des personnes se promène avec un portable allumé dans la poche.

La polémique concernant les dangers des téléphones mobiles va bon train. Bien qu'il soit difficile de se forger une opinion, imaginons un instant que le danger existe. Au bout d'une dizaine d'années (plusieurs dizaines de milliers d'heures) passées avec une source de rayonnement électromagnétique au fond de sa poche, la stérilité guette tous ces parents en puissance.

Actuellement beaucoup d'espèces, dont l'homme, ont tendance à se féminiser, voir à devenir stériles, notamment à cause des xéno-hormones de plus en plus présentes dans certaines matières plastiques que nous côtoyons journellement.

L'utilisation du portable en tant que lutte contre la surpopulation de la planète ? Tiens, c'est nouveau! Mais cela vaut tout de même la peine d'y réfléchir. Bientôt nous aurons le choix entre avoir des enfants ou utiliser un portable.

Après "pétrole contre nourriture" nous pourrions connaître la période "enfant contre portable". Les personnes ayant subi les effets collatéraux de la communication itinérante, et désirant un enfant, pourraient échanger leur portable contre la possibilité d'adopter un orphelin.

Les pays à fort taux d'enfants abandonnés ou orphelins verraient cette opération d'un bon œil. Mais les portables qu'ils récupèrent seraient à leur tour utilisés sur place provoquant également des vagues de stérilité.

Après l'exportation de la misère et des OGM dans le tiers monde, voici l'exportation de la stérilité.

Moralité: délire total ou soupçon de doute ? En fait tout ce qui précède est faux. Continuons tous en cœur à utiliser nos portables.


dimanche 5 novembre 2006

Le volume de l'information

L'importance prépondérante de l'information est une des caractéristiques remarquable de notre société médiatisée, internetisée, hyper-connectée et mondialisée. L'information a toujours existé et est inhérente au développement culturel et intellectuel de l'humanité. Elle est finalement liée au progrès et donc, anthropologiquement parlant, au développement du cerveau humain.

Grâce au progrès technologique, notamment en informatique, de nouveaux supports de l'information sont apparus: CDROM, DVD, cartes-mémoire. Toutes les techniques utilisées ont un objectif commun: mettre toujours plus d'informations dans un volume toujours plus petit.

Ce besoin de miniaturisation est évident. Qui voudrait, même à un prix modique, acheter un disque dur de 10 Téraoctets s'il a la taille d'une salle de bain ? Faire "petit" pour ce qui est du stockage d'information est actuellement une obligation commerciale.

Petit, c'est pratique. Petit ça consomme généralement moins d'énergie (et de matière première). Donc c'est écologique. Ce raccourci est toutefois délicat, car il ne prend pas en compte le nombre, la durée de vie et les possibilités de recyclage.

Les effets indésirables de la miniaturisation sont réels et commencent à montrer le bout de leur nez. Le plus évident est la manipulation: certaines clés USB sont tellement petites qu'il est préférable de leur adjoindre une imposante dragonne. Il en va de même pour les derniers formats de cartes-mémoire pour téléphones portables, par exemple.

Mais l'effet le plus pervers de la miniaturisation est l'énorme concentration d'informations dans un volume minuscule. Dans les années 80 un disque dur de 20 Mégaoctets pesait plus d'un kilogramme, alors qu'une carte-mémoire actuelle de 2 Gigaoctets pèse moins d'un gramme. Sachant qu'une telle capacité permet de stocker le contenu d'environ deux mille livres de 300 pages de texte, il est évident que sa valeur en termes de quantité d'information est énorme.

Moralité: à quant les énormes coffres-forts pour y stocker de minuscules supports d'information ?

mercredi 1 novembre 2006

QCM En avez-vous marre de tout?

1. Vous en avez assez d'attendre indéfiniment aux caisses des supermarchés ? Il vaut mieux

2. Vous en avez marre des automibilistes qui font exprès de ne pas indiquer qu'ils sortent d'un giratoire (rond-point). Il faut:

3. Vous avez une Fiat Panda et vous en avez assez d'être secoué comme un prunier quand vous passer sur des bandes de ralentissement. Vous avez intérêt à:

4. Vous ne supportez plus les enquêtes téléphoniques. Vous allez dorénavant:
5. Les gens qui vous demandent comment vous allez et qui n'attendent pas la réponse pour énervent. Vous pouvez:
6. Vous n'aimez pas attendre aux feux rouges. Vous avez le choix entre:

7. Les QCM vous exaspèrent. N'hésitez pas:

lundi 30 octobre 2006

La valeur n'a pas de poids

La valeur n'a pas toujours eu le même poids au cours des âges. Les hommes des cavernes accordaient certainement beaucoup de valeur à des objets, au sens large. Une cuisse de bison, une hache en silex ou un morceau de bois. Un jour ils se mettent à dessiner et la représentation de la valeur prend moins de poids, essentiellement celui de la teinture. Parallèlement l'importance de la valeur se déporte vers la signification de leurs créations, vers l'information qu'elles véhiculent.

Plus tard, l'écrit imprimé accentue la prise de valeur de l'information par opposition à la matière. Il y a peu de différence de poids entre une encyclopédie imprimée et la même avec uniquement des pages blanches.

Au 20ème siècle, avec les disques, bandes magnétiques, disques durs informatiques et autres CDROM ou DVD, cette tendance est encore plus sensible. Enfin, l'information, et donc sa valeur, n'a plus aucun poids. Entre un disque dur vide et plein, entre un DVD vierge et contenant un film il n'y a aucune différence de poids.

Un téléphone portable dont la batterie est vide n'a aucun intérêt par rapport au même téléphone avec une batterie chargée. Or, là encore, ils ont le même poids.

Il en va de même pour les êtres humains. Une sombre brute ignorante qui se met à faires des études ne va pas prendre du poids. Notre cerveau est comme un disque dur.

En fait, pas vraiment. On peut même dire que le cerveau a un comportement atypique par rapport à des mémoires informatiques. Alors que le contenu d'un disque peut être effacé, nous sommes incapables d'effacer volontairement une information de notre mémoire. De plus, nous pouvons toujours ajouter des informations dans notre mémoire, dont la capacité paraît infinie. Cela n'est pas le cas d'une mémoire informatique dont les limites ne sont pas élastiques.

Moralité: si la valeur n'a pas de poids, le poids, lui, a de la valeur.

mercredi 25 octobre 2006

Plus de problème en voiture

La voiture en mousse dont nous parlions le 15 octobre 2006 refait parler d'elle. La société japonaise qui avait annoncé le prototype, vient de convier la presse à une démonstration de cette future petite merveille des routes.

Parmi les multiples avantages associés au fait que cette voiture est construite dans une sorte de mousse synthétique révolutionnaire, citons l'absence de carrosserie conventionnelle laissant libre cours à toutes inattentions de la part des conducteurs. En effet, plus besoin de faire attention lors de petites manœuvres en ville ou dans des parkings étroits.

Non seulement la voiture ne subit aucun dommage lors de chocs jusqu'à des vitesses assez élevées, de l'ordre de 80 km/h, mais les obstacles heurtés ne conservent aucune trace de choc. L'effet est encore plus impressionnant lors d'une collision entre deux voitures en mousse. Même les airbags installés par sécurité dans le prototype utilisé pour les crashs tests se sont révélés inutiles.

L'absence de parties contondantes et le très fort pouvoir amortisseur de ce nouveau matériau suffisent largement à éviter toute blessure. Mais comment est-ce possible ?

Il faut tout d'abord préciser comment les occupants se glissent dans l'habitacle. Pas de porte, mais une fente, un peu comme une éponge ayant subi un coup de cutter, permet à chaque personne de pénétrer dans la voiture et de s'asseoir dans des sièges dont l'assise et le dossier sont juste un peu plus rigides que le reste de la matière constituant le véhicule.

A l'intérieur, les personnes sont constamment enveloppées par cette mousse. Lors de mouvements lents et naturels aucune contrainte ni pression n'est perçue, alors qu'en cas de choc ou de secousse plus forte le matériau déploie son effet d'amortissement. On comprend mieux pourquoi ce véhicule résiste à des chocs d'une extrême violence.

Mais la démonstration la plus surprenante est certainement le parcage de cette voiture de 4.80 m dans une place d'à peine plus de 2.50 m de long. Pour cela il suffit de laisser sortir les éventuels passagers des places arrière, de raccourcir la voiture (voir article du 15 octobre 2006), et de se garer. Sortir de la place de stationnement s'effectue de manière inverse.

Le poids à d'une telle merveille est d'environ 250 Kg, ce qui laisse présager d'une consommation de carburant extrêmement réduite.

Moralité: c'est vraiment la fin des stands de voitures tamponneuses dans les foires.

lundi 16 octobre 2006

L'alphabet a trop de lettres

Oui, notre alphabet comporte trop de lettres, surtout des consonnes. On le voit bien avec les langues orientales, le grand nombre de caractères rend l'apprentissage et la maîtrise des langues plus longs. Prenons exemple sur les japonais qui disposent également d'un alphabet, ou plutôt d'une écriture à nombre de symboles réduit: le Katakana.

Déjà en 1969 Georges Perec écrivait "la disparition", un livre entier sans la lettre 'e'. Un lecteur qui l'ignore ne le remarquera pas. Pris de remords Perec écrivit quelques temps plus tard "les revenentes", ouvrage dans lequel la seule voyelle que l'on trouve est le 'e'.

Comme il est possible de produire des écrits de qualité en supprimant quelques lettres dans l'alphabet courant, on doit pouvoir aller encore plus loin. Pourquoi ne pas supprimer deux ou trois voyelles et une dizaine de consonnes ?

Tout deviendrait beaucoup plus simple à écrire et nos chères têtes blondes apprendraient bien plus vite la langue française.

D'ailleurs pourquoi ne pas prendre les devants et pousser encore plus la simplification ? Si on gardait uniquement deux symboles dans notre alphabet ? Par exemple le tiret et le point. Quelle facilité, dès lors, pour apprendre la langue !

Réciter l'alphabet se résumerait à "point barre". Facile à apprendre, mais encombrant lorsqu'il s'agit d'écrire un texte.

Moralité: il existe certainement un nombre optimal de symboles dans un alphabet. Assez petit pour éviter la dispersion, mais assez grand pour synthétiser l'écriture.

dimanche 15 octobre 2006

La première voiture en mousse

Une petite société japonaise vient de présenter à Mexico un prototype, complètement fonctionnel, d'automobile d'un nouveau genre. Une alliance avec les deux plus importants constructeurs automobiles japonais a permis la mise au point de ce véhicule surprenant: une voiture en mousse.

Cette voiture n'a pas de carrosserie, ni de portières, ni vraiment de châssis. Elle n'a pas de toit. Mis à part le moteur, les roues et les organes de transmission tout est constitué d'une sorte de mousse ayant la particularité de pouvoir être comprimée d'un facteur dix. Ce matériau dérive d'une invention vieille déjà de plus de vingt ans dont on a pu voir une démonstration saisissante: un œuf lâché d'une hauteur d'un mètre sur une pellicule d'un centimètre d'épaisseur ne se casse pas.

En plus de sont grand facteur de compression, cette matière possède d'autres caractéristiques intéressantes. Contrairement à une éponge, elle ne retient pas les liquides. Elle est très légère, biodégradable, et d'un coût de production très bas. En cas d'incident, par exemple un morceau de la voiture qui s'arrache contre un obstacle, l'utilisateur peut immédiatement reconstituer la partie manquante à l'aide d'un spray de cette mousse. Il suffit de délimiter approximativement la forme à obtenir à l'aide d'un journal, d'un carton ou autre surface flexible. En cinq minutes environ l'incident est réparé. Il faut, bien entendu, disposer d'un spray de réparation de la même couleur que la voiture, sous peine d'obtenir à la longue un patchwork suspect.

Lors d'essais, cette voiture a été propulsée à 100 km/h contre un mur présentant de dangereuses aspérités sans qu'elle ne soit endommagée. La matière elle-même suffit à protéger les passagers de tels chocs grâce à un pouvoir amortissant extrêmement élevé.

Une des nombreuses astuces révolutionnaires de ce véhicule est la possibilité de raccourcir la voiture d'un facteur deux environ. D'une voiture à quatre places de 4.80 m de long, on peut passer à une deux places de 2.50 de long. Cela a été rendu possible grâce à un ingénieux système combinant la traction intégrale avec son arbre de transmission central et un tube faisant office de vérin hydraulique.

L'arbre est télescopique et son raccourcissement comprime littéralement la voiture. L'arbre de transmission entre l'avant et l'arrière est cannelé de sorte qu'il conserve sa fonction quelle que soit sa longueur. En fait, cette voiture n'a pas seulement deux longueurs, mais une infinité.

Nous reviendrons ultérieurement sur les avantages de cette nouvelle voiture en mousse.

Moralité: mousse qui roule...

Jeter un coup d'oeil

La chirurgie de l'œil a fait beaucoup de progrès depuis une dizaine d'années. Il est notamment possible de rendre une vue partielle à des aveugles en faisant appel à une caméra envoyant ses images directement au cerveau par l'intermédiaire d'une matrice d'électrodes implantées très précisément dans la zone de la vision.

Toujours au niveau de l'œil, une équipe de médecins et d'informaticiens effectue des recherches dans le but de rétablir une connexion fonctionnelle dans les cas de sectionnement du nerf optique.

Ces scientifiques sont sur le point de pouvoir effectuer une telle connexion, ce qui permettra prochainement d'isoler, c'est-à-dire de déconnecter, l'œil ou les deux yeux d'une personne et de les lui reconnecter.

L'industrie du cinéma, des jeux et spectacles en général, est dores et déjà fortement intéressée par cette possibilité d'yeux déportés. En effet, il sera prochainement possible de se séparer des ses yeux et de les envoyer par exemple voir un film ou un match de tennis. A partir du moment où la connexion électronique existe il est relativement aisé, à l'aide de techniques habituelles, de faire le lien entre les yeux et leur propriétaire, quelle que soit la distance qui les sépare.

On pense réserver dans un premier temps cette technologie aux personnes à mobilité réduite. Mais les enjeux économiques sont tels que bientôt n'importe qui pourra en profiter; à condition de débourser les quelques 1500 euros que coûte l'opération pour chaque œil. Il est évidemment plus rentable de remplir une salle de spectacle avec des yeux qu'avec des personnes. Le coefficient d'augmentation du remplissage des salles pourrait être de un à cent.

Nous reviendrons dans un prochain article sur cette nouvelle vision du monde. En attendant, force est de constater que l'expression jeter un coup d'œil retrouve toute sa signification.


Voir aussi: Télé vision


mercredi 11 octobre 2006

La Suisse penche à droite

Récemment, au congrès mondial sur l'étude de la tectonique des plaques, plusieurs géologues ont mis en évidence un phénomène relativement inquiétant. Il semble que la plaque continentale sud-européenne est sur le point d'amorcer un mouvement d'affaissement. Le pays le plus touché serait la Suisse, du fait de sa position centrale en Europe.

Le basculement pourrait s'effectuer durant ces dix prochaines années. Il s'agira d'un mouvement rapide (d'une durée d'environ quelques mois) mais non brutal, n'occasionnant que de rares petits dégâts. Cette transformation toute en douceur est due à la relative élasticité du sous-sol dans cette partie de l'Europe.

Les conséquences seront parfois inattendues. D'ailleurs, depuis que cette nouvelle a été révélée, nous pouvons déjà constater des réactions variées. Il est vrai que Genève n'a pas l'habitude de voir déferler la méditerranée, remontant le cours du Rhône et arrivant jusqu'au Léman.

La ville ne devra pas seulement prendre des mesures concernant les nouvelles espèces de poissons; elle devra également faire face à la rogne d'une partie de la population s'insurgeant contre l'arrivée massive de pêcheurs marseillais à la poursuite de leur gagne-pain. D'ailleurs les divers ponts de Genève devront être rehaussés afin de permettre aux chalutiers de passer.

Genève possède bien une plage, de quelques dizaines de mètres carrés. C'est peu pour 400'000 habitants en manque de vacances à la mer. Certains habitants du cartier se sont déjà portés volontaires pour verser des sacs de sel sur la plage afin que le sable devienne salé. Les responsables de bains publics en bord de lac redoutent le danger représenté par l'arrivée de requins et autres cachalots.

Le maire de Lausanne a proposé qu'un musée océanographique soit construit dans sa ville. Des pourparlers sont en cours afin de pouvoir y exposer l'épave de la Calypso.

Evian, ville d'eau, mais d'eau douce, va certainement se convertir dans l'exploitation de marais salants. L'eau est une bonne source de revenus, mais le sel aussi. Alors pourquoi ne pas faire une symbiose: utiliser l'eau salée pour en tirer du sel et de l'eau. C'est le moyen moderne d'obtenir le beurre et l'argent du beurre.

Mais voyons les autres bons côtés. Des descentes en canoë ou en pirogue de Marseille à Genève seront organisées. Du poisson frais et pas cher pour tous les genevois. Plus de jet d'eau à entretenir car l'eau salée augmente la corrosion des tuyaux et de la mécanique. Plus de canards ni de cygnes à nourrir à coup de pain sec; uniquement des orques et des baleines. Et aussi un peu de mafia pour créer une certaine atmosphère genre hall de gare.

Genève: le plus grand port de la méditerranée! Avec ses algues envahissantes, ses pétroliers, ses marées noires, ses porte-avions tant attendus. Enfin les genevois pourront aller à l'ONU en maillot de bain sans être montrés du doigt.

Mais tout de même, il y a ces pêcheurs marseillais! Où vont-ils loger ? Leurs bateaux seront-ils bien garés ? Que vont-ils faire le soir ? Seront-ils propres ? Leur permettra-t-on d'entrer dans les banques en habits de travail ?

Moralité: il ne faut vraiment pas tarder à construire un grand stade à Genève, afin que l'OM et ses spectateurs reprennent de l'activité.

dimanche 8 octobre 2006

Masculin féminin (partie 1)

------ Première version --------------------------------------------

Extrait du règlement des apprenti-e-s mécanicien-ne-s en technologie des nano-tubes à pré-carburation alternée.

  • Les apprenti-e-s étant conscient-e-s d'avoir rempli la feuille d'inscription fournie par leur employeur-euse et/ou maître-sse d'apprentissage sont contraint-e-s de la renvoyer rapidement à leur chef-fe de service ou a son-sa-ses remplaçant-e-s.
  • Tout-e apprenti-e surpris-e en compagnie d'un-e ami-e étranger-ère à l'école est soumis-e au règlement interne et doit présenter ses excuses à son ou ses supérieur-e-s hiérarchique-s direct-e-s. Bien que les apprenant-e-s ont des objectifs éloignés de ceux des apprenti-e-s chasseur-resse-s, leur-s supérieur-e-s hiérarchique-s est-sont autorisé-e-s à prendre des mesures qu'il-elle-s estime-nt être les plus appropriées.
  • Tout-e apprenti-e promu-e en année terminale peut proposer un ou des travail-aux de groupe de fin d'études. Ce-s projet-s pourra-ont être accepté-s uniquement si plus de deux candidat-e-s y sont associé-e-s. Par associé-e-s on entend un-e ou plusieurs autres apprenti-e-s inscrit-e-s dans le même degré que celui-celle ayant proposé le-s sujet-s.
  • Si la-les note-s finale-s obtenue-s lors de l'examen portant sur le-s sujet-s proposé-s dépasse-nt la plus basse de celle-s obtenue-s par un-e apprenti-e inscrit-e de la même classe, seule la-les meilleure-s des apprenti-e-s précité-e-s sera-ront prise-s en compte.
  • Monsieur Pierre-Marie Bonnefemme

------ Deuxième version --------------------------------------------

Extrait du règlement des apprentis mécaniciens en technologie des nano-tubes à pré-carburation alternée.

  • Les apprentis étant conscients d'avoir rempli la feuille d'inscription fournie par leur employeur et/ou maître d'apprentissage sont contraints de la renvoyer rapidement à leur chef de service ou a son remplaçant.
  • Tout apprenti surpris en compagnie d'un ami étranger à l'école est soumis au règlement interne et doit présenter ses excuses à son supérieur hiérarchique direct. Bien que les apprenants ont des objectifs éloignés de ceux des apprentis chasseurs, leur supérieur hiérarchique est autorisé à prendre des mesures qu'il estime être les plus appropriées.
  • Tout apprenti promu en année terminale peut proposer un travail de groupe de fin d'études. Ce projet pourra être accepté uniquement si plus de deux candidats y sont associés. Par associé on entend un ou plusieurs autres apprentis inscrits dans le même degré que celui ayant proposé le sujet. Un apprenti peut proposer plusieurs sujets.
  • Si la note finale obtenue lors de l'examen portant sur le sujet proposé dépasse la plus basse de celles obtenues par un apprenti inscrit de la même classe, seule la meilleure des apprentis précités sera prise en compte.
  • Madame Marie-Pierre Bonhomme

Moralité : j'espère que tout-e lecteur-trice se sentira dorénavant plus concerné-e par les problèmes de ce double langage très tendance. Plutôt que de subire une tel dénaturation, écrivons dorénavant toutes les textes au féminine. Dans 2000 ans l'outrage à la gente féminin aura été compensée et les être humain-e-s auront certainement de vraies problèmes à résoudre.

vendredi 6 octobre 2006

Statistique

Certaines informations statistiques peuvent être utiles lors de retransmissions sportives. Il ne faut cependant pas exagérer et tomber dans une surenchère stérile.

Voici un aperçu de telles dérives frisant la superstition, en précisant toutefois qu'il ne s'agit pas de propos textuellement entendus. Les noms des personnes sont fictifs ou sans rapport avec les propos du contexte.

Ski: Lors des six dernières années, chaque fois que Phil Mare a terminé au deuxième rang lors du premier slalom de la saison se déroulant hors d'Europe, son frère Steeve a gagné la seconde manche de la course suivante avec plus de deux secondes d'avance sur son suivant. Ces mêmes conditions étant réunies, il devrait donc s'imposer aujourd'hui.

Athlétisme: Chaque fois que Marion Jones a couru un 200 mètres sous la pluie au quatrième couloir elle a réussi, lors de la même compétition, son meilleur résultat au saut en longueur lors de son troisième essai. Chose plus étonnante encore, c'est dans ces circonstances précises que chaque fois Heike Drechsler s'est imposée lors du dernier essai; Marion Jones terminant finalement à la seconde place. Or, aujourd'hui le saut en longueur s'est terminé sur une victoire de Heike Drechsler devant Marion Jones. Le 200 mètres ne s'étant pas encore déroulé, il y a fort à parier qu'il va se mettre à pleuvoir et que Marion Jones va tirer le couloir quatre.

Football: A la coupe du monde, chaque fois que la France a terminé deuxième de son groupe et que le Brésil s'est imposé dans le sien en battant l'Italie par plus de deux buts d'écart, l'Angleterre a joué plus de dix minutes en infériorité numérique. Et ce fut chaque fois contre l'Argentine, sauf lorsque cette dernière se trouvait dans le groupe de la France.

Formule 1: Depuis qu'Alonso est présent en formule 1, à la fin de chaque saison il a parcouru plus de kilomètres en tête d'une course que les deux pilotes classés immédiatement derrière lui n'en ont parcourus en seconde position, et ce de manière cumulée. Il est étonnant de constater que c'est la première année où le vainqueur du championnat du monde, Michael Schumacher a terminé premier lors des premier, deuxième, troisième, cinquième, huitième et treizième grands prix de la saison. Cette situation est d'autant plus remarquable que 1, 2, 3, 5, 8 et 13 sont les premiers termes de la suite de Fibonacci. On peut donc affirmer que si le championnat comptait 21 courses, Michael Schumacher se serait à coup sûr imposé lors de la 21ème.

Moralité: les commentateurs sportifs devraient faire des études très poussées de statistique et de mathématique afin de nous gratifier de coïncidences encore plus surprenantes.


lundi 7 août 2006

Médicaments génériques

Un médicament générique n'est pas un remède qui soigne toutes les maladies, mais plutôt un médicament utilisant le même principe actif, la même molécule que le médicament original, créé et breveté par une grande société pharmaceutique.

Que faut-il penser des médicaments génériques ? Vu leur prix moins élevé que les originaux, les assurances poussent à les utiliser afin de réduire les dépenses de santé. Pour la plupart des gens l'idée paraît séduisante ou du moins sensée.

Normalement le prix de vente d'un médicament tient compte du prix de revient de fabrication, mais également du coût de développement ayant permis de le mettre sur le marché (recherches, tests cliniques, etc). Sachant que la protection liée au brevet dure 20 ans, cela garantit une période de monopole pour le fabricant d'origine. En réalité c'est le plus souvent 10 à 12 ans, car les brevets sont déposés au tout début du développement, bien avant la première mise en vente en pharmacie. Après ce laps de temps les ventes ne sont (n'étaient) pas censées chuter brutalement au profit des génériques.

Un produit générique est moins cher car le laboratoire qui le produit supporte uniquement les coûts de production.

Si l'utilisation des médicaments génériques se généralise, au bout de 20 ans d'existence, chaque produit se vendra uniquement sous sa forme générique. Les laboratoires de recherche devront petit à petit revoir leur prix à la hausse, puisque leurs ventes ne dureront que dix ans. De ce fait, l'effet indirect et pervers provoqué par l'utilisation massive des générique sera de faire augmenter les coûts de la santé. Ceci va à l'encontre du but initial. En effet, durant la période "protégée" (absence de génériques) le prix sera plus élevé encore qu'actuellement.

Moralité: avant de se lancer tête baissée dans des mesures d'économie il convient de bien étudier les effets sur la durée.

mardi 25 juillet 2006

Théorème de l'Etat fini

Dans la plupart des pays et des sociétés on constate souvent des dysfonctionnements graves, des incohérences, des aberrations et autres embrouillaminis kafkaïens , défiant toute pensée intelligente. D'aucuns regroupent ces situations illogiques sous le terme de "connerie" et ne peuvent s'empêcher de se poser la question fondamentale "a qui cela profite-t-il ?".

Il y a pourtant une explication: le théorème de l'Etat fini. Ce théorème est en mesure d'expliquer environ 80 pourcent des problèmes de ce genre. Son énoncé est très simple: "Chaque fois qu'une situation est inexplicablement absurde, deux pratiques peuvent en être la cause: des magouilles politiques ou des magouilles financières".

Un sociologue connu, le professeur Black, a complété ce théorème en novembre 1998. Il a précisé que le "ou" n'est pas exclusif, à savoir que dans certains cas il s'agit de magouilles politique "et" ou "donc" financières.

Ce n'est absolument pas le but de donner ici des exemples, chaque lecteur pourra facilement en établir une longue liste rien qu'en observant attentivement son environnement quotidien.

Mais qu'en est-il des 20 autres pourcents ? Devant le manque flagrant de théorème et d'explications plausibles il reste une seule solution: la cause est vraiment la connerie. N'oublions pas que la connerie n'est pas une caractéristique de la nature, ni même des animaux, mais bien des être humains.

Malheureusement, il est préférable que les dysfonctionnements satisfassent au théorème de l'Etat fini. Dans ce cas, on tient au moins une explication. Mais dans le cas de connerie pure et dure, nous sommes plutôt désarmés pour trouver une réponse à la question: "à qui profite la connerie ?"

Moralité: il fallait bien un contrepoids au progrès technologique pour qu'en moyenne notre environnement reste moyen.

Le centre

Avez-vous déjà remarqué que votre nombril n'est pas le centre du monde ? Tout au plus le centre de votre ventre, voir de votre être tout entier si vous êtes symétriquement proportionné. Mais le centre de l'univers sûrement pas. Non, comme tout le monde le sait, le centre de l'humanité c'est la Suisse.

La Suisse, ses montagnes et ses vallées sont le centre de l'univers et de l'Europe. Comme le centre de gravité d'un fer à cheval situé en son milieu, la Suisse se devait de ne pas faire partie de la communauté européenne. Cette vieille dame aigrie et têtue tient absolument qu'on la remarque sur une carte géographique.

Mais où se trouve le centre de la Suisse ? Si la Suisse est un centre, elle doit bien elle-même avoir un centre! Et bien non, la Suisse dispose d'une multitude de centres.

On trouve d'abord le centre géographique: une sorte de tout petit village perdu dans le canton d'Obwald répondant au charmant nom de Giswil ce qui veut dire centre en helvète profond. Mais personne n'a pu dire ce qu'il y a au centre de Giswil, car aucun explorateur n'en est revenu vivant. Les Giswilois sont très conservateurs.

Il y a aussi le centre originel, le point zéro de l'époque où le vide régnait sur la matière, où la lumière allait plus vite que le son dans une fibre optique, où l'espace et le temps étaient de l'argent. À la naissance du pays, la pleine du Grütli exerça le rôle de centre natal de la petite Helvétie. Il s'agit d'un carré de pelouse situé au bord du lac des Quatre-Cantons et entouré par le mur de Plank.

Comme l'emplacement du centre de la Suisse semblait poser problème à nos têtes couronnées, elles décidèrent de créer le centre politique. La ville de Berne fut choisie pour incarner le rôle de capitale. Cette décision a au moins le mérite de regrouper toute la matière grise en fin de vie en un seul point: le palais fédéral.

Mais les puissants du marketing, ces alchimistes à problèmes transformant l'or en chocolat et le progrès en décadence, voulaient aussi leur centre des affaires et du commerce. Ils inventèrent alors la ville de Zurich, la business city by Google (BCBG) de la vie nationale, elle et son "Unique" aéroport. La ville se situe au fond à droite du lac du même nom, juste à côté de la surface cultivable.

Le centre international de la Suisse, c'est Genève, située tout à gauche du pays en regardant vers le pôle nord, et qui est irrémédiablement en train de se faire phagocyter par la France. Pour mieux situer Genève, les banquiers ont planté un énorme cure-dents en forme de jet d'eau. Comme souvent, ces garnements en cravate se sont magistralement ratés. Le centre de Genève est en fait l'île Rousseau; pas celle du douanier qui protégeait les frontières du centre du monde, mais celle de Jean-Jacques, cet illustre suisse!

On parle également de centre d'accueil. La majorité étant au centre, un centre d'accueil devrait se trouver à la frontière. Cela éviterait aux gens de traverser tout le pays avant d'être accueillis au centre. Il serait donc plus judicieux de créer des frontières d'accueil. Mais une frontière n'est, par principe, pas accueillante.

Trop de centres, trop de problèmes. Afin de résoudre les conflits il fallait mettre en place une stratégie efficace à base de compromis subtils. Un ingénieur spécialisé dans les emballages eut alors une idée: pourquoi ne pas déterminer le centre de la Suisse en traçant des lignes entre tous les centres ? Le point d'intersection serait alors déclaré comme l'ultima-veritas-centrum de l'univers !

Et la grande aventure débute. On commence par construire des routes, puis des ponts et ensuite des tunnels pour relier les centres entrent eux. Les tunnels du Gothard et du Lötschberg sont percés. Des autoroutes de contournement font leur apparition. Et depuis lors, on trace en Suisse ! On cherche le centre de droite à gauche, du bas vers le haut; on pointe, on mesure, bref, on se regarde le nombril tous en cœur en sifflotant le dernier tube d'Alain Morisod.

Pourtant il existe une méthode toute bête permettant de trouver le centre de la Suisse, et donc de l'univers. Il suffit de la découper en suivant son contour sur une carte de géographie et de la faire tenir en parfait équilibre sur une aiguille. Au bout de l'aiguille se trouve le centre des centres de tous les univers, même jumeaux et parallèles.

mardi 30 mai 2006

Laurent Garros

Au tennis, il n'y a pas que la terre qui est battue. Les crocodiles n'en mènent pas large à force de se faire piétiner. Ils sont tout plats; on dirait des planches de surf. D'ailleurs les crocodiles ne sont pas verts, ils n'ont pas la langue rouge vif et ont l'interdiction de sourire, puisqu'ils sont en voie d'apparition. Nous vivons dans un monde reptilien. Partout des petits lézards verts, partout des crocodiles. Sur les lunettes, sur les voitures, sur les casquettes.

Les crocodiles ne savent pas compter, et le tennis est vraiment un sport d'intellos. Quand on pense que certains arbitres de boxes ont de la peine pour compter jusqu'à 10, que faut-il penser d'un sport où la suite des points ne peut même pas figurer dans un test de QI ? 0, 15, 30, 40, x

Après 40 il y a quelque chose, puisque le joueur qui y parvient gagne le jeu (le tennis est bien le seul sport dans lequel on peut gagner un jeu !), mais il est interdit d'en parler. Cela n'apparaît même pas sur les panneaux d'affichage. Dans d'autres sports, par exemple le volley-ball, on joue en 25 points et l'on peut vraiment atteindre le score de 25. En tennis, à 40 on n'a pas gagné, mais après 40 il n'y a rien. A 40 on peut encore perdre. D'autres sports exigent deux points d'écart, mais en tennis, deux fois l'écart entre 40 et un nombre inconnu pose quelques problèmes. Alors les tennisseux ont inventé l'avantage, qui d'ailleurs présente pas mal d'inconvénients. Là aussi, avec un avantage on n'a toujours pas forcément gagné; avec deux avantages on a gagné, mais deux avantages, ça n'existe pas.

A 40 partout c'est donc le marasme, on va d'inconnue en inconnue jusqu'à ce que, par exemple un joueur fasse deux doubles-fautes. En effet, deux doubles-fautes ne représentent que l'équivalent de deux avantages, un plutôt un avantage plus la fameuse inconnue qui fait gagner.

Au service les joueurs ont le droit de faire une faute, mais pas deux; car deux fautes font un point, enfin un intervalle indéterminé de points: 15 en début de jeu, puis seulement 10 un peu plus tard, et plus rien (mais qui compte beaucoup) vers la fin du jeu.

Ce comptage est finalement assez logique, car au début d'un jeu le joueur est naïf, et on lui fait croire qu'il va gagner beaucoup de points (15 points). Ensuite, puisqu'il est lancé, on ne lui donne plus que 10 points. Enfin, arrivé à un certain stade, pour lui faire comprendre qu'il pourrait se dépêcher, on ne lui dit plus combien de points il engrange. Ceci probablement pour lui éviter d'attraper la grosse tête.

Mais pourquoi "points" ? Au football on compte des buts, au basketball des paniers, aux fléchettes des points. Mais au tennis ce ne sont pas vraiment des points. Ce sont des entités numérales indéfinies. Indéfinies, car à l'origine il s'agissait de pas au jeu de paume. Et la longueur d'un pas dépend de plusieurs facteurs.

Pour résumer, lorsqu'un joueur atteint un nombre indéfini d'entités virtuelles il peut gagner un jeu; généralement un jeu de tennis. Ouf ! Enfin un comptage humain: les jeux vont de 1 en 1, jusqu'à 6. Le premier joueur atteignant 6 jeux gagne une manche (un set, de table comme au ping-pong). Quoi que… une manche peut aller jusqu'à 7 jeux. Mais le 7ème jeu n'est pas comme les autres. Lui, a des points qui se comptent normalement: 1, 2, 3, etc. C'est le jeu décisif; précisément parce qu'on s'est enfin décidé à compter correctement. Mais il est temps de laisser momentanément reposer les neurones, par exemple en regardant un match de football.

Moralité: nous avons des pas qui compose des jeux, qui eux-mêmes constituent des manches.

Dans un prochain article nous expliquerons en détail le fonctionnement des manches, le maniement des balles et des divers attributs vestimentaires tennistiques.

jeudi 18 mai 2006

Switzerland Mixerland


La Suisse est petite, ce n'est pas un scoop. Même Google Earth a de la peine à trouver l'Helvétie, perdue dans l'épaisseur des contours des pays environnants. Petite, mais diversifiée. Et elle a tout d'une grande. Ses fabricants l'ont dotée de caractéristiques surprenantes. Une vraie planète en miniature.

Commençons par les véhicules portant fièrement ce CH dont beaucoup ignorent la signification: "Confédération Hermétique". Ils roulent tous à droite, même les camions.

En Suisse, le réseau autoroutier est entièrement gratuit. Et pas n'importe quelles autoroutes! Celle qui contourne Genève (à peine plus de 10 kilomètres) a été construite en plus de 10 ans. C'est dire si elle doit être irréprochable. En fait, elle ressemble à n'importe quelle autre autoroute, à part qu'elle est en Suisse. On a donc décoré l'intérieur des tunnels avec des motifs en carrelage. Beaucoup d'automobilistes se rendant au travail s'arrêtent fréquemment dans les tunnels afin de les contempler. Malheureusement tout s'est décollé quelques années plus tard. Alors on a trouvé une autre astuce pour se différencier du reste du monde. Ce tronçon est la seule vraie autoroute de l'information de la planète. Des caméras tous les 45 centimètres, des radars tous les 150 mètres, des centres de contrôle BlueWiFi souterrains à chaque kilomètre. Sans compter les milliers de cyber-contrôleurs, peut-être nostalgiques des maquettes de trains, qui veillent jour et nuit sur le trafic. Et ils ont raison, car 60 km/h sur une autoroute ça peut être dangereux.

En Suisse il y avait quatre langues officielles. L'une d'entre elles, le romanche, a été évincée. Pour s'excuser auprès des habitants des Grisons, on a introduit le braille sur les billets de banque helvétiques. Dans cette région, les gens sont maintenant muets. Il leur reste uniquement les guichets et les caisses pour se perfectionner en braille. Chez eux même les enfants braillent.

En Suisse la police est cantonale. Pour fixer les idées, un canton est l'équivalent d'un hameau français. A la frontière entre deux cantons, sur l'autoroute Genève-Lausanne, on a même dû créer une sortie servant uniquement aux voitures de police, afin qu'elles restent dans leur canton respectif.

En Suisse, les livres scolaires sont différents dans chaque canton, parfois même dans chaque commune. Les notes sont différentes. Les exigences sont différentes. Les formations et les diplômes sont différents. Même les élèves sont différents. Ceci est logique du fait que l'Instruction Publique est du ressort des cantons.

En Suisse, les vacances scolaires sont bien entendu désynchronisées. Dans certaines régions les vacances d'été ont même lieu en hiver! Enfin, certaines familles pluri-enfantales ne peuvent pas prendre de congés, car il n'y a aucun recoupement entre les vacances des divers enfants.

Certains s'étonnent encore de constater dans les statistiques que les Suisses déménagent très rarement. Eh, oui! Entreprendre un changement de domicile demande plusieurs dizaines d'années de démarches administratives, sans aucune garantie d'en ressortir indemne.

La Suisse a tout pour plaire. Même le climat est varié. Elle possède sa Sibérie (-40° l'hiver à la Brévine) et son climat tropical dans le sud. On ne s'ennuie pas un seul instant en Suisse. On a des montagnes sans ours, mais avec des gypaètes barbus, des lacs sans porte-avions, mais avec des jets d'eau, des banques à chaque coin de rue, mais tout de même des SDF.

La vie en Suisse est tellement agréable que parfois on se surprend à ronronner. Peu de chômage, trop de sécurité, pas de grèves. Un vrai petit nid douillet. Les p'tits gars qui ont créé la Suisse primitive (pléonasme) ont vraiment fait du bon boulot.

Moralité: venez tous en Suisse. Il reste encore quelques places.

Tout va mal

J'ai l'impression que toute ma vie va de travers. Une sorte de déraillement général qui fait un maximum de victimes collatérales. J'ai 47 ans et tout a commencé lorsque ma femme m'a quitté.

Elle est partie avec ma voiture, mon chien, mes deux enfants et leurs pères génétiques... C'est vrai que Daniel, mon ainé ne s'entendait pas très bien avec moi depuis quelques années. Je pensais que c'était une crise d'adolescence. Mais quand il m'a menacé avec ma carabine et que ma femme a pris sa défense, j'ai compris que la situation était irrécupérable.

Ce matin j'aurai souhaité avoir une raison de me lever. J'ai perdu mon emploi il y a deux mois et je n'y suis pas encore habitué. Je n'y attachais pas une grande importance, j'étais gardien de nuit, mais j'aimais cette activité. Mon chef m'a annoncé qu'en raison de mon âge, il était temps d'envisager une nouvelle orientation professionnelle. J'ai bien compris le "Dégage! T'es trop vieux".

Le pire n'est pas le chômage, qui me verse 80% de mon salaire. Mais une fois payés la pension de ma femme, le loyer, le leasing de la voiture et l'emprunt sur la maison, il ne me reste presque plus rien. En plus, c'est ma femme qui a gardé la maison.

Mon médecin m'a annoncé que j'avais de l'hypertension. Il a ajouté qu'à mon âge et dans ma condition physique, c'était normal. Je suis malade et la science m'assure que c'est normal. Désormais, je suis condamné à prendre 8 petites gélules rouges et jaunes tout les matins sous peine de mourir prématurément comme un fruit sec. Même mon assurance maladie refuse de me rembourser les frais médicaux.

J'ai un voisin d'immeuble, je ne comprends pas. Pour lui tout va bien; c'est un optimiste de nature. Il est toujours de bonne humeur. Je l'entends encore me dire "Bonjour monsieur Vachon, comment allez-vous par ce magnifique jour de printemps ?". Pff! Il me fatigue, lui, sa femme, et ses "magnifiques enfants".

Je ne sors plus, j'ai baissé les stores, et je déprime. Ma vie est un enfer. L'immeuble dans lequel j'habite est construit comme un mille feuilles. Les murs sont poreux et amplifient tous les bruits. Mon voisin vient d'acheter un nouvel appareil. Une machine automatique à faire du pain, j'imagine. Il ne peut pas s'empêcher de faire son pain tout les matins à 7h. Comme s'il ne pouvait pas se rendre à la boulangerie comme tout le monde. Tiens ! Le voilà qui sonne à ma porte. Que me veut-il encore ? Je ne le supporte plus.

mardi 16 mai 2006

Tête à queue

J'adresse solennellement un grand merci aux grandes surfaces. Elles ont permis de révéler que certaines personnes ont une tête à queue.

D'abord, c'est vraiment idiot de remercier une surface, même une grande. A ce stade pourquoi ne pas engager une conversation avec un petit volume ou se battre avec un parallélépipède rectangle ? En fait je veux parler de "grandes surfaces" en tant que pluriel de "petite épicerie".

Ensuite, une personne qui a une tête à queue ne souffre pas d'une atrophie du tronc. Cette expression signifie "être génétiquement formaté et adapté pour faire la queue aux caisses des supermarchés tout en gardant son calme sa bonne humeur".

Quoi de plus agréable et de plus valorisant, de nos jours, que de passer un bon quart d'heure dans une file d'attente avec sa pizza surgelée sous le bras ? Les grands magasins ont bien compris le rôle social et formateur d'une file d'attente. En plus de créer des contacts, une attente artificiellement prolongée permet de faire le poing sur soi-même, de réfléchir sur son rôle dans la société, et surtout de penser à ne rien avoir oublié. La moindre ligne négligée sur sa liste de courses et voilà la sanction salvatrice: refaire une seconde fois la queue. Peut-être à une autre caisse afin de bavarder avec d'autres êtres humains. Cette liberté totale est toute à l'honneur des gérants de supermarchés. Le client est roi; il a le droit de choisir sa file, sa caissière, son prédécesseur.

Si vous ne faites pas partie des passionnés des files d'attente, des flâneurs invétérés, des inconditionnels de la plus longue queue, révoltez-vous!

Il est absolument intolérable de prétendre à la fois choyer les clients et les prendre ainsi en otage. Lorsque seulement deux caisses sur vingt-quatre sont ouvertes et qu'elles sont prises d'assaut par une centaine de caddies déchaînés, le seul qualificatif adapté est guet-apens. Après avoir passé une heure à entasser son butin dans son char de ferraille on hésite à tout abandonner. D'une part, il est souvent impossible de sortir sans passer par une caisse, même les mains vides. D'autre part, remettre le compteur à zéro pour repartir dans une autre embuscade n'est pas forcément réjouissant.

Nous revivons actuellement le quotidien russe d'il y a 40 ans. Sous prétexte d'économiser deux heures de salaire d'une caissière, les gérants vautours se lancent dans une concurrence effrénée avec leurs collègues douaniers. Le but ? Exaspérer le plus de personnes possible avec un minimum de moyens. Il est difficile de choisir le gagnant tellement les deux sont proches de la perfection.

C'est sans compter avec la caisse alibi, autrement dit la caisse rapide, qui n'a de rapide que la pancarte. C'est encore pire que d'installer un bureau pour la défense des droits des handicapés au 5ème étage d'un immeuble sans ascenseur. Les consommateurs sont vraiment des clients captifs, prisonniers et corvéables à souhait.

De tout temps les files d'attente ont eu une connotation négative. File pour recevoir sa paye, file pour obtenir des papiers ou des rations alimentaires, et autres files bien plus macabres.

Attendre dans un bouchon autoroutier provoqué par un accident n'est jamais agréable, mais on ne peut pas facilement élargir la route. Attendre à une unique caisse ouverte afin d'assouvir les instincts sadiques d'un directeur rétrograde n'est pas acceptable. Il est fort probable qu'une majorité de personnes seraient d'accord de payer un ou deux euros de plus pour éviter de faire la queue. Il est même fort possible que ces petites sommes cumulées suffisent largement à couvrir le salaire d'employés pouvant travailler aux caisses inutilement laissées en jachère.

Messieurs les occupants des miradors des supermarchés, il est temps que vous disparaissiez à tout jamais. D'ailleurs vous n'auriez jamais dû exister.

Quant à nous, les otages de ce pouvoir occulte et débilitant, pourquoi de temps à autre ne pas abandonner distraitement dans une file interminable un caddie débordant de victuailles ? Ou pourquoi ne pas aller faire ses courses à la petite épicerie du coin dans laquelle tout est trois fois plus cher ?

Moralité: à ce stade, il n'y a plus de moralité.

jeudi 11 mai 2006

Bug de l'an zéro

Eh, oui! Avant ce cher JC l'informatique existe déjà, mais elle disparaît au cours de l'an 1 suite à un désastre technologique sans équivalent. Pendant les siècles précédant notre ère les ordinateurs, primitifs certes, mais performants, ronronnaient paisiblement de tous leur bits. A cette époque les dates étaient stockées d'une manière originale. Les jours et les mois étaient des nombres entiers positifs, alors que les années étaient enregistrées comme des nombres négatifs.

On savait que JC n'était pas encore là, mais on ignorait quand il arriverait. De ce fait, chaque année qui passait sans trace du Messie était déstabilisante d'un point de vue informatique, car il fallait décaler les années afin d'arriver pile sur zéro en même temps que JC. Tout était basé sur le fait que les années étaient toujours négatives.

Seulement, un beau jour, JC débarque et l'année doit passer par zéro. Les analystes de l'époque bien qu'avertis de l'imminence de cet événement avaient négligé les mesures à prendre concernant les modifications de tous les programmes informatiques en fonctionnement.

Ce qui devait arriver arriva, panne totale. Impossible de corriger les dates à temps. Vers la fin de l'an zéro les spécialistes étaient sur le point de terminer toutes les mises à jour. Malheureusement la travail s'est prolongé au-delà du 31 décembre 0. Les modifications devinrent donc caduques et tout était à recommencer. Des bugs en cascade on totalement anéanti l'informatique existante.

Il ne s'agit pas d'épiloguer sur les massacres des informaticiens et l'autodestruction des ordinateurs qui s'ensuivirent, mais plutôt d'examiner ce que l'humanité a perdu dans cette triste affaire.

Tout d'abord les documents numériques (photos, enregistrements, vidéos) concernant la vie et l'oeuvre de JC se sont volatilisés. Plus aucune trace des miracles et multiplications de pains ou autres victuailles. Disparu également l'ensemble des plans vectorisés des grandes constructions de l'époque et des civilisations précédentes telles que les pyramides ou le phare d'Alexandrie. Tout a été anéanti. Heureusement pour nous, des petits malins ont vite recopié en hâte quelques bribes de données sur des papyrus juste avant le désastre. C'est tout ce qui reste à nos historiens.

Moralité: des backups réguliers, c'est toujours utile, même sur papier.

dimanche 7 mai 2006

La pluie et le beau temps

Lors du dernier sommet consacré à l'environnement et au réchauffement de la planète, un groupe de scientifiques anglais, pour la plupart des physiciens et des biologistes, a présenté une étude très intéressante concernant les problèmes liés au climat.

Nous entrons dans une période de réchauffement anormal de la Terre, ce qui se traduit par quelques dérèglements climatiques constatés ça et là. Certaines régions se réchauffent alors que d'autres, paradoxalement voient leurs températures moyennes baisser sensiblement.

Le projet anglais est complexe. En simplifiant, on peut dire qu'il consiste à désolidariser la Terre de l'atmosphère qui l'entoure. En fait, c'est déjà le cas puisque les vents déplacent les nuages et le climat suit ces mouvements. Mais les scientifiques veulent accélérer ce mouvement naturel par la mise en place d'énormes souffleries à des endroits stratégiques du globe, permettant ainsi d'amener une portion de la masse d'air entourant le globe au-dessus d'une région précise. Un peu comme si l'on pouvait faire tourner la peau d'une mandarine autour de son intérieur.

Il semblerait que la puissance de telles souffleries est dans les limites de ce que les technologies actuelles permettent de réaliser. Cette technique permettrait, par exemple, d'amener pendant quelques jours des nuages de pluie sur une zone aride afin de favoriser les cultures.

A terme, ce partage équitable d'eau et de soleil devrait permettre d'équilibrer les conditions climatiques, d'enrayer l'avancée des déserts, d'éviter les inondations et autres moussons.

samedi 6 mai 2006

Le droit au dopage


La lutte contre le dopage coûte bien trop cher. Une solution évidente à laquelle personne n'a encore pensé est de favoriser le dopage en le légalisant. Les sommes englouties par les laboratoires d'analyses d'urines verdâtres et de sang suroxygéné, par les milliers de personnes effectuant des contrôles surprise tous les mardis à 16h30 et par toutes les campagnes de prévention pourraient être versées à des ONG.

Pour quelques centaines de morts par an sur les stades, dans les piscines, ou au cours des multiples tours cyclistes, des dizaines de milliers de vies pourraient être sauvées dans les pays du tiers monde. Alors que dans ces pays défavorisés les gens ne meurent pas volontairement, nos sportifs d'élite auraient l'occasion de mourir de leur plein gré sur une marche de podium.

Cette promotion du dopage légal éviterait également tous les cas de sportifs drogués à leur insu. Plus besoin de chercher les coupables, puisqu'il n'y aurait plus de délit. Aucune loi n'interdit de trop manger et depuis la grande bouffe on sait qu'on peut en mourir. Alors la légalisation du dopage éliminerait toute nécessité d'effectuer des enquêtes compliquées. Un coureur couvre le 100 mètres en moins de 3 secondes et meurt instantanément à 102 mètres du départ ? Aucun problème; il a simplement pris un peu trop de benzopropanol. Quoi de plus distrayant au cours d'un match que de voir un joueur s'évaporer par combustion spontanée, ou bien voir la couleur de sa peau passer d'un beau bleu fluo à un orange vitreux avec des raies blanches. Voilà qui égayerait un peu nos week-ends.

Enfin les archers pourraient prendre en toute impunité des médicaments anti-Parkinson. Des basketteurs de trois mètres de haut pourraient mettre des paniers sans sauter. Des joueurs de billard pourraient se faire greffer un laser de visée dans un œil ou un servomoteur dans le coude et l'épaule. Les footballeurs auraient le droit d'avoir des jambes démesurées, un tout petit corps et une tête en forme de raquette perchée à trois mètres de haut. L'avantage serait tout relatif puisque les gardiens de but auraient des bras de deux mètres et des mains gluantes.

La devise de Pierre de Coubertin serait modifiée de "L'important est de participer" en "Battre un record et mourir". Mais pourquoi réserver le dopage aux seuls sportifs ? Toutes les professions doivent en profiter. D'ailleurs les photographes ont pris les devants. Il semblerait qu'il y en ait déjà qui sniffent du fixateur pour photo. Et ça, c'est révélateur!

Moralité: le dopage doit être accessible à tous. Même les livres auront leur dopage.

Tout va bien

Pourquoi tant de personnes se lamentent-elles sur leur sort ? Moi, je vais bien, je n'ai aucun problème, je ne m'énerve jamais et tout le monde m'aime bien. J'habite en ville, à proximité de tout. Pas besoin de voiture, ni de transports en commun. C'est ma femme qui fait les courses. Mes deux enfants de 15 et 17 ans font un apprentissage qui leur plaît: assistante médicale et gestionnaire en logistique.

J'ai un travail tranquille qui ne me prend pas la tête. Je suis gardien de piscine l'été et surveillant dans un club de tennis l'hiver. Nous regardons toujours la télévision en famille. Avec toutes ces chaînes on peut vraiment avoir des informations sur tout ce qui se passe. Nous allions habituellement en vacance les deux premières semaines de juillet chez mes beaux-parents à un quarantaine de kilomètres. Mais depuis tous ces attentats nous nous contentons de passer nos après-midis à la piscine (j'ai des entrées gratuites pour toute la famille).

Les prix et les impôts qui augmentent, c'est pas grave. Il faut bien que l'état trouve des sous quelque part. On n'a vraiment pas à se plaindre.

J'ai beaucoup de temps libre et j'adore m'occuper des plantes que j'ai installées sur mon balcon. L'hiver, c'est les cactus que je bichonne. Je me réjouis de prendre ma retraite, car j'aimerai bien commencer une collection de timbres-poste.

Ma femme promène les enfants de la concierge tous les matins et avec ce qu'elle gagne elle s'achète de la laine pour faire du patchwork. Elle est très gentille, ma femme. En y réfléchissant bien, nous avons tout de même un souci. Il semble que l'épicerie en-dessous de chez nous va être agrandie et déplacée de l'autre côté de la rue. Au début cela sera un peu déroutant pour ma femme.

Et puis toutes ces nouvelles technologies, c'est extraordinaire. Des portables gratuits, des appareils de photo numérologiques pas chers, on pourra même bientôt faire un seul vaccin contre toutes les maladies.

Et la télévision! Tous ces jeunes chanteurs dans la nouvelle starac, ils sont super. Ma fille s'est inscrite pour les auditions de l'an prochain; sa mère est d'ailleurs en train de lui construire une robe en patchwork.

A la télé ce que nous regardons de préférence ce sont les pubs. C'est vraiment utile pour savoir quels nouveaux produits les grandes sociétés inventent. Ma femme est plutôt branchée produits à lessive, moi plutôt produits de maquillage, juste à cause des belles dames qui les présentent.

J'oubliais la médecine. S'il y a un domaine dans lequel de grands progrès ont été faits, c'est bien la médecine. On peut presque tout greffer. Toutes les maladies vont bientôt être guéries. Finie la vache folle, finie la grippe aviaire. Bon, un petit rhume de temps en temps, on ne va pas en mourir.

Il paraît que dans certains pays beaucoup de gens sont malades et n'ont pas assez à manger; en Afrique par exemple. Mais heureusement que les gouvernements de nos pays développés les aident. Bientôt tous leurs problèmes seront résolus. Mais, tiens! Une sonnerie ? C'est sûrement mon nouveau four à pain automatique que la Coop m'a offert grâce aux points de ma Supercard de fidélité. Il faut vite que je sorte le pain. La sortie du pain, c'est l'opération à ne pas rater (ils le disent dans le mode d'emploi).

vendredi 5 mai 2006

Au secours! J'ai perdu mon doudou.

Alors que les prisons suisses regorgent de prisonniers, la mise en liberté sous surveillance électronique (un bracelet émetteur fixé à la cheville) fait son chemin. Parallèlement la plupart des gens portent de leur plein gré un téléphone cellulaire. La comparaison est peut-être facile, mais en ce qui concerne les déplacements des "prisonniers", tout peut être enregistré, stocké et analysé, que se soit avec un bracelet électronique ou avec un téléphone portable. La seule différence est l'autorité détentrice de l'information. Dans le premier cas, le pouvoir judiciaire, dans l'autre les opérateurs de téléphonie. Il semblerait même que les opérateurs de téléphonie mobiles sont à même d'activer le micro des portables à l'insu de leur propriétaire, et sans laisser de traces.

Des personnes adultes et responsables, en possession d'un portable, perdent leur lucidité et régressent au point d'adopter des comportements infantiles. Combien de fois avez-vous entendu ou prononcé ces phrases : "Vite ! Fais demi tour, j'oublié mon téléphone à la maison.", ou "Zut, l'accumulateur est mort! Où y a-t-il une prise électrique?". Cela peut même conduire à des crises de nerfs. Certaines personnes en arrivent à se déplacer partout avec leur chargeur et leur téléphone à la main.

Ces individus, une fois privés de leur portable, s'arrêtent de vivre. Un grand vide s'installe dans leur tête : "Oh mon dieu ! Que vais-je faire sans mon téléphone ?".

Le téléphone portable prend la place du doudou de leur enfance, cette peluche ou ce chiffon hideux qui ne les quittait jamais. Son rôle sécurisant permet de se sentir un peu chez soi partout où l'on se trouve. La perte du doudou sacré provoque également crises de nerfs et angoisses.

L'être humain existe uniquement au travers des yeux des autres. Est-ce que j'existe vraiment si je ne possède pas de portable? Qui aurait imaginé un jour devoir payer pour demander à quelqu'un s'il préfère un pull bleu ou rouge ?

Comment soigner cette dépendance technologique ? Peut-être en essayant de ne pas toucher à son portable pendant une semaine. C'est possible ! Il y a dix ans, c'était même normal. Si un tel défi provoque des doutes, des angoisses ou des dérives psychologiques telles que dépressions ou envies suicidaires, il s'agit probablement d'une techno-dépendance au téléphone portable. Pour soigner cette maladie grave et encore méconnue le Professeur Black, spécialiste des addictions technologiques, peut vous aider. Appelez-le dès maintenant au numéro +41 79 100 10 100 (2.40 Frs/minute). Consultations par téléphone uniquement.

Moralité: un doudou, c'est bien, c'est doux, ça ne rayonne pas et ça évite bien des factures en fin de mois.

mercredi 3 mai 2006

Zapping pédagogique

Les élèves, ces extra-terrestres !

La société des loisirs est incompatible avec la notion d’effort. Dans notre environnement tout est organisé pour être beau, lisse, agréable et sans problèmes. Toutefois, à certains moments, nous devons suivre des cours, travailler, remplir des impôts, faire le ménage ; bref, fournir un certain travail, moralement ou physiquement fatiguant. Les deux situations sont totalement incompatibles. Imaginez la fée clochette devant faire la queue à une caisse de supermarché, ou changer les pampers de ses enfants. Voilà dans quel paradoxe doivent vivre les jeunes.

Notre société est basée sur le zapping. Offrez un jeu d’ordinateur à un enfant ; son premier réflexe est de chercher sur internet tous les trucs permettant d’avoir un nombre de vies illimité, une somme d’argent infinie, ou de terminer le jeu en moins d’une heure alors qu’il est prévu pour durer au moins dix jours. C’est la génération gameboy.

Les jeunes ne cherchent plus «comment faire», mais «qui, sur internet, l’a fait mieux et pour moins cher». Bien que cela leur soit dommageable, ils ont entièrement raison d’agir de la sorte. On leur offre deux possibilités d’obtenir le même résultat : l’une facile et l’autre qui demande un effort. Le choix est évident.

Les problèmes deviennent plus apparents lorsqu’il s’agit d’enseignement. Il n’y a pas de solution miracle, de bouton magique. On a bien essayé l’apprentissage sans contrainte ni travail, mais comme on peut s’en douter, le constat a été un échec total.

Les élèves et les étudiants sont les mêmes qu’au siècle dernier, ils ont les mêmes gênes, les mêmes capacités. Ce sont les tentations qui ont changé. Ponctuellement ils sont tout à fait capables de travailler intensément.

Deux dérives dues à cette ambiguïté de notre société sont particulièrement apparentes. La première est que très souvent les élèves dorment en classe, indépendamment de l’heure qu'il est, du fait qu’il soient doués ou non, intéressés ou non, et que les cours soient intéressants ou banals. C’est un fait. Ils jouent jusqu’à l’aube (c’est la nuit que les jeux vidéo deviennent intéressants) ou sortent tard le soir. Les études, même primaires, deviennent secondaires. L’école est une obligation accessoire. Ceci est d’autant plus malheureux que les premières victimes sont les jeunes les plus influençables.

La seconde dérive est visible lorsqu’un élève doit trouver une solution à un problème. Ayant, pour beaucoup, perdu l’habitude de chercher par eux-mêmes, on assiste à des situations à la limite de la caricature. Si le problème demande de la réflexion, l’élève abandonne : «je ne comprends rien, j’arrête !». Ce même élève, après qu’on l’ait aiguillé sur la solution, s’il y parvient, dira : «Mais, c’est trop facile !». Pour certains, il n’y a pas de limite entre les deux situations : «C’est trop difficile, je ne le fait pas» et «c’est évident, ça ne sert à rien de le faire». La frontière entre les deux s’appelle l’effort.

La tendance vers de plus en plus de facilité apparente étant bien ancrée, l’inverser paraît utopique.

Moralité : jeune, c’est un vrai métier. Les jeunes ont vraiment du mérite, car essayer de faire des efforts dans un environnement où tout vous convainc que cela ne sert à rien…

mardi 2 mai 2006

Société Anonyme

Moralité : notre société est faite d'anonymes. La preuve!

Loisirs ou effort, il faut choisir !

On a prôné depuis quelques décennies la société des loisirs. C’est bon on l’a ! La plupart des gens peut s’offrir des vacances dépaysantes, un téléphone portable, des habits de marque, l’épilation définitive de leur poitrine siliconée, un ordinateur relié à internet, le droit de passer à la télé et l’espoir de gagner à l’euro-millions. Prix à payer ? Pas grand-chose : chômage, dérives urbaines, disparition de la notion d’effort, apparition d’un ego surpuissant chez certains ou sur-refoulé chez d’autres, nouvelles maladies, augmentation des disparités sociales, états incapables d’apporter des réponses aux vrais problèmes.

Gros avantage, sournoisement voulu ou simple conséquence d’une évolution naturelle : le commun des mortels, pour peu qu’il ait un petit boulot, a un os à ronger: les loisirs. Pendant des années on lui a tellement fait comprendre que l’important c’est le temps «libre», qu’il en devient aliéné.

On assiste à une inversion de tendance par rapport à la situation d’avant les années soixante. Après le travail, de temps à autre et si le budget le permettait, on pouvait s’offrir une séance de cinéma. De nos jours, si la finale de Roland Garros tombait un jeudi, beaucoup seraient tout à coup malades ce jour-là.

Moralité : nous vivons une époque formidable, profitons-en avant que ça éclate. On nous barde de facilités, pourquoi s’en priver ? Et même, pourquoi se poser tant de questions ? Cliquez simplement sur les boutons «Rewind», puis «Erase».

lundi 24 avril 2006

Lois 'rustines'

Après le floutage de marques, le floutage de gueule.

Le floutage (masquage des marques) imposé par le CSA illustre de manière parfaite la totale aberration de certaines lois. Bien sûr qu’il faut des règlementations ; mais depuis quelques années on assiste à une dérive due à l’introduction de lois et de règlements dont les effets de bord (effets secondaires pour les enseignants ou effets indésirables pour les médecins) sont parfois pires que l’absence de règlement. Le peu de lois simples, efficaces, protégeant vraiment les personnes qu’elles sont censées protéger incite vraiment à penser que lois ne sont que de vulgaires rustines, décrétées à la va-vite sans toujours en prévoir les contournements. J’en veux pour preuve les modifications continuelles des règlements et textes de loi. Messieurs les décideurs, une loi n’est pas une promesse électorale, ni un argument de vente. Contrairement à vous, elle est censée durer.

Que fait un téléspectateur moyen face à une émission floutée ? Il essaie de reconnaître ce qu’on veut lui masquer. Résultat : la loi va exactement à l’envers du but poursuivi. Lorsque la surface à flouter est supérieure à 15 ou 20 pourcent de l’image ou lorsqu’une marque prend une telle place que le floutage pourrait laisser penser que le téléviseur est hors d’usage, on agit autrement : on retourne horizontalement l’image.

Stop ! Le monde n’est pas symétrique, alors pourquoi proposer une image irréelle, totalement fausse ? Quel est l’imbécile qui pense qu’une marque inversée n’est pas reconnaissable ? Je pense à ce pauvre crocodile né dans les années trente. Qu’il tourne la tête à gauche ou à droite ne change pas grand-chose au fait qu’il s’agit d’un crocodile souriant dont les chaussures sont des Lacoste.

Un des buts du floutage est, semble-t-il, de ne pas léser ou privilégier une marque par rapport à ses concurrents. Ineptie pour ineptie, il suffirait, lorsqu’une marque apparaît à l’écran, de montrer toutes les marques apparentées au même type de produit. Par exemple dans une bande au bas de l’écran où elles défileraient à grande vitesse. Ce défilement à vitesse supersonique est d’ailleurs utilisé pour les génériques de fin d’émissions. Non, les médias ne pensent pas que tous les téléspectateurs ont pris des cours de lecture rapide. Ils se fabriquent uniquement une bonne conscience ; ils sont « en règle avec la loi ». Après tout, il suffit d’enregistrer l’émission et de la passer à l’extrême ralenti.

Vivement qu’une nouvelle marque s’appelle Vendredi. Imaginez le floutage auditif du mot vendredi dans toutes les émissions (y compris la météo).

Moralité : hypocrisie, hypocrisie ! Vive l’hypocrisie !

vendredi 21 avril 2006

Vive Linux !


J'adore Linux. C'est le seul système d'exploitation gratuit que j'ai acheté au moins dix fois. Je veux soutenir le logiciel libre, donc je ne le télécharge pas, je l'achète. Tous ces gens contribuant au développement de Linux m'impressionnent. Un système d'exploitation avec des dizaines d'interfaces graphiques différentes, voilà enfin un standard utile. KDE ne me plaît plus ? Hop ! Je passe à Gnome ou à Motif en un clin d'œil. Il faut juste faire attention aux copies d'écran si l'on pense donner des cours ou écrire des livres sur le sujet, mais c'est génial. Ah ! J'oubliais les secrétaires qui parfois changent d'employeur. Il suffit de supprimer les secrétaires ou d'instaurer une loi attribuant à chaque corps de métier une interface graphique spécifique. Comment ? Les couples dans lesquels le mari et la femme n'exercent pas le même métier ? Ça existe ? Il leur suffit de changer d'activité, ou d'acheter un ordinateur supplémentaire pour l'informatique familiale. Rien n'a plus de prix que la liberté de choisir son interface graphique. Windows, lui, est vraiment banal. Aucun changement. Depuis des années XP nous propose les mêmes fonctionnalités, les mêmes icônes aux mêmes endroits. Quel manque d'imagination !

Il en va de même pour les systèmes de gestion de fichiers. Deux ? Trois ? Non, carrément une dizaine ou plus. Tout le monde y trouve son compte.

Et puis, je me souviens encore de l'époque où, après avoir installé Linux depuis un CD, il fallait penser à monter ce même lecteur de CD avant de l'utiliser. Certainement très logique et dû à des raisons tout à fait louables et importantes. Mais alors, pourquoi maintenant les lecteurs de CD sont-ils montés par défaut ? Stop! Linux a tout de même le droit d'évoluer, de trouver ses marques, de plaire aux utilisateurs. Et à moi, il me plaît ce bougre. C'est un hyperactif, toujours plein de nouveautés, toujours en pleine mutation, la stagnation connaît pas.

Et puis le logiciel libre, quoi de plus imaginatif et valorisant. L'autre jour alors que j'utilisais EasyPHP (en voilà encore un bon produit) je me suis mis en tête de générer des documents pdf. Heureusement EasyPHP possède une extension php_pdf qu'il suffit d'activer; il en possède également une autre: php_cpdf. Après avoir atteint mon but j'ai voulu générer des documents pdf plus complexes et j'ai dû chercher des informations sur Internet. Là, j'ai découvert que j'étais un attardé mental. Les développeurs utilisent EasyPDF ou encore fpdf ou encore xxxPDF. J'ai alors décidé de changer de librairie. Malheureusement j'ai dû récrire quasiment tout mon code, car les fonctions donnaient d'autres résultats ou s'appelaient autrement. Cela m'a permis d'apprendre à utiliser plusieurs librairies pdf. J'adore apprendre des chose nouvelles. J'espère juste qu'aucune autre version géniale de librairie pdf ne va sortir dans les prochains mois. C'est tout de même incroyable une telle puissance de développement. Tout ce que l'on cherche existe déjà. Sinon quelqu'un va sûrement s'y pencher.

J'aime vraiment beaucoup ce monde gratuit, peuplé de bénévoles courtois et disponibles. Mon seul regret est qu'il n'y ait pas d'équivalent au niveau du matériel informatique. En fait, je voudrais que les ordinateurs soient eux aussi gratuits. Après le logiciel libre, le matériel libre. Après tout, il faut du temps et de l'énergie pour construire un ordinateur, comme il en faut pour développer un logiciel.

Moralité: pour changer, mon nouvel ordinateur, je ne vais pas l'acheter, je vais le télécharger.

Le ciel appartient à Microsoft

Remontons quelques années dans le passé; plus précisément en août 1995 au moment de la sortie de Windows 95. Rappelez-vous la boîte avec un ciel bleu recouvert de nuages blancs estampillée de la fenêtre quadricolore de Microsoft. Obnubilés par son contenu tant attendu la plupart des gens ne se sont jamais intéressés à la symbolique qu'elle véhiculait. A cette époque beaucoup d'éditeurs de logiciels se sont également mis à utiliser le ciel bleu nuageux pour décorer leurs emballages.

Un après-midi de 1996, vers 16h00, arrêté en voiture à un feu rouge, je lève les yeux vers le ciel et soudain je réalise l'extrême subtilité de Microsoft et de ses responsables marketing. Quoi de plus universel que le ciel et les nuages ? Rien. Où que l'on se trouve sur la planète, que l'on soit un eskimo, un australien, un chinois ou un papou, au-dessus de sa tête il y a toujours le ciel bleu avec des nuages. Essayez de trouver un autre objet ou paysage présent et connu sur la Terre entière. C'est impossible. Le ciel est vraiment le seul et unique symbole universel. Et il est désormais associé à Microsoft pour l'éternité. Imaginez une distribution de Linux avec un ciel bleu nuageux sur la boîte. Quelque chose ne collerait pas. Le ciel c'est Microsoft !

Je ne pense pas que cette symbolique soit involontaire; je reste au contraire persuadé que la personne qui en a eu l'idée est un génie.

Moralité: si vous vous embêtez, regardez vers le ciel. Sinon regardez par la fenêtre, l'effet est le même.

L'hypocrisie du floutage

Eh oui ! Pour une telle aberration il fallait bien créer un néologisme. Flouter consiste à rendre floue une portion d'image sur une photo ou une vidéo. Rien n'est plus agaçant que le floutage dans les émissions de certaines chaînes de télévision. Les pires scènes sont celles se déroulant dans les rayons des supermarchés. Parfois on distingue un œil ou une oreille; mais tout le reste est flou. Toutefois une bouteille de Coca-Cola ou un symbole Nike d'un mètre carré, même flou, il faudrait être complètement gâteux pour ne pas les reconnaître.

Du fait que nous vivons une époque surpublicisée, il est quasiment impossible de trouver un T-shirt ou une veste sans logo, et être filmé signifie risquer de passer pour quelqu'un qui porte des habits tachés.

Et que dire du métier de flouteur ? Saboter de telle manière des images est injustifiable. A l'heure où l'on nous parle de télévision haute définition, où chaque pixel compte, comment accepter de regarder une émission dans laquelle 20% de l'image est floue ? Autant revenir au noir/blanc !

Mais qu'espèrent donc nos grippe-sous fournisseurs d'images ? Du chantage médiatique pour soutirer quelques euros à toutes les marques figurant sur le moindre extrait vidéo ? Une manière de favoriser celles qui paient la diffusion du moindre crocodile souriant, ou de la moindre panthère bondissante ?

Pourquoi le floutage est-il apparu si récemment alors que pendant des années on pouvait voir des logos dans les rues, des habits sur des personnes, des marques sur les voitures ? Les plus forts ce sont tout de même Microsoft avec leur marque véhiculée depuis 1995 par un ciel bleu garni de nuages blancs et Orange dont le logo, même flouté restera toujours orange.

Finalement que faut-il penser de ces mêmes inexcusables fournisseurs d'images lorsqu'ils nous diffusent des matches de football truffés de publicités de taille gigantesque et d'une netteté à faire pâlir d'envie même une télévision à très haute définition qui verra le jour dans une dizaine d'années ?

Le seul avantage de ces procédés bas et mesquins est qu'ils nous font voir la vie réelle d'une manière bien plus nette.

Réagissons ! Ne tolérons plus le moindre flou !

Les sociétés doivent absolument adopter des logos flous. Cela permettrait au moins d'introduire une certaine pagaille dans l'univers des flouteurs invétérés.

Moralité : plus on est de flous, plus on nuit.

mardi 18 avril 2006

Printemps : geranium nullium

Lorsque l'on demande à quelqu'un de citer un tableau célèbre, c'est très souvent la Joconde qui remporte la palme. S'il s'agit d'un compositeur classique, c'est Mozart ou Beethoven. Tout est une question de références.

Dans notre société la masse des connaissances disponibles est devenue si importante qu'une seule personne ne peu pas tout savoir. Paradoxalement, pour survivre, il faut connaître un maximum d'informations.

Le cerveau humain est une machine extrêmement bien construite. Il a appri à analyser l'information, aussi complexe soit-elle, à la synthétiser, à l'édulcorer, à la nettoyer afin d'en garder uniquement l'essentiel. La phrase bien connue "Ce matin un lapin a tué un chasseur, c'était un lapin qui avait un fusil" pourrait être interprêtée comme : "Les lapins sont des tueurs". Information inexacte, certes, mais essentielle à la survie de l'espèce.

Pour se mettre en valeur dans les cocktails, il faut posséder une culture de surface. La surface la plus grande possible, mais avec une profondeur très faible. Il faut en savoir le moins possible dans le plus grand nombre de domaines, ce qui permet d'agrémenter les discussions de toutes sortes et dans tout milieu. C'est là que le génie de l'humain entre en action. Parlons cinéma, avez-vous vu le dernier Claude Berri ? Littérature, le dernier opus de Dan Brown est une merveille ou encore jardinage, j'adore les géraniums.

Non, pas les géraniums ! Les jardinières fleuries des balcons vous remercieraient. Voilà encore un paradoxe, car s'il est un domaine, somme toute très personnel, c'est bien le jardinage. Dans ce hobby l'être humain peut laisser courir son imagination, faire d'incroyables expériences, découvrir de fabuleuses espèces. Eh bien, que nenni ! Il plante des géraniums.

En Suisse, il est obligatoire de planter des géraniums. C'est un acte inscrit dans la constitution. Mais pourquoi cette plante remarquablement laide fait-elle autant d'adeptes ? Google ne s'y trompe pas: 6'430'000 pages sur les géraniums contre 545'000 sur les azalées. Pourquoi cette géraniacées qui sent le vieux bouc a-t-elle conquis nos terrasses et jardins au point de les faire ressembler à des Garden Center suisse-allemands ?

L'explication est liée à plusieurs facteurs. Le premier est la dégénérescence de l'espèce (la plante, pas l'humain !). Avez-vous déjà vu un vrai géranium ? Comme ceux qui poussaient à l'époque de Jules César ? C'est comme comparer un sanglier à un cochon. A force de sélection, marcottage et bouturage, nous sommes arrivés à fabriquer une plante mutante résistante à tout. La sécheresse, les maladies, les tailles ratées, même un accident atomique n'annihilerait pas cette robuste et indestructible erreur génétique. C'est la plante idéale pour les mauvais jardiniers en herbe que nous sommes.

La simplification dans la production et la vente de cette plante a été un catalyseur pour sa prolifération. Pas besoin de gants, de pots ou de température critique pour cette plante. Un géranium c'est increvable ! Les commerçants l'on bien compri et choisissent délibérément de vendre uniquement du géranium, au risque de voir disparaître d'autres plantes bien plus belles, mais plus difficiles à cultiver.

Il fait beau, le soleil brille, c'est le printemps. Dans toutes les bonnes jardineries s'organise la semaine du géranium ! Apportez vos bacs, on vous les plantera gratuitement. Des dunes, des montagnes de géranium envahissent les parkings des magasins. Et les suisses se ruent sur le dernier géranium à la mode : le rouge pour changer. De toute façon, on n'a pas le choix.

Votre voisin a de plus beaux géraniums que les vôtres ? Avez-vous essayé le nouvel engrais "Hauer Osmocote" à 18 € les six capsules ? Et le dernier terreau à base de lisier de poule du Jura ? Et pourquoi, cette année, ne planteriez-vous pas tout simplement autre chose ?

Essayez de faire preuve d'imagination. Plantez de vraies plantes qui sentent la rose ou le citron. Des fleurs aux couleurs variées et aux pétales de plus d'un centimètre. Plantez des framboises ou des lardons. Plantez des gallinacées ou du bambou. Mais surtout, pas de géranium. Non, vraiment, pas de géraniums cette année, s'il vous plaît!