dimanche 23 août 2009

La mort des eBooks


Les eBooks vont probablement mourir avant de naître, phénomène assez rare pour le souligner. On nous bassine depuis des années avec les livres électroniques, technologie moderne, écologique et pratique.

Mis à part le fait que feuilleter physiquement un livre ne pourra certainement jamais être remplacé par un moyen électronique, les raisons pour lesquelles le marché du eBook tel qu'il est actuellement conçu va droit dans le mur sont évidentes. Une fois de plus, ces chères multinationales de l'industrie des médias n'ont rien compris.

D'une part, toute information n'est pas forcément utilisable sous format numérique, et le livre en est la preuve. D'autre part, il est illusoire de penser que le consommateur acceptera indéfiniment de se faire ruiner. Son pouvoir d'achat est limité, ou du moins évolue peu, et les vendeurs, surtout les nouveaux, qui s'en prennent à lui, veulent chacun leur part de marché. Ce n'est mathématiquement pas possible.

La répartition de l'argent entre les différents acteurs du livre est approximativement la suivante. Le libraire absorbe 30 % du prix de vente, le distributeur 20 %, l'éditeur 20 % et l'auteur 10 %. Le reste est utilisé pour payer l'imprimeur, le marketing, les invendus et autres frais annexes.

Actuellement tous les éditeurs veulent vendre un eBook quasiment au prix de la version papier. C'est la principale cause de la mort imminente du livre électronique. Si on inventorie tous les avantages du eBook pour l'industrie du livre, la seule conclusion qui s'impose est qu'il s'agit de vol organisé (un peu comme les SMS à 20 centimes, mais ceci est une autre histoire).

Pour la mise en vente d'un livre électronique l'éditeur ne doit rien saisir, relire ou mettre en page, car il possède déjà la version électronique du livre papier. Pas besoin d'imprimeur, pas de frais de transport, car les livres se téléchargent. Pas d'invendus. Pas de pub pour le moment, car elle a déjà été faite pour la version papier. Pas besoin d'études de marchés pour prévoir le tirage. Aucun problème de stockage avec tous les frais et la manutention que cela exigerait; un disque dur à 100 euros peut contenir toutes les publications d'un éditeur. Pas de librairie physique. Pas de livres endommagés.

Toutes ces économies devraient ramener le prix d'un livre électronique à des valeurs très basses, certainement moins de la moitié d'un livre ordinaire. Cela paraîtrait parfaitement logique même à un enfant de huit ans. Or, les éditeurs n'ont apparemment pas encore atteint l'âge de raison, car la plupart proposent, dans leur infinie bonté, des versions électroniques seulement 10 % moins chères que les versions traditionnelles.

Il y a manifestement tromperie sur la marchandise. Sans compter les DRM, les problèmes en cas de crash de l'ordinateur contenant des eBooks achetés à prix d'or et le fait que l'on ne possède plus rien de matériel.

Décidément, les problèmes liés à l'industrie de la musique avec toutes les aberrations qu'ils engendrent, n'ont visiblement pas suffit aux éditeurs de livres. Les habitudes et les techniques changent; les consommateurs ne sont pas des abrutis.

Tant pis. Le temps donne généralement toujours raison à la logique, mais ça peut être long.

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