jeudi 18 mai 2006

Tout va mal

J'ai l'impression que toute ma vie va de travers. Une sorte de déraillement général qui fait un maximum de victimes collatérales. J'ai 47 ans et tout a commencé lorsque ma femme m'a quitté.

Elle est partie avec ma voiture, mon chien, mes deux enfants et leurs pères génétiques... C'est vrai que Daniel, mon ainé ne s'entendait pas très bien avec moi depuis quelques années. Je pensais que c'était une crise d'adolescence. Mais quand il m'a menacé avec ma carabine et que ma femme a pris sa défense, j'ai compris que la situation était irrécupérable.

Ce matin j'aurai souhaité avoir une raison de me lever. J'ai perdu mon emploi il y a deux mois et je n'y suis pas encore habitué. Je n'y attachais pas une grande importance, j'étais gardien de nuit, mais j'aimais cette activité. Mon chef m'a annoncé qu'en raison de mon âge, il était temps d'envisager une nouvelle orientation professionnelle. J'ai bien compris le "Dégage! T'es trop vieux".

Le pire n'est pas le chômage, qui me verse 80% de mon salaire. Mais une fois payés la pension de ma femme, le loyer, le leasing de la voiture et l'emprunt sur la maison, il ne me reste presque plus rien. En plus, c'est ma femme qui a gardé la maison.

Mon médecin m'a annoncé que j'avais de l'hypertension. Il a ajouté qu'à mon âge et dans ma condition physique, c'était normal. Je suis malade et la science m'assure que c'est normal. Désormais, je suis condamné à prendre 8 petites gélules rouges et jaunes tout les matins sous peine de mourir prématurément comme un fruit sec. Même mon assurance maladie refuse de me rembourser les frais médicaux.

J'ai un voisin d'immeuble, je ne comprends pas. Pour lui tout va bien; c'est un optimiste de nature. Il est toujours de bonne humeur. Je l'entends encore me dire "Bonjour monsieur Vachon, comment allez-vous par ce magnifique jour de printemps ?". Pff! Il me fatigue, lui, sa femme, et ses "magnifiques enfants".

Je ne sors plus, j'ai baissé les stores, et je déprime. Ma vie est un enfer. L'immeuble dans lequel j'habite est construit comme un mille feuilles. Les murs sont poreux et amplifient tous les bruits. Mon voisin vient d'acheter un nouvel appareil. Une machine automatique à faire du pain, j'imagine. Il ne peut pas s'empêcher de faire son pain tout les matins à 7h. Comme s'il ne pouvait pas se rendre à la boulangerie comme tout le monde. Tiens ! Le voilà qui sonne à ma porte. Que me veut-il encore ? Je ne le supporte plus.

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