vendredi 30 mai 2008

Les nouveaux médicaments


Les chercheurs de la chimie bâloise travaillent pour nous, inlassablement. Après avoir inondé le marché pharmaceutique avec tous les médicaments possibles, ils songent à une reconversion salutaire en appliquant le principe d'Archimède et en se tournant vers des associations inédites. Voici la liste de celles que l'on trouvera très prochainement dans les grandes surfaces.

Le patch antipelliculaire à appliquer directement sur les cheveux. Il faut le laisser en place au moins trois semaines sans le mouiller pour en ressentir les effets.

Les verres de contact autocollants. A usage unique et à durée de vie illimitée, vous les achetez une fois et vous mourez avec. Il est prévu de pouvoir les superposer afin de suivre l'évolution de la qualité de votre vue.

La crème antidérapante plantaire. Cette enduit à base de caoutchouc naturel s'applique directement sur la voûte plantaire et vous procure des démarrages fulgurants. Des versions pour la neige sont en préparation.

Les suppositoires oraux à la glycérine. A l'arôme de pastis ou de vodka, vous pouvez les ingurgiter dans un lieu public sans indisposer votre entourage.

Les bonbons rectaux à la menthe contre la toux. Si une forte toux vous empêche d'avaler un bonbon sans qu'il ressorte ou si vous ne supportez pas l'odeur de la menthe, cette nouveauté vous rendra de grands services.

Le sparadrap effervescent. Cette merveille convient particulièrement aux personnes très poilues et qui redoute la séance d'arrachage du sparadrap usagé. Il suffit de le laisser fondre dans un verre d'eau et de le boire d'une traite. Le sparadrap trouvera automatiquement sa destination et se reconstituera sous la peau, exactement à l'emplacement de la blessure.

Le neztifrice. Ce produit réjouira ceux d'entre vous qui ont des problèmes de mauvaise haleine nasale. Son application est facilité par l'utilisation d'une brosse cylindrique douce qui préserve la flore nasale.

Le laxatif anti-diarrhéique. Spécialement conçu pour les personnes hésitantes, ce produit provoque diarrhée et de constipation en alternance toutes les 30 minutes. A prendre en cas de doute.

L'excitant antidépresseur. Vous voulez augmenter votre capacité de travail tout en diminuant votre stress ? Ce produit est fait pour vous.

Ces mêmes chercheurs ont également inventé des produits paramédicaux variés dont voici quelques exemples.

Le stéthoscope lumineux pour sourds. Cet appareil est issu d'un prototype qui comportait un lecteur MP3 muni d'écouteurs. L'adjonction de leds rouges permet au patient de voir son pouls.

La cicatrice amovible. Sous forme autocollante, elle est à utiliser essentiellement avant une opération afin d'indiquer au chirurgien l'emplacement où il devra sévir.

Le thermomètre nasal. Cette invention ravira tous ceux qui trouvent dégoûtant de mettre un thermomètre dans la bouche ou sous le bras. Avec ce thermomètre couleur peau vous passerez inaperçus. Il est même garni de poils pour faire illusion.

Les adolescents sujets à l'acné pourront bientôt bénéficier du comédon de soi.

Le lait décicatrisant. Deux ou trois applications de cette lotion vous débarrasseront définitivement des cicatrices disgracieuses. Il ne faut pas l'utiliser moins d'une semaine après une opération.

jeudi 29 mai 2008

Vaut-il mieux ?


Pour agrémenter vos longues soirées sur la plage, voici une liste non exhaustive de questions fondamentales auxquelles vous pouvez soumettre votre cerveau encrassé par une longue année de travail non gratifiant. Elles ne sont pas anodines et peuvent même changer votre vie. Alors prenez quelques précautions afin d'éviter de rester croché plus d'une demi-heure sur chacune d'entre elles.

Le propre de ces questions est qu'elles s'adressent aussi bien à des enfants qu'à des intellectuels aguerris, ou encore à des footballeurs au chômage.

Pour vous mettre sur la bonne voie, la bonne réponse est mise en évidence, mais nous ne préciserons pas de quelle couleur.

Vaut-il mieux être bête ou méchant ?

Vaut-il mieux être conscient ou naïf ?

Vaut-il mieux être sourd ou aveugle ?

Vaut-il mieux avoir la peste ou le choléra ?

Vaut-il mieux être innocent en prison ou coupable et en liberté ?

Vaut-il mieux être historien ou futurologue ?

Vaut-il mieux être ou avoir ?

Vaut-il mieux avoir tout oublié ou se souvenir de tout ?

Vaut-il mieux être écolo et rouler en 4x4 ou anti-écolo et rouler en vélo ?

Vaut-il mieux être un footballeur grassement payé ou un rugbyman sans le sou ?

Vaut-il mieux être belge ou suisse-allemand ?

Vaut-il mieux, pendant une panne de courant, utiliser un rasoir électrique ou un rasoir traditionnel sans lames ?

Vaut-il mieux vomir son déjeuner ou son dîner ?

Vaut-il mieux être un masochiste privé de sadique ou un sadique privé de masochiste ?

Vaut-il mieux naître en prison ou mourir en taule ?

Vaut-il mieux être une vache à lait ou une tête de Turc ?

Vaut-il mieux dire ce qu'on pense ou penser à ce qu'on dit ?

Vaut-il mieux se produire ou se reproduire ?

Vaut-il mieux respirer du fromage en spray ou pisser dans un violon ?

Vaut-il mieux offrir une rose ou un cactus ?

Vaut-il mieux une crotte d'oiseau blanche sur une voiture noire ou une crotte noire sur une voiture blanche ?

Vaut-il mieux être une souris chauve ou une chauve-souris ?

Vaut-il mieux être gaucher et faire du stop à Londres ou droitier et faire du stop à Paris ?

Vaut-il mieux être le doigt ou la lune ?

Vaut-il mieux ou pire ?

Vaut-il mieux ?

Vaut-il ?

mardi 20 mai 2008

Permis de tuer


Parfois, éviter les conflits crée des problèmes. L'Helvétie, n'ayant pas d'accès à la mer, a été créée pour ne pas faire de vagues et elle y parvient fort bien. Si le Petit Larousse illustré de 1983 qualifiait "avalanche" de "mot de la Suisse romande", "conflit" est pour sa part complètement absent des langues nationales suisses.

Le pays du fromage levant gagne beaucoup plus en royalties lors d'avalanches qu'il ne doit en payer en cas de guerre. D'ailleurs les Suisses ne parviennent pas à prononcer le mot "conflit", ni à en créer un.

En Suisse, même les bateaux ne font pas de vagues. Dans les restaurants l'eau est désespérément plate. Dans les banques, l'argent liquide est soumis à un secret inaliénable. Les débats publics sont consensuellement ternes et ritalinisés. La Suisse est un village dont les prisonniers tentent continuellement de s'échapper et sont systématiquement reconduits dans leur chambre numérotée, surveillée et aseptisée.

Comment gérer les conflits dans une société, lente, mais tout de même développée ? En créant des permis. Chaque problème découvert débouche sur la création d'un examen, suivi d'un permis.

Un chien dévore un enfant ? Et hop, un permis pour détenir un chien méchant. Un chien gentil dévore un SDF ? Et hop, un permis pour détenir un chien gentil. Un Yorkshire se fait bouffer par quelques mouches ? Son propriétaire devra suivre un cours de psychologie pour détenteurs de Yorkshire.

Tout le monde y trouve son compte. Les services proches des animaux (non, pas la poste!) applaudissent des deux pattes à la création de permis, puisqu'ils pourront dispenserles cours correspondants et faire passer les examens. Une manne aussi alléchante qu'inespérée.

En ville les méchants cyclistes ne respectent rien, roulant sur les trottoirs, ignorant les feux et les panneaux de circulation, oubliant non seulement la loi, mais le moindre respect. Surtout, ne pas faire de vagues! Eviter les conflits et ne pas risquer de braquer les adeptes du deux roues sans moteur! Alors ? Ben voyons, pourquoi pas un permis! Cela découle d'une réaction socialo-égalitariste partant du principe que l'être humain est intrinsèquement bon.

On oublie que la société actuelle est une douce jungle dans laquelle chacun tente de survivre, toujours à la limite de la légalité, parfois en-deçà, mais souvent bien au-delà. Seul un excès de naïveté ou un manque total de discernement peuvent faire penser qu'un cycliste ayant subi des centaines d'heures de cours et d'endoctrinement va tout à coup se comporter correctement pour le restant de ses jours.

Les cyclistes s'en prennent plein la tête pour des raisons d'actualité, mais le même raisonnement vaut pour les automobilistes, les pirates informatiques, les tueurs en série et autres criminels.

Les voisins du pire des tortionnaires le trouvent sans doute très gentil et sympathique. Il est évident qu'il ne va pas crier sur les toits qu'il est le nouveau Landru.

Les comportements les plus inexcusables sont parfois le fait d'individus anodins et banals, telle la veille dame qui dépasse systématiquement tous les clients dans les files d'attente, avec un air innocent et timoré.

Notre monde de liberté, d'égalité et de fraternité est en fait un condensé d'hypocrisie, puante et désarmante. Cette situation mène directement à une distinction entre deux catégories, les dominants et les dominés, particulièrement observable en Valais.

Nous sommes partout et sans cesse entourés de crapules en habits du dimanche. Alors continuons à ne pas faire de vagues et à nous masquer la réalité; c'est le meilleur moyen de provoquer des fractures.

Etant incapables de limiter la vitesse des véhicules dans des zones dangereuses, nos chères autorités débordent d'imagination. Des séries de gendarmes couchés à peine endormis, des pots de fleurs en béton empêchant de se croiser, des zigzags artificiels sources d'encore plus d'accidents, des rues volontairement rétrécies afin de rayer les rétroviseurs de la surface de la planète, des alternances goudron-sable-rivières du meilleur goût. Toutes ces mesures ont comme unique effet d'irriter et d'aller totalement à l'encontre de l'objectif visé. Mais au moins cela ne fait pas de vagues, il n'y a pas de conflit. Aucun agent n'aura besoin de se confronter à un chauffard éméché, la configuration des rues est prévue pour faire le sale boulot, auto-régulante, anti-ergonomique à souhait, mais tellement déresponsabilisante.

En termes terre à terre cela s'appelle tourner autour du pot. Et cela n'a jamais été valorisant pour personne.

Moralité: au lieu de dire bonjour à votre voisin, envoyez un mail à votre femme pour qu'elle dise au fils du voisin de demander à sa mère de transmettre votre bonjour à son mari.

dimanche 11 mai 2008

Des animaux et des hommes


Les animaux et les hommes ont de tout temps vécu ensemble. Les premiers n'ont pas changé, les seconds ont dégénéré, et la société devient folle. Depuis que quelques méchants chiens s'en sont pris à des enfants, fait regrettable et inadmissible, des mesures ont été prises.

Mais ces mesures drainent tout un éventail d'effets indésirables et de dérives inquiétantes. Ainsi voit-on fleurir dans le pays des combats de vaches, des lacs en pente, des banques exemplaires et des montagnes en chocolat, mesures et contre-mesures, réglementations trop laxistes ou trop aberrantes.

Les animaux sont la cible idéale pour les bricoleurs de règlements en tous genres, pour ces apprentis sorciers ayant enfin trouvé un terrain d'entraînement grandeur nature.

Dorénavant le propriétaire d'un chien de plus de 25 kilos devra suivre des cours afin d'être en phase avec son monstre. Encore faut-il peser tous les chiens de la république, ce qui devrait prendre quelques années.

Comment repérer de telles forces de la nature sachant qu'à la naissance ils sont tous minuscules ? Va-t-on mettre en place des balances camouflées qui pèsent les quadripattes à leur insu ? Le propriétaire de deux chiens de 15 kilos devra-t-il également suivre des cours ? Peuvent-ils provoquer autant de dégâts qu'un seul chien de 30 kilos ? Que se passe-t-il si un docile propriétaire de tueur sur pattes, muni de toutes les autorisations, certificats d'aptitude, attestations et autres médailles et paperasses, tombe malade ? Sa femme, qui n'a pas suivi de cours, peut-elle promener le chien ou faut-il l'euthanasier sur le champ ?

Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, la loi s'attaque également aux autres animaux, mais en appliquant des équations digne d'un ingénieur. En effet, pour les cochons, le nombre fatidique est de trois, quel que soit leur poids. Si vous en possédez plus de trois, vous devez suivre un cours. Peut-on en conclure que trois porcs sont aussi dangereux qu'un pitbull ?

Alors que dire des chevaux pour lesquels la limite est de cinq ? Chacun peut bien s'imaginer qu'il n'y a aucun problème à se promener avec quatre chevaux, alors qu'un canasson de plus détraque complètement le troupeau. Ou alors de fin psychologues équins ont-ils déterminé que les chevaux deviennent agressifs s'ils sont plus que quatre ? Dans ce cas deux groupes de deux ou trois chevaux qui se mêlent deviennent une vraie bombe.

Et les abeilles ? Rien pour les abeilles ? Pourtant elles causent bien plus de décès que les pitbulls. Il est vrai qu'une abeille est forcément gentille, puisqu'elle fait du miel...

Et les vaches ? Et les moustiques ? Et les éléphants ? A partir de combien de fourmis dans les jambes devra-t-on passer un permis ? Un chaud-lapin est-il inoffensif lorsqu'il est seul ? Avoir une faim de loup non déclarée est-il répréhensible ? A partir de combien de mites occupant une armoire la maîtresse de maison doit-elle suivre un séminaire sur le dressage des insectes ? La limite des quatre chevaux s'applique-t-elle également aux voitures ?

Ne s'agirait-il finalement pas une bande d'ânes qui a eu ces merveilleuses idées ?