lundi 3 avril 2006

On patauge dans le yaourt

Pour une fois cette célèbre expression n'est pas au sens figuré mais bien au sens propre. Au propre, c'est beaucoup dire d'ailleurs. En effet, certaines marques de yaourts que l'on trouve dans nos magasins d'alimentation n'ont rien de très propre. Vous ne voyez sans doute pas où je veux en venir, alors cessons de tourner autour du pot et détaillons le sujet de manière scientifique.

Un pot de yaourt, c'est quoi ?

  • c'est un respectable réceptacle généralement en matière plus dure que le contenu qu'il est sensé contenir. Généralement non poreux, parce que ça ne fleurerai pas top dans le frigo.
  • un couvercle qui permet de l'ouvrir une seule fois de manière rapide, afin de se délecter au plus vite du nectar ventriculaire.
  • Mais avant tout, c'est un contenu, en général une matière gluante et collante souvent de couleur claire, parfois avec des intrus appelés "morceaux de fruits" et un léger goût de quelques chose qui nous rappelle un vague produit issu du milieu agricole (en général, fraise, mocca, ou ananas parfois les trois en même temps).

Voyons maintenant comment les fabricants de yaourt s'y prennent pour nous compliquer la vie. "Nous compliquer la vie ???" Mais il est fou, c'est pas compliqué un pot de yaourt me direz-vous ? Depuis quelques années déjà, pour diverses raisons que nous allons évoquer plus loin, le yaourt de base a complètement changé. En bien ou en mal, à vous d'en juger.

Le pot tout d'abord. Il y a très très longtemps (au moins 100 ans), le pot était en verre. Il y a très longtemps (au moins 10 ans) il était constitué d'une pièce en plastique sur laquelle étaient imprimées diverses propagandes publicitaires à propos des vertus de manger du flan. Maintenant, c'est bien différent. Prenons les yaourts de base que l'on trouve à la Migros (chaîne suisse de supermarchés pourvue de plusieurs maillons faibles). Le pot, c'est quelque chose à voir! D'abord une première pièce en matière synthétique, une sorte de PVC mou et blanc, soi-disant moins polluant dans la nature (c'est la Migros qui le dit… pas les castors…) par-dessus, une pièce de carton sur laquelle figure toujours ce slogan alimentaire.

Quand on jette le pot à la poubelle, deux solutions. Mauvais écologiste, je jette rageusement et rassasié mon pot directement aux détritus, ou alors helvète abouti comme l'est le suisse allemand de base, je démonte mon pot en deux pièces que je jette dans mes deux poubelles destinées au plastique et au carton (la jaune et la verte).

Fatiguant ! C'est compliqué et stupide, je propose de simplifier le problème. Imprimons directement la propagande migrosienne sur le pot en plastique mou et abandonnons la partie carton au profit de la forêt amazonienne. Pas bête ! Voilà une idée qu'elle est bonne. Enfin, on l'avait déjà eue il y a 10 ans. D'ailleurs, il y a 10 ans, on faisait même mieux, la propagande figurait uniquement sur le couvercle, on n'imprimait rien sur le pot.

Le couvercle, ou opercule pose également problème. Chaque année les laboratoires Nestlé innovent et pour une fois, l'ingénieur qui s'en est occupé n'est pas tombé dedans (le yaourt donc). Vous voyez de quoi je parle ? Non ? Le couvercle en plastique !!! Enfin une idée géniale. Une simple feuille de plastique collée sur le dessus du pot qui fait office de capuchon. C'est vrai, souvenez-vous du passé, le couvercle en aluminium (ça coûte cher l'aluminium). On tirait sur la languette afin d'ouvrir le pot et huit fois sur dix, on déchirait l'alu. Et là, c'était foutu, la guerre des nerfs commençait. Il fallait délicatement, au risque de ce planter de fines lamelles d'alu sous les ongles, retirer tous les restes d'alu autour du couvercle. Tâche très difficile, parfois même impossible. L'alu, très bon nageur, profitait d'un moment d'inattention pour plonger dans le yaourt au caramel. C'était dégueulasse. D'ailleurs c'est pour ça que jusqu'à l'âge de 20 ans je ne mangeais pas de yaourt. J'avais bien essayé, mais tant que je n'avais pas retiré tous les restes d'alu du pot, je ne pouvais manger mon yaourt. En général, quand j'avais terminé, le yaourt avait tourné et prenait une odeur innommable.

Bref, on vit une époque formidable. Mais alors, pourquoi certains fabricants primitifs continuent-ils à mettre des couvercles en alu ? Pourquoi s'acharnent-ils à nous détruire nos fins des repas ? Peut-être que la machine à coller les couvercles a coûté tellement cher qu'ils ont calculé l'amortissement sur 226 ans ?

Venons-en au contenu. A la base c'est un produit laitier simple. Une sorte de lait assez fermenté pour donner du yaourt, mais pas assez pour obtenir du fromage. Un fabricant ne le voit pas du tout de cet oeil. Pour lui un yaourt, c'est un coût de fabrication. Le principe étant de baisser le prix de la tonne sans toucher au poids de la tonne. Les consommateurs, quant à eux sont des vaches à lait friandes de produits doux et sucrés qui achètent de la gelé blanche au gramme. On peu aussi définir le yaourt comme une base neutre, sans goût, sans odeur et sans texture sur laquelle un vicieux ordinateur automatique va ajouter des colorants, des goûts artificiels et des petit morceaux de déchets carnés et faisandés pour créer une texture (parfois c'est aussi de l'éponge).

Il ne se passe pas une année sans que l'on invente un nouveau yaourt encore moins dangereux pour la santé. A chaque fois les fabricants nous promettent monts et merveilles: toujours meilleur pour la santé que le précédent. Je me souviens de l'année où une grande marque avait innové avec un yaourt dépourvu de produits laitiers. Une sorte d'huile de tournesol gélifiée, soit disant 100 % naturelle (c'est la pub qui le disait !). Imaginez le tableau, un pot rempli d'une vieille huile émulsifiée avec un léger goût de chocolat ou de banane.

On a aussi connu la tendance "Le yaourt est un complément alimentaire et vous apporte tout ce qui vous manque: LC1, Omega 3, Bifidus et compagnie". Non mais ils plaisantent les tartés du marketing ??? Si notre alimentation supposait une quelconque carence, cela fait longtemps que l'humanité aurait disparu. En l'occurrence ce n'est pas le cas, bien au contraire.

Mais le plus beau, c'est les pots 0 %. Génial, mes préférés ! Pas de graisse à l'intérieur. Rien, niet, nada ! C'est pas très éthique de jouer sur les méfaits de la sédentarité pour culpabiliser nos riches bourgeoises à propos des graisses qui obstruent leurs canapés. Le problème principal, ce ne sont pas les graisses dans l'alimentation (c'est un problème important certes) mais bien le manque d'activité physique en général. La plupart des gens à notre époque stagnent devant la télévision à regarder des publicités qui vantent des produits qu'ils sont en train de consommer la télécommande à la main.

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