samedi 6 mai 2006

Le droit au dopage


La lutte contre le dopage coûte bien trop cher. Une solution évidente à laquelle personne n'a encore pensé est de favoriser le dopage en le légalisant. Les sommes englouties par les laboratoires d'analyses d'urines verdâtres et de sang suroxygéné, par les milliers de personnes effectuant des contrôles surprise tous les mardis à 16h30 et par toutes les campagnes de prévention pourraient être versées à des ONG.

Pour quelques centaines de morts par an sur les stades, dans les piscines, ou au cours des multiples tours cyclistes, des dizaines de milliers de vies pourraient être sauvées dans les pays du tiers monde. Alors que dans ces pays défavorisés les gens ne meurent pas volontairement, nos sportifs d'élite auraient l'occasion de mourir de leur plein gré sur une marche de podium.

Cette promotion du dopage légal éviterait également tous les cas de sportifs drogués à leur insu. Plus besoin de chercher les coupables, puisqu'il n'y aurait plus de délit. Aucune loi n'interdit de trop manger et depuis la grande bouffe on sait qu'on peut en mourir. Alors la légalisation du dopage éliminerait toute nécessité d'effectuer des enquêtes compliquées. Un coureur couvre le 100 mètres en moins de 3 secondes et meurt instantanément à 102 mètres du départ ? Aucun problème; il a simplement pris un peu trop de benzopropanol. Quoi de plus distrayant au cours d'un match que de voir un joueur s'évaporer par combustion spontanée, ou bien voir la couleur de sa peau passer d'un beau bleu fluo à un orange vitreux avec des raies blanches. Voilà qui égayerait un peu nos week-ends.

Enfin les archers pourraient prendre en toute impunité des médicaments anti-Parkinson. Des basketteurs de trois mètres de haut pourraient mettre des paniers sans sauter. Des joueurs de billard pourraient se faire greffer un laser de visée dans un œil ou un servomoteur dans le coude et l'épaule. Les footballeurs auraient le droit d'avoir des jambes démesurées, un tout petit corps et une tête en forme de raquette perchée à trois mètres de haut. L'avantage serait tout relatif puisque les gardiens de but auraient des bras de deux mètres et des mains gluantes.

La devise de Pierre de Coubertin serait modifiée de "L'important est de participer" en "Battre un record et mourir". Mais pourquoi réserver le dopage aux seuls sportifs ? Toutes les professions doivent en profiter. D'ailleurs les photographes ont pris les devants. Il semblerait qu'il y en ait déjà qui sniffent du fixateur pour photo. Et ça, c'est révélateur!

Moralité: le dopage doit être accessible à tous. Même les livres auront leur dopage.

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