jeudi 16 juillet 2009

Je veux attraper la grippe H1N1


La mode H5N1 est passée, vive H1N1. Qu'on y soit sensible ou non, qu'on soit inquiet ou qu'on s'en fiche, il semble que cette nouvelle grippe porcine soit une cochonnerie. Dans le même laps de temps que H1N1 a tué quelques centaines d'individus, plusieurs millions sont certainement morts d'autres causes bien moins sympathiques: cancers, sida, paludisme, guerres…

Depuis plusieurs années les médias nous préparent à la grande pandémie des grippes HN (Hélas Nouvelles). Serait-ce à cause d'un réel danger épidémiologique, serait-ce pour participer à enrichir les usines à vaccins ou simplement par oisiveté journalistique redirigée vers une nouveauté intéressante ? Nous le saurons certainement dans une vingtaine d'années. Nous saurons également tout ce qu'il aurait fallu faire et qui n'a pas été fait, mais également l'inverse. Les scandales, procès et autres s'enchaîneront, ou alors nous aurons déjà laissé notre place aux insectes et aux oiseaux.

Faisons donc une hypothèse réaliste, à savoir qu'il s'agit bien d'une épidémie qui va devenir globale et qui nous concernera tous d'ici l'automne prochain. Dans plusieurs pays les préparatifs vont bon train et tout s'organise en conséquence. Ainsi la télévision suisse nous montre un docteur du gigantesque hôpital de Genève expliquant que les patients suspects seront accueillis, puis conduits vers le box Y. Un box, c'est un box, au pire dix mètres carrés. Si la pandémie prend les proportions attendues dans un scénario pessimiste, ce seront peut-être deux ou trois mille personnes par jours qui se retrouveront dans le box Y. A ce rythme c'est plutôt quelques stades de football qui seront nécessaires. Décidément il y aura toujours des naïfs pour qui tout est simple.

On entend aussi dire que les malades pourront être accueillis, disons plutôt hébergés, dans des EMS (pensions pour personnes âgées). Le but est-il d'effectuer un regroupement pré-mortel dans ces établissements d'où l'on sort rarement guéri ? Les écoles n'ont-elles pas plus de place avec leurs innombrables salles de sport certainement inutilisées si la situation est telle que les élèves resteront chez eux ?

Partant de plusieurs constatations pessimistes, certaines personnes relativement futées ont eu une idée qui est loin d'être stupide. Elles essaient mordicus d'attraper la grippe H1N1. Pour cela, elles se rendent dans tous les endroits que les médias nous signalent comme étant dangereux, par exemple un camp de vacances ou une école contaminés. Il y aurait même des personnels soignant qui se laisseraient volontairement infecter.

Mais pourquoi cette attitude ? S'agit-il d'un comportement suicidaire ? Pas du tout. Une personne atteinte de la grippe H1N1 qui se présente actuellement dans un service hospitalier sera forcément choyée, chouchoutée, surveillée et certainement tellement bien soignée qu'elle bénéficiera de fortes probabilités de guérison rapide. De plus, elle sera immunisée, comme dans tous les cas de grippes classiques.

Au contraire, si cette personne arrive en milieu médical en plein boom de l'évolution pandémique, elle sera anonyme parmi des millions d'autres. Sera-t-elle aussi bien prise en charge et soignée, par un personnel débordé ? On est en droit d'en douter.

Et la morale alors ? Est-il moral d'attraper volontairement une maladie contagieuse, contribuant ainsi à sa propagation, pour son simple confort personnel ? Certainement non. Mais, dans les situations d'extrême urgence, peut-on encore parler d'égalité, de fraternité et de morale ?

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