samedi 1 décembre 2007

Petrouchka Fernandez


Ce matin, il m'est arrivé une chose incroyable. Tout d'abord, il faut que je me présente. Je m'appelle Petrouchka Fernandez, mais tout le monde m'appelle Pépette. J'ai 56 ans et je suis concierge d'un petit immeuble de la rue des Lavandes. Je nettoie les couloirs, les escaliers, je m'occupe du courrier des locataires quand ils sont en vacances et j'arrose leurs fleurs.

J'aime beaucoup mon travail, et il est vrai que les habitants me le rendent bien. Au troisième étage il y a un monsieur très bien; pour lui tout va bien. Il est heureux, a une femme distinguée et de brillants enfants. Cet homme est un vrai rayon de soleil quand je le croise. Il a une incroyable capacité à mettre tout le monde de bonne humeur. Tout le monde, sauf le monsieur qui habite juste en face, sur son palier.

Oh bien sûr, à sa décharge, il n'a pas une vie facile. Dernièrement sa femme l'a quitté. Elle est partie avec la voiture, les enfants et le chien. Il paraît, c'est une amie qui me l'a dit, que ce n'étaient pas ses vrais enfants. Sa femme l'aurait trompé avec un autre homme. Mais bon, peut-être l'a-t-il cherché un peu aussi, il est toujours de mauvaise humeur.

Enfin bref, ce matin je disais, il m'est arrivé une chose incroyable. Vers sept heures du matin j'étais en train d'astiquer l'entresol du deuxième étage quand j'ai entendu la porte de son appartement s'ouvrir et claquer contre le mur. Il avait l'air particulièrement de mauvaise humeur ce matin. Je me suis faite très discrète et à travers les marches de l'escalier, j'ai suivi la scène.

Il a traversé le couloir et est allé tambouriner à la porte du gentil monsieur. Il criait très fort. Je n'ai pas très bien compris ce qu'il disait; il parlait d'une "maudite machine automatique à faire le pain“. La porte s’est ouverte et son voisin, le sourire aux lèvres, lui demande ce qu'il désire. À ce moment, c'est incroyable. Violemment, l'homme force le passage et se dirige directement dans la cuisine. C'est sa femme qui m'a raconté.

Une fois dans la cuisine, il agrippe la machine à pain en hurlant et la défénestre. La machine toute neuve est allée directement s'écraser sur son propre scooter. Personne ne bougeait. Ils étaient tous la bouche grande ouverte. L'homme s’est alors calmé, il a glissé le long du mur et s'est assis sur le carrelage. La machine à pain n'était plus, et le gentil voisin est allé réconforter le pauvre homme, visiblement à bout de nerfs.

En fin de matinée, une ambulance est venue le chercher pour l'emmener "se reposer". Je n'ai plus de nouvelle depuis. Ce qui m'attriste dans tout ça, c'est mon gentil voisin. J'espère que l'assurance lui paiera une nouvelle machine à pain.

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