jeudi 11 septembre 2008

Trou noir. (3) on en fait quoi?


Genève devient la poubelle du monde, et Paris reste la plus belle du monde. L'utilisation du trou noir du CERN commença timidement. Chaque pays disposait de trois jours d'utilisation de ce sac à ordures peu avouables.

Au début chacun voulait faire ses expériences. Lancer une balle de tennis, puis, une machine à laver ou une petite voiture. Lorsque les gouvernements ont vraiment compris l'intérêt de ce trou noir, ils se mirent à apporter leurs pires casseroles, à tous les sens du terme.

Le CERN devint vite un paradis de la destruction et une sorte d'amnistie tacite fut admise. Ce qui fut déversé dans le trou noir dépassa vite l'entendement. Et il y en avait de plus en plus; à tel point qu'il fallu construire un injecteur-accélérateur afin d'envoyer de plus en plus de matière dans un minimum de temps. Le trou noir, lui, n'a pas de limite.

Les premiers pays vidangeurs (l'ordre alphabétique fut choisi, au grand dam des USA) transmirent leurs impressions aux suivants afin de profiter au mieux du temps qui leur était imparti. Après quelques mois, la confiance aidant, on assistait à une noria d'éboueurs de luxe.

Avec l'excuse de nettoyer la planète de tout ce que l'homme y a généré de plus sale et indestructible, certains pays ne prirent même plus de précautions et ce dont ils se débarrassaient était visible de tous.

De la drogue, des déchets radioactifs, des documents bancaires hautement compromettants, des produits bactériologiquement et chimiquement très dangereux, des souches de virus ultra résistants, des déchets issus de l'industrie pétrolière, des sous-marins atomiques russes rouillés, des paquebots à désamianter coupés en marceaux de taille raisonnable, tout y passe. Un garde prétend même avoir vu plusieurs "créatures" extraterrestres être subrepticement lancées dans le trou noir.

Dès le début de cette opération, les gouvernements ont décidé de ne rien s'interdire et de n'effectuer aucun contrôle sur la nourriture du trou noir. Des bruits courent que dans quelques pays les prisons de condamnés à mort se sont spontanément vidées. D'autres pays n'avaient tout à coup plus de prisonniers politiques.

Un peu moins d'une année s'écoula avant que toutes les nations qui avaient des raisons d'utiliser les services du CERN puissent le faire. En l'espace d'un an la planète fut débarrassée de ses plus dangereux polluants. On songea alors à utiliser le trou noir pour les détritus urbains habituels. La vitesse de l'injecteur n'ayant cessé d'être revue à la hausse, les volumes traités étaient gigantesques.

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