samedi 11 octobre 2008

Genève part en fumée


Les citoyens genevois ont accepté il y a plusieurs mois l'interdiction de fumer dans les lieux publics. De toute évidence, les fumeurs eux-mêmes ont majoritairement accepté le projet, puisque le score a été de près de 80 pourcent en faveur de cette interdiction.

Il n'y a pas de quoi fouetter une crème; seulement, la plus parfaite des démocraties hoquette de temps à autres. Les hommes et les partis politiques ne connaissent pas bien les lois qu'ils sont pourtant chargés de gérer et de faire appliquer.

Pour la fumée, ils ont joué avec la législation comme on joue au casino. On pense que le rouge va sortir, alors on mise tout sur le rouge. Il se trouve que la votation prévoyant l'interdiction de fumer dans les lieux publics a été invalidée par le tribunal fédéral pour des raisons certainement valables, mais certainement pas logiques.

Pendant trois mois, les restaurants, bistrots et autres cabarets ont vécu sans la moindre fumée. Pendant trois mois, 80 pourcent de la population s'est réjouie de cette situation. Et tout à coup, le couac. Il faut vite ressortir les cendriers, voire les racheter pour ceux qui n'auraient pas envisagé la politique ignore la loi et qui les auraient jetés.

Genève a vécu illégalement trois mois sans fumée, il faut donc une contrepartie pour compenser cette grossière erreur des politiques locaux.

La solution sanction vient d'être décidée: pendant trois mois fumer sera obligatoire dans les lieux publics. Chaque personne qui entre dans un restaurant, une école, un train ou un hôpital devra obligatoirement allumer et fumer une cigarette. Exceptionnellement la pipe ou le cigare sont acceptés à condition que son fumeur ait plus de 60 ans. Cette solution permettra une juste compensation et devrait satisfaire les personnes n'ayant pas voté pour l'interdiction de la fumée et qui ont été injustement lésées durant trois mois.

Suite à cette obligation de fumer, plusieurs dizaines de personnes sont déjà mortes d'asphyxie, de crises d'asthme ou de crises cardiaques suite à des quintes de toux. Parmi les victimes on compte plusieurs enfants en bas âge, dont les parents ne voulaient se séparer lors d'un voyage en train, par exemple.

Mais que tout le monde se rassure, dans peu de temps il sera à nouveau interdit de fumer dans les lieux publics à Genève.

Une des caractéristiques de la Suisse, pays idéal s'il en est, est la souveraineté des cantons. On peut tout à fait imaginer que quelques cantons votent une loi obligeant à rouler à gauche provoquant ainsi la création de zones de croisement sur les autoroutes.

Il se pourrait aussi que par endroit l'électricité du secteur soit en 110 Volts, qu'en Suisse alémanique les ordinateurs n'aient que 31 bits au lieu de 32, qu'un canton interdise le vote aux blondes, que dans un autre le vert et le rouge des feux de signalisation soient permutés, etc.

Heureusement que la Suisse n'est pas encore plus petite que ce qu'elle est, sinon nous pourrions avoir des lois qui s'appliquent seulement à quelques rues d'une ville, voire à certaines personnes d'une habitation.

Les psychologues le savent bien: plus on est petit, plus on a envie de se particulariser et plus l'autre devient un ennemi.

La démocratie poussée à l'extrême ne se rapproche-t-elle pas de l'anarchie ?

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