dimanche 1 mars 2009

Tony, épisode 7. La puissance du cerveau.


Il ne sait pas pourquoi, mais Tony a l'impression que Juliette lui cache volontairement quelque chose. Elle élude, elle fuit parfois, tout en restant très attentionnée. En fait, elle veut éviter que Tony ne lui claque entre les mains, comme tant d'autres.

Pendant se moments de détente, c'est-à-dire lorsqu'il arrête momentanément de se torturer l'esprit pour savoir pourquoi on lui a torturé son corps, Tony tente de rassembler ce qui pourrait s'apparenter à une démarche scientifique, du moins à une réflexion objective. Les questions qu'il se pose sont nombreuses, mais les réponses qu'il leur trouve sont maigres. Devient-on forcément fou sans son corps ? Si oui, au bout de combien de temps ? Un cerveau peut-il souffrir ? Peut-on réorganiser son cerveau et le contrôler à la manière d'un ordinateur ? Ne dit-on pas que les ordinateurs sont des cerveaux électroniques ?

Les seuls moyens dont il dispose pour y voir plus clair sont son intelligence, l'observation et ses discussions avec Juliette. Depuis plusieurs jours il a observé que le rythme de fonctionnement de son cerveau est périodiquement ralenti, une sorte de manque de tonus. Peut-être cela correspond-il à une phase de sommeil paradoxal. Tony a pu mesurer la durée de ce cycle en demandant l'heure à Juliette. En effet, depuis sa position elle peut apercevoir le reflet d'une pendule dans la vitre de la porte blindée qui les sépare d'un local inconnu. Il l'estime à 18 heures, alors que le rythme circadien varie habituellement entre 20 et 28 heures, avec une moyenne de 24 heures et 12 minutes.

Le cerveau seul se fatigue. Bien qu'il ne puisse fermer ses yeux, Tony peut se relaxer juste après ces phases relativement agitées. A ce moment, ses yeux ne transmettent plus d'images au cerveau. Il pourrait s'agir de sommeil, duquel toutefois il peut sortir à son gré.

Tony a également remarqué comme une sensation de faim juste après d'intenses discussions avec Juliette ou après de profondes réflexions. Comment un cerveau peut-il avoir faim ? Tony se souvient que cet organe est un gros consommateur d'énergie.

Mais il ignore que cette énergie lui est apportée de manière régulière, par une pompe, sous forme d'oxygène, de glucose, de sels minéraux et de lipides. Son impression de faim vient du fait qu'il consomme momentanément plus d'énergie que celle qui lui est fournie. Sous chaque bocal un système sophistiqué constitué d'un circuit de contrôle, d'un accumulateur, d'une pompe et d'un double système de tuyaux. Le premier apporte les nutriments, le second l'oxygène. Le tout est injecté dans un circuit fermé de circulation de sang.

Il arrive à Tony de faire des expériences, par exemple rester "sans dormir" durant trois jours sans constater une augmentation du besoin de sommeil. Il essaie également de creuser dans sa mémoire, sans vraiment de méthode, mais en se concentrant de manière particulière. A l'aide de ce procédé sa mémoire se livre toujours un peu plus. Les progrès sont lents, mais Tony espère pouvoir combler complètement le trou béant qui l'empêche de comprendre ce qui se passe. Il essaie de contrôler sa mémoire comme celle d'un ordinateur, parvenant même à déplacer de l'information.

Il est une caractéristique qui distingue l'homme de l'ordinateur: notre cerveau peut apprendre, mais on ne peut pas effacer volontairement des informations. Pourtant Tony y parvient, simplement en prélevant l'information de son emplacement originel et en l'éparpillant dans des zones moins facilement accessibles. Il a constaté que ces informations se perdent définitivement en quelques heures.

Alors qu'il expose et explique ses constatations à Juliette, tout à coup, le noir total. Il ne voit plus rien. Pourtant il est vivant, puisqu'il pense. Lui aurait-on coupé les yeux ? Juliette aurait eu le temps de l'avertir!

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