samedi 11 décembre 1999

Le lapin dans la marmite


Il est une tradition purement genevoise: la marmite de l'Escalade en chocolat. Pour ceux qui l'ignorent, la nuit du 11 au 12 décembre 1602 a été chaude à Genève. En résumé, une charmante jeune fille a lancé sa marmite de soupe sur la tête de plusieurs Roméo qui escaladaient les remparts. Depuis, les commerces, grands et petits, proposent des marmites en chocolat. Le problème est qu'ils les vendent de plus en plus tôt dans l'année. Il n'est pas rare de trouver des marmites déjà vers la fin octobre. Et là, c'est le début de la spirale infernale, la précipitation du temps, le dérapage marketeux, le délire du libre commerce. Bientôt, on pourra acheter des marmites en chocolat au moi de juin (c'est très pratique dans un sac à pic-nic pour aller à la piscine!). Pourquoi pas déjà à Pâques ? En voilà une bonne idée. Oui, mais les lapins de Pâques en chocolat, alors ? Aucun problème, on les vendra déjà à Noël, ou même quelques jours avant; vers le 11 ou 12 décembre, par exemple.

Dans un élan écologique je propose donc un multipac: le lapin vendu directement dans la marmite. Et pour ne pas faire de jaloux, on y mettrait aussi un sapin de Noël. Pour contenter les petits et les grands on pourrait se procurer le tout n'importe quand et n'importe où. On pourrait aussi imaginer le super-multipac comprenant également une courge d'Halloween, un poisson d'avril, un bouquet de muguet, une grille de loto et ... un raton laveur. Pour faire dans la géographie paneuropéenne, ou même mondialiste, on pourrait même y ajouter quelques bêtises de Cambrais, deux fourchetées de Rösti, des moules et des frites, un soupçon de piñacolada et un peu de guacamole. Heureusement qu'on a prévu une grosse marmite au départ!

Entre les lapins de Noël et les courges de Pâques, comment peut-on encore inculquer la notion du temps aux enfants ?

mardi 1 juin 1999

Sens du courant électrique

Pour répondre à la question d'une charmante internautesse concernant le sens du courant nous allons clarifier certains points et surtout tordre le cou de certaines idées reçues. Le courant électrique est dû au mouvement de charges dans un conducteur. Lorsque les électrons se déplacent, ils entraînent avec eux une sorte de vague d'hystérie, appelée courant électrique.

Dans tout déplacement il y a deux sens, l'aller et le retour. On va dans un sens ou dans l'autre. Il n'y en a pas un troisième, bien que parfois on parle de sixième sens. Mais oublions ce détail de la science pour nous concentrer sur notre fil électrique. Le découvreur de l'électricité aurait dû jouer à la loterie, vu son manque de bol dans les sciences. Il avait une chance sur deux de se tromper et, bien sûr, il s'est trompé. Il a dit que le courant électrique va toujours du plus au moins. Pour éviter qu'il ne termine ses jours dans un asile psychiatrique, ses confrères scientifiques ont dit: "Non, il ne s'est pas trompé! Il parlait simplement du sens conventionnel du courant électrique, et non du sens physique du courant qui, comme chacun le sait, va du moins au plus".

Notre internautesse a parfaitement raison. Le sens du courant peut être vu sous différents angles, mais afin de dissiper ses doutes et ses interrogations, nous pouvons lui fournir l'explication ultime. En fait, et pour simplifier, on peut considérer que le courant électrique va toujours dans le sens des aiguilles d'une montre. Si, comme certains jeunes internauteurs, cette personne connaît uniquement les montres à affichage digital, elle peut simplement considérer que le courant électrique va de gauche à droite.

Cela permet d'éviter tout malentendu tendant à faire croire que ce ne sont pas les électrons qui se déplacent, mais des trous ou absences d'électrons. Cette théorie de la famille du nihilisme, permet également d'expliquer le trafic routier. En effet sur une autoroute encombrée, les voitures ne vont pas dans le sens de la circulation. Bien au contraire, c'est la résorption des bouchons qui se déplace dans le sens contraire de celui de leur création. Ceci est la cause première des bouchons autoroutiers. la moitié des automobilistes pense qu'ils sont sur le trajet "aller", alors que l'autre moitié roulant en sens conventionnel inverse pense également être sur le trajet "aller". Ce malentendu génère des doutes, et les doutes profitent à l'accusé.

Nous espérons avoir mis un peu d'ordre dans les idées de notre internautesse, mais aussi dans celles de toutes les personnes également interloquées par ce problème et n'osant pas nous contacter.