samedi 17 octobre 2009

Ça y est, facile.ch disparaît


Fermer facile n'est pas facile. Un coach nous suit depuis deux semaines, afin de prévenir le moindre début de dépression, le moindre regret, la moindre tentation de faire un backup. Nous allons réunir nos fans et toutes les personnes qui suivent quotidiennement facile, c'est-à-dire Michel et Françoise, autour d'un apéro, histoire de marquer le coup.

Nous avons établi une check-list sur laquelle figurent dans les moindres détails les opérations à effectuer, le responsable de l'action et l'ordre chronologique de déclenchement. Hier, Françoise a bien tenté une manœuvre de chantage avec la grosse artillerie: intimidation, menaces de grève du butinage et autres dénonciations de facile.ch en tant que site subversif.

Pour le moment ces actes sont restés au stade de menaces. Rien ne peut nous faire changer d'avis. Facile a vécu et doit s'arrêter. On ne peut pas laisser vivre un site dont le contenu est entièrement faux, où la pub est bien trop discrète et où on ne comprend pas du tout la catégorisation. Le site laisse croire à un éventail très varié, alors qu'une seule rubrique existe réellement sur ce site: délire et absurdité.

Tous les contrats ont été résiliés: Google Analytics, Google AdWords, Blogger, Gmail. Résiliation également du nom de domaine, du contrat de location de notre quartier général souterrain, du leasing de notre Smart bariolée aux couleurs de facile (orange et noir). Le lendemain de la destruction publique du serveur hébergeant facile, nous procéderont à une distribution gratuite de 20'000 cartes de visites et 3'000 T-shirts inutilisés. Enfin la facilité est à la portée de tous.

Au poste de commandement, tout est prêt pour filmer l'arrêt de facile; trois webcams avec son 1.1, un appareil de photo Polaroid et un huissier pour l'aspect officiel. De cette manière, il est impossible que facile ressuscite.

Ceci est le dernier message de facile, du moins nous l'espérons. Galinette préfère le homard aux orties, je répète, Galinette préfère le homard aux orties ... Le pigeon a piégé la statue; le pigeon a piégé la statue ... Ce soir, le scooter rentre seul à la maison ... Andromaque se parfume à la lavande ... L'éléphant s'est cassé une défense ... Le sapin est vert, je répète, le sapin est vert ... La vache saute par dessus la lune.

vendredi 16 octobre 2009

Martin et la glu.


Ce matin Martin a plus de peine que d'habitude pour sortir de son sommeil. Non pas qu'il soit plus fatigué, mais il lui semble que ses mouvements sont ralentis. Il essaie de se tourner, mais la manœuvre lui demande un effort considérable, comme dans un rêve où parfois notre corps ne répond plus fidèlement aux commandes.

Martin peut bouger son corps, mais très lentement. S'il fait mine d'accélérer, une force semble s'opposer à ses mouvements, proportionnellement à l'effort qu'il produit.

Péniblement il parvient à s'extraire de son lit et à s'asseoir à la cuisine. Chaque pas lui demande plusieurs secondes de lutte, comme si des ressorts le retenaient au sol, aux murs, aux objets. Cela lui rappelle le monde de Dalí, plus précisément des éléphants dont les longues pattes s'empêtreraient dans des montres molles recouvertes de mélasse.

Peu à peu Martin parvient à faire sa toilette, à s'habiller et à prendre son petit déjeuner. Le temps lui semble se dérouler à vitesse normale. Il pense avoir utilisé toute sa matinée pour des activités qui lui prennent normalement quelques minutes. Or, en regardant sa montre, il commence vraiment à paniquer, car il n'est pas en retard. Le temps aussi semble englué. L'aiguille des secondes de sa montre passe péniblement d'une graduation à l'autre, comme dans du miel.

Martin se pose beaucoup de questions. Il a admis qu'il ne rêve pas, mais ne comprend pas pourquoi le fonctionnement de son cerveau n'est pas ralenti. Son problème réside précisément dans cette différence de vitesse entre ses mouvements et ses pensées. Il a l'impression qu'avec des facultés mentales à basse vitesse, il ne se serait rendu compte de rien.

Plusieurs jours s'écoulent et Martin vit toujours dans cette désynchronisation, s'habituant progressivement à attendre. Il n'ose pas parler de cet étrange phénomène, car visiblement les personnes qu'il rencontre vivent tout à fait normalement. En fait, pas vraiment; certaines d'entre elles semblent perturbées.

Martin observe, Martin réfléchit, Martin échafaude des hypothèses. Après une dizaine de jours et quelques discussions délicates avec des personnes suspectes, une esquisse d'explication s'ouvre à lui.

Les gens les plus perturbés, parmi ses amis du moins, ont une caractéristique commune. Sans forcément être spécialement intelligents, ils partagent un certain sens critique, basé sur un bon sens à toute épreuve et couplé à une grande vivacité d'esprit. Comme lui, ils soufrent d'évoluer dans un environnement trop lent. Il faut préciser que Martin est spécialiste de biochimie et que son esprit n'est jamais au repos, fourmillant d'idées, d'observations et de solutions possibles aux problèmes courants.

Moins un individu se pose de questions, plus il est accro aux dérives croissantes de la société, abus de médicaments, de mal bouffe, d'intérêt pour l'immédiat, et plus son intellect semble ralenti. L'environnement de ces personnes évolue même trop rapidement par rapport à leurs facultés mentales engluées. Ces "plus lents que la moyenne" vivent mal. Ils sont dépassés par les événements, lâchent prise, dépriment, parfois se suicident. Les "simplement lents" ont une vie agréable, adaptée, parfaitement synchronisée, mais bien terne et triste, vue par le prisme des rapides.

La parole est ce qui gêne le plus les rapides, dont Martin fait partie. Elle passe par des mouvements, et donc constitue un goulot d'étranglement pour une pensée hyperactive, en réalité normale. Martin semble maintenant convaincu que l'incompétence ambiante, croissante et généralisée, qu'il constate depuis quelques années, provient de la glu à durcissement graduel dans laquelle les gens ont sombré. L'évolution va-t-elle parvenir au stade ultime, à savoir l'immobilité totale, la glu durcie ?

vendredi 9 octobre 2009

L'écran du clavier.


Je tombe à l'instant sur la liste des nouveautés disponibles sur mon iPhone avec la version 3.1 du système d'exploitation. D'abord, est-ce vraiment de l'exploitation ? Je l'ai choisi et payé, ce téléphone; on ne m'a pas forcé la main. Mais bon, système, pourquoi pas.

Parmi ces nouveautés, la onzième m'interpelle: "Possibilité de coller des numéros de téléphone sur l’écran du clavier". Je comprends tous les mots, mais le sens de leur assemblage me laisse songeur. Pourquoi devrais-je coller des numéros de téléphone sur un écran ? J'ai bien essayé de découper ceux de mes amis dans l'annuaire, mais au moment de les coller sur l'écran de l'iPhone, j'ai renoncé, n'étant pas certain qu'il me reste assez de surface vitale utilisable.

Sur mon ordinateur de bureau, il m'arrive de coller des post-it sur le bord du clavier, mais jamais l'idée de les placer sur l'écran ne m'a effleuré l'esprit. Certes, un iPhone n'est pas un vulgaire PC, mais de là à penser que son clavier possède un écran, il y a un pas que je ne suis pas prêt à franchir. Franchement! L'écran du clavier. Où va-t-on ? Apple n'aurait-il pas voulu dire "le clavier de l'écran", puisque c'est bien un clavier qui est affiché sur l'écran et non l'inverse.

J'ai beau tourner cette phrase dans tous les sens, je ne lui trouve pas de signification. Pourtant, si Apple a attendu la version 3.1 pour la mettre à disposition, c'est qu'elle doit être diablement utile et ergonomique.

Curieux de toutes ces nouveautés, je me suis mis à essayer de les comprendre. Après tout, d'une manière ou d'une autre, je les ai payées. L'une d'elle me paraît assez hermétique: "Option d’enregistrement d’une vidéo raccourcie comme nouvel extrait sur l’iPhone 3GS". Il est évident pour moi qu'une vidéo raccourcie est forcément un extrait. Mais il ne me viendrait jamais à l'esprit d'enregistrer une vidéo raccourcie. Je ne fais pas le travail à moitié.

On me propose aussi: "Utilisation du contrôle vocal sur l’iPhone 3GS avec les oreillettes Bluetooth". Le contrôle vocal, je vois bien. Les oreillettes à la dent bleue aussi, je m'y suis fait. Parler dans une oreille, c'est logique, mais parler dans une oreillette, alors que c'est elle qui devrait parler, me semble osé. Ou bien il s'agit d'un nouveau brevet que j'ai encore raté.

Heureusement que l'iPhone a son safari et qu'il bénéficie de techniques d'anti-hameçonnage, sinon terminé tous ces petits animaux qui se baladent dedans et qui le font fonctionner. Eh, oui, l'iPhone est un zoo miniature à l'échelle 1:1000. C'est donc normal qu'Apple ait pu y caser un téléphone. Et les écrans qui explosent, Apple n'y est pour rien. Ce sont des animaux un peu trop fougueux qui tapent contre la vitre avec leurs cornes ou leurs sabots. Pour chercher le mal partout ?

jeudi 8 octobre 2009

Facile.ch va fermer.


Facile.ch va s'arrêter. Ou plutôt nous allons le fermer. Plusieurs raisons nous poussent vers cette voie.

Soyons réalistes! Le contenu de ce site n'est pas intellectuel, ni drôle, ni très intéressant; à peine un peu décalé, juste de quelques centimètres. Il reste politiquement correct, anti subversif et autocensuré. Il ne se classe dans aucune rubrique. Ce n'est pas un blog, car il ne s'adresse à personne et ne reçoit aucun commentaire. Ce n'est pas un site de news; pas de pub, rien à vendre. Que des textes inclassables.

Nous avons bien essayé de catégoriser les sujets, mais à quoi bon. Chaque nouvel article demanderait une nouvelle catégorie. Ce site est moche. Son look n'a pas évolué depuis 2005. Quasiment en noir et blanc, il rappelle les sites internet d'avant-guerre. Il est d'ailleurs muet et se déplace très vite, un peu à la Buster Keaton. Facile.ch s'est probablement trompé de siècle; une sorte de gazette qui s'est muée en une approximation de média moderne.

Parlons des dates. Les visiteurs ne s'y retrouvent pas. S'appuyant sur la logique habituelle, ils consultent les articles les plus récents, alors que facile.ch n'est pas vraiment lié à la chronologie.

Les mails d'insultes dans "Vos réactions" nous démotivent régulièrement. Sans compter les remarques sur Tweeter nous encourageant à fermer le site. Les gens ne supportent plus facile.ch.

Même le suivi des articles pêche par manque de continuité. Les aventures de Tony ont tenu neuf épisodes. Personne n'attend la suite, et Tony restera à tout jamais enfermé dans son bocal, les yeux grands ouverts. Un début d'histoire sur les suisses allemands, puis plus rien. Une histoire de la Suisse qui s'arrête à Calvin. Sakara: un seul épisode.

De plus, tourner la science en ridicule comme dans l'histoire des trous noirs du CERN n'est pas très glorieux, pas plus que la recette pour gagner à l'Euro Millions ou les faux horoscopes.

Les faits divers ne riment à rien, personne ne les comprend. C'est encore pire avec le dictionnaire: échec sur toute la ligne. Le second degré passe mal, soit, mais là c'est la déconfiture totale. Notre seul public est constitué de dyslexiques qui se rendent sur difficile.ch en ayant tapé, par exemple, "Laurent Garros" dans Google, au lieu de "Roland Garros".

Voilà. 750 pages à la poubelle. Facile.ch va fermer.