dimanche 10 août 2008

Le photographe photographié


Les sportifs font partie des gens qui ont l’habitude d’être pris en photo. Jamais on ne verra un tennisman prendre une photo des tribunes d’un court de tennis. Jamais Tiger Woods n’a photographié les spectateurs pendant une épreuve de golf. Jamais un footballeur n’est entré sur la pelouse en filmant le stade.

Il semble bien que les jeux olympiques bouleversent la logique et le bon sens. Depuis quelques éditions, pendant le défilé de la cérémonie d’ouverture, la plupart des sportifs tient un appareil de photo ou une caméra à la main. Les spectateurs, surpris d’un si subit intérêt à leur égard n’ont d’autre choix que de sourire. Pour la première fois de leur vie des citoyens lambda figureront peut-être sur un poster que leur sportif préféré punaisera au-dessus de son lit.

Seul ombre au tableau, une grande partie de ces documents multimédias est ratée. Comment voulez-vous défiler, faire des signes de la main, parler avec ses collègues et prendre des photos réussies ? Quel gâchis, mais que voulez-vous, le corps a ses flocons que la saison ignore.

Imaginez un chinois, un simple pékin, rentrer chez lui et s’écrier « Nadal m’a pris en photo » ou encore « Laure Manaudou m’a filmé pendant 30 secondes (j’espère qu’elle ne publiera pas le résultat sur internet, sinon je lui fais un procès !». Un tel souvenir vaut bien un mois de salaire !

Le pire est que les spectateurs se voyant immortalisés par leurs héros veulent rapporter ce soudain coup de foudre à leur famille, et se mette également à prendre des photos. Nous assistons donc à une scène absurde et surréaliste dans laquelle des personnes se photographient mutuellement. Plus les uns font crépiter leur flash, plus les autres en rajoutent, et ainsi de suite. C’est l’escalade du non-sens, l’éclair permanent, la sportivitude et le supportariat dans tous ses états. Seuls les jeux olympiques peuvent le permettre.

Problème il y a, c’est sûr. Tous ces sportifs qui photographient les spectateurs ou le stade ne pourraient-ils pas s’entendre pour que seul l’un d’entre eux prenne des photos et qu’il les envoie aux autres ? Ou encore le comité olympique pourrait mandater des photographes professionnels, muni d’appareils dignes de ce nom, pour effectuer ce travail inintéressant.

Il faut croire que l’athlète, le sportif brut de décoffrage, tient absolument à rassembler lui-même les preuves que tant de personnes sont venues pour le voir; quitte à faire des photos au hasard, en l’air, parterre, dans sa poche. Le chef c’est lui, le plus fort c’est lui, le plus intelligent c’est son manager.

Allons les enfants ! Votre boulot c’est le sport. A chacun son calvaire. Contentez-vous de défiler, vous êtes là pour ça.

Aucun commentaire: