lundi 11 mai 2009

Jésus est-il mon ami ?


J'ai un ami qui ressemble à Jésus. Au début je pensais que seul le physique les rapprochait. Mais depuis que j'ai parlé avec sa boulangère, je me pose des questions. Il semble qu'il achète du pain seulement le premier lundi du mois, et seulement un misérable petit pain. Devant ma curiosité et mon insistance, il m'a avoué qu'il duplique lui-même son pain. Il s'est tout de même imposé d'acheter un modèle une fois par mois, de peur que la qualité se perde au fur et à mesure des clonages. Mais je le soupçonne surtout de vouloir garder un contact avec sa charmante boulangère.

Ne lui connaissant aucun travail, je lui ai demandé de quoi il vit. Sa réponse m'a stupéfait. Il travaille dans un cabinet de physiothérapie, lui qui n'a apparemment pas fait d'études. Le plus surprenant est que le physio attitré lui confie tous les cas difficiles, les inguérissables, les perdus pour l'humanité. Et lui, les guérit sans aucun problème. Parfois, au passage, il soigne même des affections dont le patient ignore même l'existence, prétextant un travail préventif. Il n'en fait pas trop, pour éviter de devoir donner des explications tirées par les cheveux.

Le physio pour qui il travaille ne cherche pas à savoir comment il fait. Ses patients sont contents et son cabinet connaît un succès grandissant.

Multiplier du pain, guérir des malades pourrait s'apparenter à du charlatanisme, raison pour laquelle j'étais curieux, étonné, mais sans plus. Jusqu'au jour où il m'a demandé de le prendre en photo sur son vélo. Etrangement, il n'avait encore aucune photo de lui. Le résultat m'a complètement scotché. Sur les trois photos, il est complètement invisible. En revanche on voit distinctement son ombre sur le sol, à côté du vélo.

Il m'a regardé, a haussé les épaules, comme pour dire "Eh oui, c'est comme ça", puis a reculé de cinq à six mètres, sans toucher terre et sans un mouvement du corps.

Pourtant mon ami est banal. C'est vrai que je ne lui connais aucun défaut. Les gens le trouvent gentil, serviable et poli. Il ne s'énerve jamais. La normalité faite homme.

J'ignore tout de lui; je veux dire de son passé. Je le connais depuis quatre ans, c'est tout. Je le vois de temps à autre. Maintenant je ne sais pas quoi faire. Je lui en ai parlé, espérant qu'il m'en dise plus. Après avoir réfléchis durant dix bonnes minutes, il m'a dit: "Il n'y a pas d'explication. Tu penses ce que tu veux, de toute manière tu restes mon ami. A demain".

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