lundi 7 avril 2008

Monde agressif et incompétent


Quel rapport peut-il bien y avoir entre une pomme, une bouteille de champagne, une compagnie d'aviation et une banque ? La réponse est simple: agressivité, incompétence, intérêts financiers. Il s'agit des trois principaux piliers de la décadence de notre société. Le malheur veut que seul un infime pourcentage de la population cumule et entretient ces tares: les décideurs, qui sont d'ailleurs souvent aux manettes de la finance.

L'agressivité leur est insufflée par le système auquel ils appartiennent, alors que l'incompétence, ils l'ont patiemment et inconsciemment cultivée. En effet, la plupart des riches entrepreneurs actuels n'ont probablement pas contribué à la construction de leur gagne-pain, mais l'ont le plus souvent hérité. Malheureusement pour eux, et surtout pour nous, l'intelligence et la compétence ne sont pas vraiment héréditaires.

L'argent pousse souvent à compenser la déficience des facultés intellectuelles (au sens large), par une armada d'avocats et de juristes. Quel beau métier! Moi aussi je veux être avocat, et si possible aux Etats-Unis.

L'isolement par couches concentriques, l'effet d'"aimant financier", le besoin de marquer son territoire, de défaire ce qui fonctionne parfaitement et le refus de prendre des responsabilités ne produisent le plus souvent qu'aberrations et incohérences, sans qu'il soit toujours possible de montrer du doigt un coupable. Alors on dit "c'est le système qui veut ça".

Un retour à la normale, c'est-à-dire à une situation acceptable d'il y a quelques décennies, est impossible, ou du moins très improbable. Nous sommes donc condamnés; notre civilisation va s'éteindre. Elle aura duré bien moins que celle des Maya ou des Egyptiens. Nous ne somme pas meilleurs, car probablement, nous n'étions pas prêts à assumer un tel rythme de développement. S'il était possible d'établir un bilan vraiment global de nos derniers siècles de progrès en tous genres, nous serions sans doute dans les chiffres rouges.

La pomme est un fruit de discorde depuis la nuit des temps, lorsqu'un beau jour, Eve, merci madame, a croqué ce fruit. Première victime de phishing, elle nous a privés à tout jamais d'un paradis dont nous nous serions certainement accommodés.

Blanche-neige a vaguement essayé d'imiter son aïeule, mais n'a récolté qu'un frêle prince charmant en collants roses.

Et voilà que la marque d'ordinateurs qui se veut sans pépins (probablement une pomme stérile) envisage une action en justice contre la ville de New-York pour l'utilisation d'un logo en forme de pomme. La chronologie s'inverse et les puissances financières réussiront peut-être là où les scientifiques ont échoué, à savoir changer le sens du temps.

New-York est surnommée "The big apple" depuis les années vingt, époque à laquelle Steve Jobs avaient environ moins trente ans. De plus, le logo new-yorkais ne ressemble vraiment en rien à la pomme arc-en-ciel. Enfin, en quoi cela peut-il porter préjudice à un fabriquant d'ordinateurs ? La réponse est a chercher du côté de l'"aimant financier", l'argent attire l'argent. Une armada de juriste doit bien faire de l'exercice pour entretenir ses belles canines. Les Beatles en ont fait l'expérience, eux qui, aussi, existaient avant l'ordinateur le plus plat du monde.

Dans certains pays, il est interdit de donner à une société un nom commun, par exemple maison, eau, table ou arbre. Il s'agit d'une mesure qui peut éviter bien des problèmes. Si actuellement de telles aberrations sont des cas isolés, il suffirait que des "sociétés-objets" se multiplie pour voir augmenter le nombre de procès en tous genres. Ainsi, Madame Lego doit changer son nom car il porte atteinte à l'image des enfants du monde entier. Un site qui utilise le mot caddie au lieu de panier aura affaire à la toute puissante justice. Et pour peu qu'une société s'appelle "Panier S.A" il ne sera plus possible d'acheter sur internet, à moins de déposer ses course dans une chaussette, un préservatif ou une coquille d'escargot... et encore.

Un petit village suisse répondant au pétillant nom de Champagne produit du vin depuis au moins 800 ans. Il s'agit donc forcément de vin de Champagne, un chasselas non mousseux qu'il est impossible de confondre avec du Champagne. Les 650 habitants de cette bourgade dont le nom date de 150 après J.C. produisent environ 50'000 bouteilles de vin par an, alors que la région française de Campagne en produit plus de 250 millions par an, soit 5'000 fois plus. Il se trouve qu'une décision de justice empêche ce village de vendre du vin sous son vrai nom.

Pour le moment, il existe une limite qui rétablit une certaine équité: la durée de vie. C'est mince, mais très consolateur pour un citoyen lambda, de savoir qu'il peut vivre aussi vieux qu'un PDG de multinationale, et probablement avec moins de soucis.

PS: pour la banque et la compagnie d'aviation, chacun en déduira ce qu'il veut.

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