dimanche 8 février 2009

Un bouton pour disparaître


Qui n'a pas eu envie une fois de disparaître ? Je ne parle pas de disparaître juste pour un moment ou de changer de pays. Non, vraiment disparaître. Mourir, en somme.

Une kyrielle de nouvelles maladies, toutes plus méchantes les unes que les autres, nous guettent à chaque coin de rue ou à chaque contact non contrôlé. Sans oublier les fondamentaux, cancers en tous genres, maladie d'Alzheimer, de Parkinson, de Hodgkin, de Crohn, de Creutzfeldt-Jakob et de bien d'autres personnes célèbres. D'ailleurs, au lieu de donner à une maladie le nom de celui qui l'a découverte ou étudiée, il aurait été plus subtil de lui donner le nom de la première personne atteinte.

Toujours plus de soucis et de collègues insupportables, de chefs incompétents dont le moteur est uniquement l'appât du gain et qui tiennent à prendre eux-mêmes la moindre décision, de peur de la déléguer à un subalterne plus compétent, donc dangereux. Les impossibles voisins, les radars, les administrations bornées, les lois d'un autre âge. Stop!

Il faut absolument inventer le bouton pause. Einstein nous parle de dilatation du temps, de jumeaux qui n'ont plus le même âge, de courbure de l'espace. Et il n'y aurait personne en mesure d'inventer ce malheureux petit bouton ?

Mais là on dévie de l'objectif initial; une pause ne suffit pas. C'est même la pire des solutions. Penser qu'hiberner pendant une semaine et qu'à notre retour tous les problèmes ont été réglés est une solution de poisson rouge, voire d'autruche. Au contraire, les ennuis attendent impatiemment notre réveil, prêts à nous harceler.

Non, le bouton doit vraiment nous faire disparaître, de manière irréversible. Il ne faut laisser aucun espoir aux agressions. Certes, appuyer dessus est une décision lourde de conséquences, pire que le mariage, pire qu'un tatouage "J'aime Valentine" ou "Vivent les banquiers!", pire qu'une épilation durable ou une amputation. Mais mieux qu'un suicide classique par injection de Nutella. L'euthanasie du trouillard, en réalité.

Voilà, le bouton pour disparaître existe. Mais on le met où ? Chacun peut s'en procurer un (plus, c'est inutile, ça marche à coup sûr) au kiosque du coin ? Peut-être faudrait-il ouvrir des centres de disparition, où les gens entrent, mais ne ressortent plus. Un mouroir moderne, sans cadavres, sans déchets, sans traces, sans remords. Juste une caméra qui enregistre les entrées, pour éviter des recherches ultérieures inutiles.

Des informaticiens subtils ajouteront certainement une confirmation: "Êtes-vous sûr de vouloir disparaître ? Si oui, appuyez à nouveau sur le bouton. Si non, prenez place à la fin de la file d'attente, le temps d'une bonne réflexion".

La disparition en public n'est peut-être pas la meilleure idée. Finalement, il vaudrait mieux que chacun ait son bouton de disparition avec soi, sur une carte à puce personnalisée, avec lecteur d'empreintes digitales, afin d'éviter les meurtres.

Non, ça ne colle pas. Ça ne marchera jamais. La plupart des gens veut bien disparaître, mais sans causer de chagrin ou de désagréments à son entourage. La vraie solution est de se volatiliser complètement de l'histoire.

Le vrai bouton qu'il faut inventer, nous effacerait de l'espace et du temps, y compris du passé. La mise en œuvre est délicate, mais, de cette manière, personne ne saura que nous avons existé. Pas la moindre trace dans les documents officiels. Une vraie annulation de notre naissance. Aucune conséquence sur l'environnement. Une sorte de vie en test, avec un contrat "satisfait ou remboursé", ou plutôt "satisfait ou effacé".

Y a-t-il un inventeur de génie dans la salle ?

Aucun commentaire: