mardi 22 avril 2008

L'art est nié


Le 7ème art est à l'agonie. Il a déjà sa bobine dans la tombe. Sa mort ne sera visible qu'à la télévision. Mais pourquoi tuer l'art, alors qu'il suffit de tuer le cochon ? L'art, quand ça se détraque, n'est plus un art mûr, c'est un art mort, d'un coup dans les côtes.

Le cinéma va mourir d'avoir trop dragué ses spectateurs. Son côté sexy l'aura perdu. Il s'est trompé de cible. Il a attiré ses assassins et repoussé ses admirateurs, à force de miser sur la quantité plutôt que sur la qualité. Ce n'est pas de la substance des films dont il s'agit, mais des spectateurs et des salles de projection.

Au siècle dernier, on allait encore au cinéma, dans le sens d'aller voir un film. Actuellement on se rend dans une salle plus ou moins obscure, éventuellement pour voir des taches de lumière sur un écran, mais surtout pour bien d'autres raisons.

L'être humain a changé à tel point qu'il lui est actuellement impossible de rester 90 minutes sans manger. Le cinéma n'est plus un lieu de culture, tout au plus l'annexe d'un fastfood. Les exploitants ont cédé au modernisme, au syndrome de l'enfant-roi ou plutôt du client-roi. Quel est l'aliment qui gêne le plus l'audition d'un film à part les popcorns et les chips ? Il n'y en a pas; si, éventuellement les carottes ou les sardines grillées; très grillées, quand elles croustillent sous la dent.

Dans toute bonne salle de cinéma on voit débarquer des personnes chargées de mètres cubes de victuailles; des cartons de popcorn tellement démesurés que, s'il n'était pas compressible, une seule dose pourrait nourrir une famille pendant plusieurs années.

Il arrive même qu'un couple fasse plusieurs voyages entre la buvette et leur emplacement privilégié à l'extrémité du premier rang, afin de stocker toutes leurs provisions alimentaires. Sans compter plusieurs litres de boissons gazeuses par personne.

Le brouhaha est tel que l'on se prend parfois à regretter de ne pas se trouver dans un restaurant. La viande et la purée font bien moins de bruit. Qui dit repas en famille dit également borborygmes de toutes sortes, provoquant des rejets aux trois extrémités du tube digestif (parfois le nez est de la partie), avec les odeurs correspondantes, tellement caractéristiques.

Le seul moyen de s'en sortir est de choisir des films dont le niveau sonore est très élevé ou bien des navets. Vive le cancer des popcorns! Malheureusement, s'il ne reste qu'un gouffre à popcorns dans la salle, il sera forcément assis à côté de vous.

Chers exploitants de salles ténébreuses, le mot "exploitants" vous sied à merveille. S'il avait fallu trouver un moyen radical pour tuer le cinéma, personne n'aurait pensé au popcorn. Vous, si. Vous êtes des bourreaux de génie. Vous vendez des places hors de prix, vous vendez des armes de destruction massive, puis vous vous étonnez de la baisse de fréquentation de ces lieux que vous avez rendus si mal famés. Aucune loi ne vous obligeait à agir de la sorte. Si vous l'avez fait pour copier la concurrence, c'est encore plus impardonnable.

Dans un proche avenir nous vous remercierons de nous avoir obligés à regarder les films en DVD, terrés dans nos WC. Au caaaalme!

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