jeudi 28 mai 2009

La fameuse échelle de 0 à 10


A force d'entendre parler d'échelle de Richter, les médecins ont dû flairer la bonne affaire. Le truc ultime, issu de l'extrême modernité, qui pourrait leur rendre d'immenses services. En effet, pourquoi ne pas appliquer à la médecine une méthode permettant de mesurer les dégâts occasionnés par un tremblement de terre ? Dégâts, douleur: même combat.

Il suffit d'avoir été hospitalisé, ou même d'être passé par un service d'urgences médicales, pour comprendre l'étendue de cette aberration.

Un soir de mai, à 22h00 on me conduit d'urgence à l'hôpital, car je me suis tordu un genou. J'ai très mal. Après les quelques heures habituelles d'attente - dont on ne peut s'empêcher de penser qu'elles servent à instaurer le doute dans la tête du patient, "Finalement ne serais-je pas mieux chez moi ? Allez, je rentre" - un docteur s'occupe de moi.

"Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous votre douleur ?"

J'avais envie de répondre "juste sur le côté du genou gauche".

"Mais, docteur, je ne suis pas tombé d'une échelle! J'ai fait le pont à l'Ascension et je me suis déboîté le genou en sautant à l'élastique."

Bref, comme j'avais très mal, j'ai opté pour 8.

"Voilà docteur, après réflexion je pense avoir une douleur de 8. Au fait, votre échelle est linéaire, ou logarithmique comme celle de Richter ?" Devant sa perplexité et le doute qui commençait à poindre dans son lobe frontal, j'ajoute aussitôt: "je plaisante, elle est bien sûr linéaire."

Au même instant j'entends une ambulance. Branle-bas de combat; les infirmiers en extraient un pauvre jeune homme dont le pied avait l'air à moitié arraché.

Immédiatement, je crie: "Docteur, docteur! J'ai dit 8 pour ma douleur, mais en fait c'est plutôt 6!".

Quelques minutes plus, du sang partout. Certainement un parapentiste, à en juger par sa carapace de toile. La tête en sang, deux men in white poussent le brancard, alors qu'un troisième lui inflige des coups de défibrillateur.

Je me sens déjà un peu mieux: "Docteur! Combien j'ai dit tout à l'heure pour ma douleur ? 6 ? Vous pourriez la descendre à 4 ? Merci".

Il me répond: "Vous avez de la chance. A 4 ou moins, vous avez droit a un repas, sans dessert, bien sûr; le dessert c'est au-dessous de 2. Mais avant, vous devez faire un IRM".

On me conduit au centre d'imagerie médicale. Là, le responsable me tord la jambe pour la mettre dans la position qui l'arrange. Je hurle de douleur: "J'ai vraiment très mal, docteur".

"Sur une échelle de 0 à 10, à combien estimez-vous votre douleur ?". Voilà que ça recommence.

Comment diable peut-on répondre à une telle question si on ignore ce que représente une douleur de 10, ne l'ayant probablement jamais côtoyée ? A tout hasard je réponds "8, ou plutôt 8 et demi".

"Désolé, mais nous n'acceptons pas les demis. Alors, 8 ou 9 ?" Ne voulant pas passer pour un douillet, je bafouille "D'après mes dernières estimations, je dirais 8".

"On peut dire que vous l'avez échappée belle; normalement à 9 on envoie le curé et la morphine". La morphine, ça me dirait bien d'y goûter, surtout sous contrôle médical et gratuitement, mais un curé...

Tout à coup une envie, un besoin pressant, bref un gros pipi en vue. Je demande si je peux passer aux toilettes avant l'examen. "Votre envie d'uriner, sur une échelle de 0 à 10, vous la situez à quelle valeur ?".

Je suis resté quatre jours à l'hôpital, avec cette échelle qui me harcelait, qui me poursuivait, même dans mes rêves. De retour à la maison, ma femme m'accueille avec un grand sourire: "Comme je suis contente de te revoir". Et soudain, sans réfléchir, mais très sérieusement, je la regarde dans les yeux et lui dit: "Sur une échelle de 0 à 10, à quel degré estimes-tu ta joie de me revoir ?"

Le lendemain, je suis allé voir Gaël, mon fils, et je lui ai interdit d'entreprendre des études de médecine. Ce fut un choc pour lui qui en rêvait depuis tout jeune. Quelques jours plus tard il me dit: "Papa, j'ai bien réfléchi. Si je ne peux pas faire médecine, je veux devenir sismologue".

Moralité: tous les psychanalystes vous le diront, cette fameuse échelle de 0 à 10 est une béquille pour les médecins, car elle leur permet de se déresponsabiliser complètement et de tout reporter sur le patient.

mercredi 27 mai 2009

Pâturages, cambriolages, arnaquages


Bonjour Monsieur, ici Jacqueline de la société SecurePourSur. Je vous téléphone pour vous proposer gratuitement un système d'alarme. Vous avez, bien entendu, peur des cambriolages…

Cambriolages ? Mais, madame, vous n'êtes pas au courant ? Ce mot a été supprimé du dictionnaire Larousse l'an dernier. Il est remplacé par le mot "emprunt". Je n'ai donc plus peur des emprunteurs.

Mais le cambriolage est puni par la loi. Il faut s'en protéger!

Un emprunteur de moins de quinze ans ne risque absolument rien. D'ailleurs ils ont tous moins de quinze ans. C'est un métier d'avenir pour un jeune. L'autre jour mon fils, Gaël, m'a demandé quelle est l'utilité de faire des études, alors qu'un emprunteur gagne bien sa vie sans perdre son temps sur les bancs de l'école.

Vous l'avez certainement éduqué dans le respect et l'honnêteté. Les études lui fourniront un travail intéressant.

Oui, mais qui peut dire qu'il ne connaîtra jamais le chômage, pardon, le plan social ? L'emprunteur, lui, jouit toujours du plein emploi. Sécurité absolue, aucun risque, pas d'impôts, choix des horaires de travail.

Bon, passons à autre chose. Des trois mots suivants, lequel vous fait le plus peur: cambriolage, agression ou vandalisme ?

Sans hésiter, le vandalisme; mais le vandalisme animalier.

Ah bon ? Et de quoi s'agit-il ?

Moi, par exemple, j'ai castré mon chien avec un cutter. Il n'a pas souffert. Ça j'adore, le vandalisme animalier sans douleur.

Mais Monsieur, vous plaisantez. C'est très amusant.

Pas du tout.

Eh bien nous pouvons prendre un rendez-vous pour vous présenter notre système d'alarme. Quel jour vous conviendrait ?

Ça va être très difficile.

Pourquoi donc ? Nous pouvons passer le soir, si ça vous arrange.

En réalité, j'ai prévu de mourir dans quatre jours.

Vous êtes vraiment drôle, vous.

Madame, je suis très sérieux. C'est dans quatre jours.

Euh… Et pourquoi cette décision ?

En fait, je suis désespéré. Depuis une semaine je reçois au moins trois ou quatre appels par jour, tantôt pour m'abonner à Moonrise, tantôt pour que quelqu'un s'occupe de mon portefeuilles. J'ai décidé d'en finir. D'ailleurs j'ai déjà écrit sur ma porte "le téléphone m'a tuer".

Monsieur je… je suis vraiment désolée. Pour le rendez-vous, ce n'est pas grave. Je ne veux pas vous importuner. Bon courage. Au revoir, et portez-vous bien.

lundi 25 mai 2009

10 mauvais traitements au restaurant


Se voir apporter la salade, mais devoir attendre dix minutes pour obtenir un morceau de pain.

Demander une salade avant la pizza et la recevoir en même temps.

Se trouver dans un restaurant très classe et devoir utiliser un verre ébréché à plusieurs endroits.

Devoir attendre plus de quinze minutes entre la salade et le plat principal.

Faire de pieds et des mains pour que le garçon daigne voir que vous voulez l'addition.

Après avoir déposé délicatement le montant, devoir attendre une demi-heure que le garçon vienne encaisser.

Devoir demander l'huile et le poivre après avoir reçu une pizza. Idem pour le fromage et les pâtes.

Devoir manger une salade qui baigne dans un litre de sauce.

Payer un vulgaire verre de sirop plus cher qu'un verre de vin.

Se voir servir un thé glacé contenant 90 pourcent de glaçons.

vendredi 15 mai 2009

Ça a quel goût ?


Un nouveau magasin bon marché pour les ados à ouvert ses portes. C'est Lidl des jeunes.

Un sexagénaire au volant d'une Porsche est accompagné par une dame de son âge.

Une équipe de football perd tous ses matches et l’entraîneur n’est pas mis en cause.

Un SDF a laissé un gros pourboire à son banquier.

En Suisse, l'UBS n'a pas commis de malversations depuis plus de trois jours. Le gouvernement est inquiet.

En plein vol, une mouette a lâché une crotte directement dans une poubelle.

La France a gagné le concours Eurovision de la chanson.

B16 a réfléchi aux conséquences avant de prononcer un discours sur la place St-Pierre.

Un Suisse a compris une histoire belge.

Un médium qui suçait son pouce a été mis à l'index pour cas de force majeure.

Les Etats-Unis ont envahi un pays qui ne possédait aucune richesse particulière.

Cette année la mousson n'a provoqué aucune inondation en Inde.

Une Smart 4x4 a remporté les 24 heures du Mans.

Un pétrolier suisse a attaqué deux bateaux de pirates somaliens et a pris les équipages en otages. Il refuse toute négociation.

En Chine, suite à une légère secousse sismique, une école ne s'est pas effondrée.

En essayant de se garer, un pigeon a roucoulé droit dans un mur.

Le 24 décembre, une astrologue a prédit Noël pour le lendemain.

Deux frères siamois ont volé un tandem.

En France, un ministre de l'éducation nationale n'a créé aucune loi portant son nom.

Un enfant de douze ans a été trouvé sans téléphone portable. La police fait une enquête.

Une petite bouboule a conduit son gros cube aux pieds d'une pyramide.

La Suisse a décidé de déclarer la guerre aux pays européens qui l'entourent.

jeudi 14 mai 2009

Questions casse-pieds


Avec des Lego, comment faire des rails et un train ?

Combien y a-t-il de secondes dans un litre ? Pour vous aider, tenez compte du fait que l'angle droit bout à 90 degrés, contrairement à l'eau chaude qui, elle bout à 100 degrés.

Sachant qu'en 2008 Nintendo a écoulé plus de 50 millions de Wii et seulement 2 millions de non, qui sera le nouveau PDG de la société en 2009 ?

Sachant que dans piratage il y a partage et dans la niche il y a le chien, quand est-ce que l'Anabel laissera tomber l'Hadopi ? Cherchez des éléments de réponse sur Emule.

Si le rouge était absent de l'arc-en-ciel, de quelle couleur seraient les Ferrari ?

Pourquoi les gens applaudissent lorsqu'ils sont contents ? N'ont-ils pas sur eux d'autres moyens pour faire du bruit ?

Sachant que l'an zéro n'a jamais existé, comment les professeurs de mathématiques de l'époque pouvaient-ils être crédibles en expliquant à leurs élèves que -1 +1 ne fait pas zéro, mais un ?

Pourquoi la loi Hadopi, alors que la vache en a quatre ? Quelle que soit votre réponse, vous avez encore perdu!

Sachant que Jésus est né environ en -5 avant lui-même, quelle année de naissance figure sur son passeport ? Même question pour Jules César qui est né en -100 avant Jésus.

Où se trouverait le delta du Po s'il n'avait pas eu de bol ?

Où se trouverait le détail du bol s'il n'y avait pas de pot ?

S'il n'était pas né à Cadaqués, Dalí aurait-il hérité de la femme de Paul Eluard ? Tenez compte de l'avis d'André Breton et de Federico Garcia Lorca.

Est-il possible de peindre avec de la peinture à l'eau par-dessus de la peinture à l'huile, sachant que l'huile est plus légère que l'eau ?

Paco Ray-Ban a-t-il vraiment inventé les lunettes de soleil afin de mieux lire dans les astres ?

Pourquoi les papes parlent-ils tous autant de langues, mais aussi mal ?

Pourquoi, dans la plupart des pays, l'évêché se trouvent-ils au fond du couloir à droite ? Pour vous aider pensez aux points cardinaux.

mardi 12 mai 2009

La vraie histoire de Jésus.


Jésus, de son vrai nom Jacques Dupin, est né entre -5 et -7 avant lui-même, à cause du moine Denys Le Petit. Ayant d'énormes difficultés à l'école, surtout en mathématique, les parents du Petit Denys décidèrent de l'envoyer étudier chez les Jésuites. Le résultat ne se fit pas attendre: la révélation, le déclic, le coup de foudre pour la religion en général et Dieu en particulier. Cependant, ses lacunes en calcul, au lieu de se combler, s'accentuèrent de plus en plus. Si bien que, lorsqu'il s'attela au problème de la détermination de l'année de naissance de Jésus, il se planta lamentablement.

Jésus, connaissant l'avenir déjà à cette époque, hésita quant à sa date de naissance. Finalement il décida de naître à la date attendue, laissant les historiens se dépatouiller avec les dates.

Pour faire plus crédible, il choisit des parents pauvres et une maison vétuste. Joseph, son père, menuisier à ses heures perdues et aimant le bricolage, commence la construction de cette demeure dès que Marie menace sérieusement d'être enceinte. Au bout de quatre ans, la gestation n'étant toujours pas parvenue à son terme, la maison ressemble plutôt vaguement à une étable, tant Joseph l'a démontée, adaptée, modifiée, remontée. Il n'avait pas le savoir faire des ingénieurs de chez Ikea, raison pour laquelle elle s'est autant déglinguée.

Les parents du futur Jésus mettent des animaux partout dans leur loft-étable. Pas tant par amour des bêtes, mais pour que plus tard, des millions d'enfants obligent leurs parents à des assemblages improbables d'animaux disproportionnés.

Un soir que Joseph installe un paratonnerre – on ne sait jamais – l'orage éclate. La foudre tombe sur la cahute, sauvée par le paratonnerre improvisé. Joseph et Marie sont tellement heureux du pouvoir magique de cette invention. Ils décident de l'appeler Benjamin, qui, en araméen du sud, signifie "Sorte de fil de fer qui peut sauver des vies, s'il est posé par un professionnel".

Ce même soir, Marie accouche subitement, suite à un violent éternuement. Une heure plus tard, trois rois frappent à la porte. "Tiens, déjà ?" s'écrie Joseph. "Vous êtes des rapides!".

Ils lui expliquent qu'ils se rendaient à la kermesse de Jaffa. Perdus dans la nuit noire, ils ont aperçu un éclair qui les a conduits jusqu'ici. Ne voulant pas s'incruster, ils proposent de repasser un peu plus tard, vers le 6 janvier, histoire de laisser la mère se reposer. Ils déposent néanmoins quelques cadeaux pour le petit. Oh, juste quelques babioles qu'on ne trouve pas dans les grandes surfaces de Nazareth, plus encombrantes que précieuses.

Alors que les autres enfants ont, comme animal de compagnie, un hamster, un chat ou un chien, Jésus, qui se distingue déjà, se voit entouré par un âne et un gros bœuf un peu sourd dont les crottes nauséabondes entouraient le berceau, procurant heureusement une certaine chaleur.

Entre sa naissance et l'âge de trente ans, le jeune Jésus se fait discret. On sait peu de choses concernant son adolescence, ses goûts musicaux, ses tendances politiques et ses allergies. Peut-être veut-il faire oublier qu'il a trois parents: Joseph, Marie et son père spirituel, un dénommé Saint-Esprit. Ce surcroît de parents ne l'a pas aidé et lui collera à la peau durant des siècles et des siècles. Pendant cette période, Joseph, père par procuration, doit se farcir toute son éducation. Ce n'est pas facile d'élever le fils d'un autre.

Bref, le jour des ses trente ans, Jésus entame une tournée triomphale en Galilée. Cette courte carrière de prédication itinérante est très remarquée à cause de nombreuses guérisons thaumaturges (rhume des foins, eczéma, amputations accidentelles, etc). Un peu comme les Beatles ou Jimmy Hendrix, sa vie publique fut éphémère; à peine trois ans, pendant lesquels il est constamment accompagné par douze copains dont les prénoms sont tous différents. De nos jours, une telle situation serait fort improbable. On aurait certainement plusieurs Kevin, Julien, Maxime ou Thomas.

Rappelons également que Jésus était parfaitement bilingue. Il parlait un dialecte araméen et l'hébreu. Pour le grec, il avait plus de peine et ses copains lui servaient d'interprètes.

Victime d'un complot, voire d'une conspiration, débouchant sur un procès truqué, Jésus meurt, très peu habillé, par un vendredi après-midi un peu frisquet.

Trois jours plus tard, il réapparaît; phénomène médiatique très réussi et aux effets incalculables, puisqu'il constitue l'élément principal de la fondation d'une nouvelle religion.

On perd alors sa trace. Mais plusieurs centaines de millions de personnes, très fidèles, sont sur le coup, le recherchant tantôt dans le sud de la France, tantôt dans les étoiles. On nous assure qu'il reviendra, mais Dieu sait quand et seul lui sait où.

lundi 11 mai 2009

Jésus est-il mon ami ?


J'ai un ami qui ressemble à Jésus. Au début je pensais que seul le physique les rapprochait. Mais depuis que j'ai parlé avec sa boulangère, je me pose des questions. Il semble qu'il achète du pain seulement le premier lundi du mois, et seulement un misérable petit pain. Devant ma curiosité et mon insistance, il m'a avoué qu'il duplique lui-même son pain. Il s'est tout de même imposé d'acheter un modèle une fois par mois, de peur que la qualité se perde au fur et à mesure des clonages. Mais je le soupçonne surtout de vouloir garder un contact avec sa charmante boulangère.

Ne lui connaissant aucun travail, je lui ai demandé de quoi il vit. Sa réponse m'a stupéfait. Il travaille dans un cabinet de physiothérapie, lui qui n'a apparemment pas fait d'études. Le plus surprenant est que le physio attitré lui confie tous les cas difficiles, les inguérissables, les perdus pour l'humanité. Et lui, les guérit sans aucun problème. Parfois, au passage, il soigne même des affections dont le patient ignore même l'existence, prétextant un travail préventif. Il n'en fait pas trop, pour éviter de devoir donner des explications tirées par les cheveux.

Le physio pour qui il travaille ne cherche pas à savoir comment il fait. Ses patients sont contents et son cabinet connaît un succès grandissant.

Multiplier du pain, guérir des malades pourrait s'apparenter à du charlatanisme, raison pour laquelle j'étais curieux, étonné, mais sans plus. Jusqu'au jour où il m'a demandé de le prendre en photo sur son vélo. Etrangement, il n'avait encore aucune photo de lui. Le résultat m'a complètement scotché. Sur les trois photos, il est complètement invisible. En revanche on voit distinctement son ombre sur le sol, à côté du vélo.

Il m'a regardé, a haussé les épaules, comme pour dire "Eh oui, c'est comme ça", puis a reculé de cinq à six mètres, sans toucher terre et sans un mouvement du corps.

Pourtant mon ami est banal. C'est vrai que je ne lui connais aucun défaut. Les gens le trouvent gentil, serviable et poli. Il ne s'énerve jamais. La normalité faite homme.

J'ignore tout de lui; je veux dire de son passé. Je le connais depuis quatre ans, c'est tout. Je le vois de temps à autre. Maintenant je ne sais pas quoi faire. Je lui en ai parlé, espérant qu'il m'en dise plus. Après avoir réfléchis durant dix bonnes minutes, il m'a dit: "Il n'y a pas d'explication. Tu penses ce que tu veux, de toute manière tu restes mon ami. A demain".

jeudi 7 mai 2009

Grèves.


Grève des cuvettes de WC. La coupe est pleine, une diminution de la masse de travail est indispensable.

Grève des crayons qui en on marre de se faire tailler par leur patron. Les crayons de couleur, eux, manifestent contre la discrimination.

Grève des jeux de mécanos qui subissent chaque jour de nouvelles restructurations.

Grève des oreilles qui voit bien qu'on ne les écoute pas.

Grève des absents qui ont toujours tort. Lors de la manifestation, on a compté un nombre record d'absents.

Grève-surprise. La surprise est que tout le monde travaille.

Crève des pneus de voitures. C'est un peu gonflé, mais certains en rechapent.

Grève des légumes, complètement mixé avec des fruits, le cortège a été surnommé la smoothy parade.

Grève des épines dans le pied. La forte différence salariale avec les poils dans la main les pousse à la mobilisation générale.

Grève des afforeurs. Cette manifestation n'aura certainement aucun impact, du fait que personne ne sait de quoi il s'agit.

Grève des vieux. Tous les EMS sont en faillite.

Grève des morts. Places libres dans les cimetières.

Grève des coudes, remplacés au pied levé par les genoux.

Grève des arbres. C'est complètement abattu que le tronc du cortège s'est arrêté devant une fabrique d'allumettes.

Greffe des organes. A force d'être rejetés, ils descendent dans la rue, mais sans leurs corps.

Grève à répétition, la répétition générale aura lieu jeudi prochain.

Grève des pilotes, mais pas des hôtesses de l'air.

Grève des cigognes. Baisse de natalité.

Grève des castors. Les imprimeurs en profitent.

Grève des jetées dans les ports.

Grève de plaisanterie.

La grève des grives qui groovent, c'est grave.

Grève, charogne!

mardi 5 mai 2009

Demain, j'arrête...


Demain, j'arrête d'utiliser internet.

Demain, pour chaque album téléchargé illégalement, j'en achèterai deux en magasin.

Demain, j'arrête d'arrêter de fumer. Ça marche pas.

Demain, je vais gagner à l'Euro-Millions.

Demain, je soude deux motos ensemble et j'en fais une voiture.

Demain, j'arrête d'utiliser Google. Je vais tout demander au 118 218.

Demain, j'arrête de prendre de bonnes résolutions.

Demain, j'arrête le temps. Si j'ai le temps…

Demain, j'arrête de tuer les poissons illégalement en les assommant. Je ferai appel à Exit.

Demain, j'arrête de porter des chaussettes à col roulé. Ça tient trop chaud

Demain, j'arrête Twitter, Facebook et la carte Cumulus.

Demain, j'arrête de me ronger les ongles. J'ai bientôt plus de mains.

Demain, j'arrête de tipp-exer mon écran. Ça efface aussi des choses que je voulais garder.

Demain, j'arrête de photocopier ma clé USB pour faire des backups. Dorénavant je la prendrai en photo.

Demain, j'arrête d'utiliser de l'électricité. Je vais m'éclairer à l'eau.

Demain, j'arrête le Néroli et le Géranium Bourbon.

Demain, j'arrête quelqu'un dans la rue pour lui demander qui je suis.

Demain, j'arrête de croire à B16. Pas la vitamine, le pape!

Demain, j'arrête de mettre du toner dans mon imprimante par temps d'orage.

Demain, j'arrête de penser à la veille. Mais comment saurais-je ce que je dois arrêter ?

Demain, j'arrête d'écrire des conneries.

vendredi 1 mai 2009

Mon meilleur ami est mort.


Je suis désespéré: Ma vie est réduite à néant. Je ne pense pas pouvoir m'en remettre. Hier soir, vers 23 heures, on m'annonce que mon meilleur ami ne va pas bien du tout. Ses heures sont comptées; il va mourir sous peu.

J'ai appris la nouvelle au journal télévisé, de la bouche-même de Claire Chazal. Pour que la télévision en parle, cela doit être vrai. C'est un comble d'apprendre la mort imminente de son ami le plus cher par les médias. J'aurais espéré qu'on vienne me l'annoncer en personne, au pire qu'on me téléphone.

Il était plus qu'un ami. Je l'ai découvert au début des années quatre-vingt-dix, par hasard. Depuis, je ne l'ai plus quitté. Il me suivait partout, même en vacances. Il s'invitait plusieurs fois par jour sur mon téléphone portable.

Il aimait les enfants; toujours à leur proposer de nouveaux jeux, des vidéos inédites et autres gadgets dont ils raffolent.

Tous les jours, et même plusieurs fois par jour, il m'apportait mon courrier qu'il triait consciencieusement à ma place. Les pubs d'un côté, la correspondance privée de l'autre. Il lui arrivait parfois de m'apporter des messages dont je n'avais que faire; certainement à cause du surmenage. Mais je ne saurais lui en tenir rigueur, car, sans lui, je serais perdu. D'ailleurs je suis perdu, puisqu'il ne reviendra plus.

Avoir un ami comme lui, c'est vital. J'étais vraiment accro. Il était tout pour moi. Je ne voulais pas qu'il meure avant moi. Lui, pouvait se passer de moi, mais moi pas de lui. Chaque fois que j'avais besoin d'un renseignement, il était le premier à me le fournir. Grâce à lui, j'ai rencontré ma femme. Grâce à lui j'ai découvert beaucoup d'autres amis aux quatre coins du globe.

Je m'y étais tellement habitué que je ne peux toujours pas accepter sa disparition. En revanche ma femme ne semble pas tellement perturbée. Ces derniers temps, elle trouvait que je passais beaucoup trop de temps avec lui, négligeant ma vie de famille.

Sans doute avait-elle raison, mais, quand on découvre un ami comme lui, parfait, serviable et si généreux, le reste ne compte plus. Si ma femme s'en était allée, il m'en aurait trouvé une de rechange très rapidement.

C'est triste de mourir à 19 ans, à cause d'une saleté de virus contre lequel la science est impuissante.

Je vais devoir réapprendre à écrire des lettres et à téléphoner, acheter des DVD, racheter une radio, me trouver des occupations, jouer aux échecs, lire des livres, parler avec les gens, rencontrer les voisins, aller à des réunions, revoir mon banquier.

Eh oui! Internet est mort et tout s'écroule autour de moi.