samedi 1 avril 2006

La recherche informatique

On assiste depuis quelques années à un comportement qui est en passe de changer nos habitudes de vie : la recherche effrénée d’informations. Avant Internet, la recherche ne préoccupait personne sauf, bien entendu les chercheurs, qui d’ailleurs trouvent rarement ce qu’ils cherchent. A cette époque les recherches se résumaient à ouvrir l’annuaire téléphonique pour chercher urgemment un médecin ou le dictionnaire pour chercher le sens d’un mot de neuf lettres apparu dans un jeu télévisé. A part cela, jamais personne ne cherchait quoi que ce soit.

Or, tout à coup, il devient impossible de vivre sans chercher. Chercher quel temps il fera à Noël prochain. Chercher des tablatures pour une chanson de Brassens. Chercher le dernier tube des chaussettes noires en MP3 et si possible gratuit. Chercher la solution d’un devoir de math. Chercher la dernière illusion d’optique à la mode. Chercher le numéro de téléphone de son voisin. Chercher une recette à base de champignons et chantilly. Ou encore chercher dans le vague sans savoir exactement ce qu’on cherche. Essayez d’imaginer la journée type d’un adolescent ou d’un connecté à Internet en l’absence totale de moteurs et de sites de recherche. Un calvaire !

Même les chercheurs cherchent. Le premier réflex avant même d’entreprendre n’importe quelle tâche ménagère, intellectuelle, sociale, ou autre est de se ruer sur son Toogle favori afin de savoir si quelqu’un l’a déjà fait. Si oui, la recette est simple :

  • copier coller
  • apporter quelques modifications personnelles
  • en parler à ses amis
  • publier rapidement le résultat sur Internet

Et cela fonctionne. Cette culture de surface, ce verni de savoir, ce semblant de puissance courent les autoroutes de la désinformation. Tout n’est que répétition et déformation. Tout un chacun a l’impression d’être un cyber-professeur, un pilier de la connaissance. Mais lorsqu’une vraie question se pose, une bien dodue et poilue, vous pouvez toujours chercher. Les as de la débrouille, les caïds des critères pointus sont aux abonnés absents. Comment faire, alors ? C’est scandaleux, la réponse n’est pas sur Internet. Il va falloir travailler et réfléchir, comme il y a vingt ans ; ce n’est pas très moderne.

La diffusion de l’information à outrance a un goût de liberté et de convivialité, mais sa pertinence est à prendre avec des pincettes. Après la fièvre de la recherche viendra certainement d’ici peu l’obsession du filtre.

Moralité : sur Internet, quand on cherche, on trouve toujours, mais dans quelles conditions !

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