mardi 20 novembre 2007

Visite d'un musée en l'an 2173.


Nous sommes en 2173 dans le Grand Musée de l'Humanité de Bruxelles. Pour cette première visite, nous nous limitons au premier étage où sont exposés des objets aujourd'hui disparus. En voici un bref inventaire:

Une vitrine blindée contient les derniers spécimens de téléphones portables. Rappelons que ces embryons d'appareils communiquant sont en grande partie responsables de l'éradication la moitié de la population mondiale, à cause des tumeurs du cerveau qu'ils provoquaient.

Les deux derniers timbres postes, émis en 2021 par les Postes chinoises sont fièrement exposés à côté d'un objet d'origine incertaine que d'aucuns prétendent être une faucille. Rappelons que les timbres poste devaient être collés sur les lettres avant leur expédition et représentaient une source de revenu non négligeable pour l'Etat.

On trouve également le dernier "four à micro-ondes" autorisé à la vente qui s'est attiré les foudres des médecins à cause de son pouvoir destructeur de vitamines et d'oligo-éléments. Une affiche nous rappelle que des extra-terrestres on repéré notre planète précisément grâce à leur rayonnement électromagnétique.

Sur un vieux banc, on aperçoit un moulage du dernier élève en train de réfléchir, produit en Chine et reconstitué en Europe à l'identique.

On trouve également une Smart en bon état de conservation. Il s'agit d'une voiture de petite taille destinée aux couples stériles, et qui a eu un grand succès suite au fameux problème de fuite de radio-isotopes qu'à connu l'Europe occidentale, déclenché par erreur en 2011 par le président français Sarkozy.

Un des objets les plus précieusement gardés du musée est un litre de pétrole brut, le dernier extrait du sous-sol terrestre. A côté de lui trône un bocal d'un demi-litre d'essence sans plomb. L'autre demi-litre existant à l'heure actuelle se trouve au bureau des poids et mesures à Sèvres, dans le Parc de Saint-Cloud près de Paris. Sous bonne garde, ces échantillons pourraient servir de référence si un jour du pétrole est à nouveau découvert.

Moins intéressant, mais instructifs pour nos enfants, on peut également voir le dernier poulet, taxidermisé, suite à l'extinction de l'espèce pour cause de grippe aviaire en 2083.

Les problèmes liés à la santé ont été dévastateurs durant ces deux derniers siècles. Ainsi, on peut voir sur une étagère un broncho-dilatateur utilisé par les asthmatiques jusqu'en 2045. Cette famille de médicaments a été complètement abandonnée depuis que cette catérogie de malades a disparu à cause de la pollution.

On peut également admirer la photo du dernier hôpital en service près de Shanghai. Elle date d'une époque où l'on essayait encore de sauver la vie des gens avant de les recycler.

Un poster représentant la pleine lune nous rappelle qu'avant de s'écraser sur l'Australie, ce corps céleste, satellite de la Terre, était responsable des marées, ce phénomène surprenant qui consistait à augmenter ou diminuer périodiquement la hauteur des océans. Lors de l'accident, en 2073, les chercheurs et astronomes australiens n'ont rien vu venir, juste une grande ombre soudaine.

Le musée expose également une carte mémoire de capacité illimité, datant de 2049 (à en croire son hologramme), sur laquelle a été stockée l'intégralité du web, ainsi que son backup, avant que Google ne le déconnecte en signe de protestation. Malheureusement, le lecteur pour ce type de mémoire a disparu lors d'un déménagement.

Dans une petite cabine obscure, sous l'objectif d'un microscope, on peut admirer les deux derniers bits utilisés: un bit à 1 et un bit à 0. Pour mémoire, c'est seulement en 2102 que le bit fut remplacé par le trit, le digit ternaire avec lequel tous nos appareils à intrication fonctionnent encore actuellement. Rappelons que le trit a été inventé par un chercheur belge.

Le dernier livre intact, retrouvé en 2098, est un catalogue de la Redoute. Il figure également en bonne place dans le musée.

Suite à la disparition des nombres entiers, il a été décidé d'en préserver deux. A partir des années 2100 on avait pris l'habitude de calculer avec une telle précision que seuls les nombres à virgule subsistèrent. Avec les nombres entiers disparaît également l'un des plus grands fléaux de l'humanité: la division par zéro.

L'"objet" le plus récent du musée est constitué par les dix dernières décimales du nombre pi, qui ont disparus il y a une vingtaine d'années. Elles sont affichées sur un écran fluorescent: 4533512882.

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