lundi 24 avril 2006

Lois 'rustines'

Après le floutage de marques, le floutage de gueule.

Le floutage (masquage des marques) imposé par le CSA illustre de manière parfaite la totale aberration de certaines lois. Bien sûr qu’il faut des règlementations ; mais depuis quelques années on assiste à une dérive due à l’introduction de lois et de règlements dont les effets de bord (effets secondaires pour les enseignants ou effets indésirables pour les médecins) sont parfois pires que l’absence de règlement. Le peu de lois simples, efficaces, protégeant vraiment les personnes qu’elles sont censées protéger incite vraiment à penser que lois ne sont que de vulgaires rustines, décrétées à la va-vite sans toujours en prévoir les contournements. J’en veux pour preuve les modifications continuelles des règlements et textes de loi. Messieurs les décideurs, une loi n’est pas une promesse électorale, ni un argument de vente. Contrairement à vous, elle est censée durer.

Que fait un téléspectateur moyen face à une émission floutée ? Il essaie de reconnaître ce qu’on veut lui masquer. Résultat : la loi va exactement à l’envers du but poursuivi. Lorsque la surface à flouter est supérieure à 15 ou 20 pourcent de l’image ou lorsqu’une marque prend une telle place que le floutage pourrait laisser penser que le téléviseur est hors d’usage, on agit autrement : on retourne horizontalement l’image.

Stop ! Le monde n’est pas symétrique, alors pourquoi proposer une image irréelle, totalement fausse ? Quel est l’imbécile qui pense qu’une marque inversée n’est pas reconnaissable ? Je pense à ce pauvre crocodile né dans les années trente. Qu’il tourne la tête à gauche ou à droite ne change pas grand-chose au fait qu’il s’agit d’un crocodile souriant dont les chaussures sont des Lacoste.

Un des buts du floutage est, semble-t-il, de ne pas léser ou privilégier une marque par rapport à ses concurrents. Ineptie pour ineptie, il suffirait, lorsqu’une marque apparaît à l’écran, de montrer toutes les marques apparentées au même type de produit. Par exemple dans une bande au bas de l’écran où elles défileraient à grande vitesse. Ce défilement à vitesse supersonique est d’ailleurs utilisé pour les génériques de fin d’émissions. Non, les médias ne pensent pas que tous les téléspectateurs ont pris des cours de lecture rapide. Ils se fabriquent uniquement une bonne conscience ; ils sont « en règle avec la loi ». Après tout, il suffit d’enregistrer l’émission et de la passer à l’extrême ralenti.

Vivement qu’une nouvelle marque s’appelle Vendredi. Imaginez le floutage auditif du mot vendredi dans toutes les émissions (y compris la météo).

Moralité : hypocrisie, hypocrisie ! Vive l’hypocrisie !

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