dimanche 22 avril 2007

Les nouvelles expressions

Le français est une langue en pleine évolution, non seulement au niveau de l’introduction de néologismes, mais également en ce qui concerne les expressions.

Passons sur les comparaisons scientifiques comme « électron libre », expression apparue il y a un peu plus de dix ans qui a trouvé son domaine de prédilection dans la politique. Rappelons tout de même qu’une personne qui n’est pas un électron libre est censée être captive et tourner autour d’un noyau. L’exception « électron libre » devrait en fait être la règle.

Autre expression très présente dans les discussions : « rebondir ». Contraction probable entre réagir et abonder, ce détournement de verbe transforme tout débat en concours sportif digne d’un troupeau de marsupilamis.

La « gauche plurielle », elle, a quasiment disparu. A croire que lorsqu’elle est trop plurielle, la gauche devient singulière.

On constate également une tendance à la pluralisation lorsque l’on nous parle de scolaires pour désigner des élèves, de précaires pour des SDF, ou encore de personnels pour les employés d’une société. Du coup, un chef du personnel devient chef des personnels, sans toutefois mériter une augmentation de salaire.

Que penser de cette phrase entendue aux actualités télévisées : « devant l’usine en grève on compte déjà plusieurs centaines de Moulinex ». Voici donc des travailleurs transformés en robots ménagers ?

Un homme politique ayant un problème avec « les affaires » n’a pas un souci de rangement ou de compétence. Il est simplement impliqué dans les magouilles les plus sordides liées implicitement à sa fonction.

Certaines nuances sont encore plus subtiles. Dans la géographie urbaine il ne faut pas confondre « les quartiers » et les quartiers. Les premiers posent d’énormes problèmes alors que les seconds véhiculent une image paisible, bienfaisante, contrastant avec le stress des grandes villes.

Que faut-il penser enfin des raccourcis publicitaires. Ces phrases qui ne veulent absolument rien dire et que tout le monde comprend. Premier exemple d’une telle expression « Vous constaterez les effets dès quinze jours ». Elle n’a aucun sens logique, pourtant les publicitaires lui en ont imposé un, au mépris de la langue française.

Autre exemple encore plus incompréhensible : « Attention médicament pas avant six ans ». Prise au pied de la lettre cela signifie « Attention, ceci est un médicament seulement si vous avez plus de six ans ». Donc si vous avez moins de six ans ce n’est pas un médicament. Cette phrase, découlant certainement d’une obligation légale, dit le contraire de qu’elle devrait.

Moralité : si un électron libre rebondit, pas avant six ans, sur un Moulinex pluriel embourbé dans les affaires, les quartiers pourraient connaître de graves problèmes dès quinze jours.

Aucun commentaire: