mercredi 31 décembre 2008

Sakara. Episode 1: la découverte


Pleine de Sakara, Egypte, 31 mai 2008.

Il est 16h00, la seconde équipe de fouille vient de reprendre le travail sous un soleil de plomb. Deux heures plus tard, le stagiaire Benjamin McLaine se rend sur la parcelle H24 de la zone nord, une cellule de six mètres de côté, soigneusement cartographiée et déjà en partie excavée. Quatre collègues travaillent à dégager le pourtour d'un bloc rocheux; Benjamin se place à l'endroit qui lui a été attribué et commence à creuser.

Cela fait plus de deux mois que la zone nord ne fournit plus d'objets dignes d'intérêt, mis à part une demi-douzaine de fragments de poteries. A 18h03 Benjamin tombe sur un os. Sa brosse s'affaire et dégage grossièrement, mais précautionneusement, les alentours. Un collaborateur s'écrie "vite, il faut prévenir le professeur Siems. Allez le chercher!".

Siems, alerté par l'agitation, arrive immédiatement. Il reconnaît le haut d'un crâne et ordonne de cesser tout mouvement. Les personnes présentes s'écartent pour laisser le célèbre archéologue prendre la mesure de la découverte. Trouver des ossements est relativement banal en Egypte, mais après des semaines à fouiller en vain, il est naturel de s'intéresser au moindre petit os.

Siems dégage le sable autour du crâne. Etonnamment cette tête est retenue, laissant présager que le reste du corps se trouve dans son prolongement, probablement légèrement incliné, car au même niveau que la tête, on ne distingue pas encore les pieds.

Les hommes forment un cercle autour du professeur, qui dégage le sable avec fébrilité. Bientôt la cage thoracique est dégagée. Le soleil se couche et Siems demande de la lumière. Il est hors de question de poursuivre l'exhumation le lendemain.

Encore une demi-heure et tout le squelette apparaît, posé sur le sable. Chose étrange, les côtes ne sont pas écrasées, mais ont gardé leur forme de cage. Un assistant demande au professeur de dégager encore du sable autour du tronc, près de la colonne vertébrale. Fait encore plus étrange, le squelette semble flotter au-dessus du sol, mystérieusement soutenu par des sortes de supports au niveau des vertèbres D6-D7.

Le suspens est à son comble. Ce qui ne devait être qu'un banal squelette semble réserver des surprises. Siems continue à dégager le sable. Tout à coup deux structures osseuses en forme de S et symétriques apparaissent. Partant du niveau du genou et s'étendant jusqu'à une trentaine de centimètres au-dessus de la tête, soit une longueur d'environ deux mètres, ces ensembles d'os sont solidement fixés aux vertèbres par deux os articulés.

Personne n'ose prononcer le mot, mais il semble bien qu'il s'agisse d'une paire d'ailes. Les archéologues ont souvent découvert des squelettes humains et des ailes d'oiseau, même géants, mais jamais les deux réunis.

Un frisson collectif envahit toute l'équipe. S'agit-il d'un canular ? Sont-ils en train de rêver ? Ils décident de ne rien toucher et d'aller se coucher, sachant pertinemment qu'aucun d'entre eux ne pourra dormir.

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