mercredi 15 mars 2006

Douaniers sans frontières

Après Médecins sans frontières, Reporters sans frontières et bien d'autres, une nouvelle association vient de naître: Douaniers sans frontières. En effet, avec la construction de l'Europe et la disparition progressive des douanes traditionnelles, les douaniers ont perdu leur territoire, leur chasse gardée, leur petit mètre carré dans lequel ils sont tout puissants.

Finalement, bien mieux que la disparition des frontières en Europe, c'est la disparition des douaniers qu'il faut saluer. Ce non-métier, exercé par des terriens du troisième type oscillant entre le sadisme primaire et la bêtise sur-entraînée (vous savez, le truc qui n'a pas de limites) est bien étrange. Chacun peut en faire l'expérience. Il vous suffit de passer devant un douanier sans baisser les vitres de la voiture. Normalement vous allez recevoir invectives, menaces et autres armes des faibles en habit d'apparat. La prochaine fois, essayez de vous arrêter et de baisser la vitre devant un douanier en train de parler avec un collègue. Là vous risquez un: "Ben alors! Allez-y!!".

Qui parmi vous n'a jamais eu une étrange hésitation devant le même douanier toujours en train de parler avec son collègue (à croire que le travail en binôme, comme en informatique, évite les bavures), lorsque celui-ci semble faire un signe de la tête. On ne sait si le vague geste fait partie de sa conversation hyper-intéressante ou bien si c'est à vous qu'il essaie de dire "Allez-y!". A croire qu'au fil des années la relation entre le douanier et sa proie s'est optimisée au point que sa seule présence devrait nous plonger dans une osmose permettant de se comprendre sans une parole, sans même un geste, aussi embryonnaire soit-il.

Bien sûr, c'est caricatural, exagéré, généralisé, mais tellement vrai. Et comme, parmi les douaniers, il doit y avoir la même proportion de gens sympathiques que dans le reste de la population, c'est forcément la fonction qui pose un problème et non l'humain qui la revêt.

Le franchissement d'une douane peut être ressenti comme une mini garde à vue, et, pour une fois, n'importe qui peut avoir l'impression d'être dans la peau d'un malfaiteur ou d'un criminel. Si vous êtes en quête de sensations fortes, traversez une douane plusieurs fois par jour. En cas de problèmes ultérieurs avec la justice, vous vous serez ainsi un peu accoutumé à l'atmosphère carcérale.

La disparition des douanes a donc poussé nos braves barrières vivantes à se mettre au service de pays étant en manque de douaniers. De cette manière, en cas de conflit, les reporters sans frontières nous tiennent au courant des événements, les médecins sans frontières essaient de soigner les plus démunis et les douaniers sans frontières sont là pour les empêcher de passer.


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