jeudi 30 mars 2006

Taxes et surtaxes

Logiciels « pire tout pire », copie privée, chanteurs au chômage, téléchargement sauvage. Quelle horreur ! Les multinationales de la musique et de la vidéo sont au bord de la faillite, car plus personne n’achète des CD ou des DVD. Les pauvres gars !

C’est vrai que les gens sont méchants avec ces philanthropes désintéressés qui nous proposent nos chères musiques et films préférés. Si certains commettent bourdes sur bavures, agissements illégaux (d’ailleurs condamnés par les tribunaux de la majorité des pays) sur excuses bidon, c’est pour notre bien. Pour nous éviter d’avoir des accidents de la route en essayant de glisser malencontreusement une galette musicale dans notre autoradio et ainsi pouvoir simplement écouter de la musique achetée en toute légalité.

Afin d’éviter à ces Saint-Bernard du divertissement de rester incompris à jamais et de risquer l’anéantissement complet de leur espèce, il existe des solutions, dont certaines sont d’ailleurs déjà en vigueur : les taxes. Il ne faut pas en rester aux taxes sur les CD et DVD vierges, les disques durs, les ordinateurs, les baladeurs MP3. Voici d’autres possibilités permettant de renflouer les caisses de nos amuseurs publiques :

  • Taxe sur les lecteurs de CD et DVD (y compris les modèles pour automobiles)
  • Taxe sur les haut-parleurs
  • Taxe sur les fauteuils et canapés utilisés pour écouter de la musique
  • Taxe sur les habits, à moins d’apporter la preuve que l’on écoute toujours la musique dans le plus simple appareil
  • Taxe sur l’électricité, étant donné que la plupart des radios/lecteurs/graveurs/baladeurs sont d’une manière ou d’une autre électriques
  • Taxe sur les transports en commun utilisés pour se rendre chez les marchands de musique
  • Taxe sur les browsers internet
  • Taxe sur les piles des baladeurs MP3
  • Taxes, en fait retenue de salaire, sur les heures passée à écouter de la musique sur son lieu de travail
  • Taxe sur l’air, car sans air il n’y pas de propagation des ondes sonores
  • Taxe sur les oreilles, payable en 12 mensualités dès la naissance
  • Taxe sur la naissance de tout mélomane potentiel
  • Prime à l’avortement, technique permettant tout de même d'éviter de multiplier des pirates en herbe et autres téléchargeurs anonymes
  • Taxes applicable, par solidarité, à toutes les personnes non soumises aux taxes ci-dessus

En cherchant bien, on doit pouvoir faire encore mieux pour aider une industrie à la dérive, mais tellement indispensable.

Heureusement que les fabricants de films pour appareils de photos ont su s’adapter à l’évolution technologique.

Mais que devraient dire les petits épiciers, les rémouleurs, les promeneurs solitaires ?

mercredi 15 mars 2006

Douaniers sans frontières

Après Médecins sans frontières, Reporters sans frontières et bien d'autres, une nouvelle association vient de naître: Douaniers sans frontières. En effet, avec la construction de l'Europe et la disparition progressive des douanes traditionnelles, les douaniers ont perdu leur territoire, leur chasse gardée, leur petit mètre carré dans lequel ils sont tout puissants.

Finalement, bien mieux que la disparition des frontières en Europe, c'est la disparition des douaniers qu'il faut saluer. Ce non-métier, exercé par des terriens du troisième type oscillant entre le sadisme primaire et la bêtise sur-entraînée (vous savez, le truc qui n'a pas de limites) est bien étrange. Chacun peut en faire l'expérience. Il vous suffit de passer devant un douanier sans baisser les vitres de la voiture. Normalement vous allez recevoir invectives, menaces et autres armes des faibles en habit d'apparat. La prochaine fois, essayez de vous arrêter et de baisser la vitre devant un douanier en train de parler avec un collègue. Là vous risquez un: "Ben alors! Allez-y!!".

Qui parmi vous n'a jamais eu une étrange hésitation devant le même douanier toujours en train de parler avec son collègue (à croire que le travail en binôme, comme en informatique, évite les bavures), lorsque celui-ci semble faire un signe de la tête. On ne sait si le vague geste fait partie de sa conversation hyper-intéressante ou bien si c'est à vous qu'il essaie de dire "Allez-y!". A croire qu'au fil des années la relation entre le douanier et sa proie s'est optimisée au point que sa seule présence devrait nous plonger dans une osmose permettant de se comprendre sans une parole, sans même un geste, aussi embryonnaire soit-il.

Bien sûr, c'est caricatural, exagéré, généralisé, mais tellement vrai. Et comme, parmi les douaniers, il doit y avoir la même proportion de gens sympathiques que dans le reste de la population, c'est forcément la fonction qui pose un problème et non l'humain qui la revêt.

Le franchissement d'une douane peut être ressenti comme une mini garde à vue, et, pour une fois, n'importe qui peut avoir l'impression d'être dans la peau d'un malfaiteur ou d'un criminel. Si vous êtes en quête de sensations fortes, traversez une douane plusieurs fois par jour. En cas de problèmes ultérieurs avec la justice, vous vous serez ainsi un peu accoutumé à l'atmosphère carcérale.

La disparition des douanes a donc poussé nos braves barrières vivantes à se mettre au service de pays étant en manque de douaniers. De cette manière, en cas de conflit, les reporters sans frontières nous tiennent au courant des événements, les médecins sans frontières essaient de soigner les plus démunis et les douaniers sans frontières sont là pour les empêcher de passer.


lundi 13 mars 2006

Durée de vie du proton


(inspiré d'une présentation de R. Carreras)

La durée de vie du proton est d’environ 1040 secondes. Après…il se transforme. Sachant que quasiment la moitié de toute la matière qui nous entoure est constituée de protons, à frotiori un être humain, les gens devraient être paniqués à l’idée que la moitié de leur corps se désintègre petit à petit. Toutes les 1040 secondes un proton disparaît. Angoisse suprême !

En fait ce n’est peut-être pas si grave. Bien que ce nombre de 1040 puisse paraître normal, voire même petit, rappelons que la moindre calculette peut nous afficher des 10308, il représente tout de même un temps très long. Pour s’en rendre compte, voici trois histoires.

Combien de dés ?
Imaginons qu’une personne lance un dé chaque seconde. En moyenne, le chiffre 6 sort toutes les 6 secondes. Si la personne lance 2 dés chaque seconde, en moyenne toutes les 36 secondes (6 fois 6) il y aura 2 fois le chiffre 6. Avec 4 dés il faudra attendre en moyenne 1296 secondes pour obtenir uniquement des 6.
Combien faudrait-il de dés (à lancer chaque seconde) pour qu’en moyenne il faille 1040 secondes avant que tous tombent sur 6 ? La réponse est : 51 dés.

Les trois peties bêtes
Imaginons une petite bête qui fait le tour de la Terre par l’équateur. Cette bête avance de 1 millimètre chaque année. A cette vitesse 2000 ans représentent un parcours de 2 mètres pour notre petite bête.
Quand la petite bête, que nous appellerons A, a terminé un tour de Terre, une autre (que nous nommerons B) démarre. A chaque toure de Terre de A, B avance de 1 millimètre. Quand B a terminé un tour de Terre, Une troisième, C, avance de 1 millimètre.
C’est seulement lorsque C aura effectué 4 ou 5 tours de Terre que 1040 secondes se seront écoulées.

Les timbres-poste
La troisième histoire est encore plus incroyable, mais elle nécessite la présence d’un extra-terrestre fictif. Imaginons cet extra-terrestre qui débarque sur Terre et colle un timbre-poste sur le sol. Pour fixer les idées prenons un timbre de 2cm x 2cm et d’une épaisseur de 0,1 millimètre. L’extra-terrestre s’en va et revient après 100'000 ans afin de coller son 2ème timbre à côté du premier. En 100'000 ans n’importe quelle civilisation a très largement le temps de disparaître.
Notre extra-terrestre est tenace et tous les 100'000 ans il revient pour coller un timbre. Lorsqu’une surface équivalente à celle de l’europe est entièrement recouverte, il remet une couche, toujours au rythme d’un timbre tous les 100'000 ans.
Lorsque l’épaisseur des timbres atteint le sommet de la tour Eifel, l’extra-terrestre enlève tous les timbres et il recommence avec un premier timbre, un deuxième etc, toujours au même rythme, jusqu’à atteindre à nouveau la hauteur de la tour Eifel. Lorsqu’il aura répété l’opération et atteint 100'000 fois la hauteur de la tour Eifel, il se sera écoulé un temps d’environ 1040 secondes.

Moralité quand votre calculette vous indiquera un nombre du genre 1040, pensez aux petites bêtes ou aux timbres-poste. Vous ne la regarderez plus comme avant.