mardi 2 janvier 2007

Cordonniers de l'information

Les cordonniers de l’information sont les plus mal chaussés. Le web a été inventé en Suisse. Mais ce pays et ses habitants sont des sinistrés de l’information. Il faut vraiment chercher pour trouver un pays aussi retardé dans le domaine de l’internet.

Alors que dans la plupart des pays européens on trouve des forfaits globaux (téléphone, télévision, internet, et plus si entente) pour 20 à 30 Euros, les internautes suisses ont encore le privilège de voir passer les bits un à un, tout en étant soumis à des tarifs prohibitifs.

La Suisse peut se targuer d’avoir inventé les sentiers de l’information. Pour 30 Euros on dispose tout juste d’internet avec des débits qui ne figurent même plus dans aucun catalogue. Au lieu des 20 Mb/s habituellement disponibles, le pays de la force tranquille compte encore en bits par seconde. Oui, mais des bits chromés, indestructibles, certifiés, uniquement des uns ou des zéros, enfin semble-t-il.

Il est vrai que les suisses sont lents. A durée de vie égale, ils parlent deux fois moins, mangent deux fois moins que les français. Consolation : ils dorment aussi deux fois moins. Pour gérer l’information de ces déshérités de la vitesse, il fallait des organismes de contrôle et de diffusion qui soient à la hauteur. Et sur ce point la Suisse possède ce qui se fait de mieux en matière de lenteur des décisions, de monopoles dorés, parfois même entachés d’un brin d’incompétence si rassurante. Tout est figé à l’Araldit, autre invention suisse.

Le reste de la planète envie le réseau internet suisse. On ne parle plus de toile, mais de glue informatique. A se demander s’il n’y a pas encore, par endroit, des relais à base de signaux de fumée. En Suisse, le phénomène de piratage informatique est moins problématique qu’ailleurs. Le moindre téléchargement d’un film demande plusieurs mois. A tel point que parfois, on commence à télécharger les «bronzés 2 » et on se retrouve avec la fin des « bronzés 3 », sorti entretemps. En Suisse, le téléchargement d’un album de musique sur un réseau « pire du pire » (oui, c’est leur nom helvétique) revient bien plus cher que l’achat du CD original. Voilà pourquoi la Suisse crée des envieux dans l’industrie des divertissements.

Moralité : vous n’avez jamais connu de homepages qui s’affichent en dix minutes ? Vous avez oublié qu’une pièce jointe augmente la durée d’envoi d’un e-mail ? Vous pensez que sur YouTube on clique et on voit ? Venez en Suisse, le musée du web sans les nouveautés !

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